Nous sommes en Californie du Nord. Le superviseur des effets spéciaux John Gaeta prépare le tournage de Matrix et notamment de la première scène dite de "bullet-time", ce moment où le film passe au ralenti pour suivre le passage d'une balle et montrer comment un personnage parvient à l'esquiver.
Avec son équipe, et en consultation avec les Wachowski (duo de réalisatrices du film), Gaeta commence à prendre des photos de la séquence d'action afin de savoir où placer la caméra qui suivra le trajet de la balle.
Les caméras sont installées côte à côte sur un appareil spécial doté d'un laser détecteur de mouvements capable de faire lui-même la distance focale et l'angle le plus adapté.
Matrix : retour sur la naissance du "bullet time" avec son créateur Dominique VidalPour tourner la scène la plus marquante du film, au cours de laquelle Neo (Keanu Reeves) esquive des balles au ralenti sur un toit, il faut que 120 appareils photos soient installés !
Chacun ne pouvant capturer qu'une photo, ils sont déclenchés à de très petits intervalles les uns des autres. Ces images individuelles sont ensuite mises en places de façon à rendre une séquence d'action ralentie et orbitale.
Quant aux acteurs, ils sont suspendus à des câbles leur permettant d'exécuter à volonté les mouvements irréels de leurs personnages.
Evidemment, avec 122 appareils très proches les uns des autres, le tournage de cette scène a eu lieu - comme beaucoup d'autres du films - sur fond vert, afin d'effacer numériquement ensuite les caméras et appareils photos de l'image. Des décors bien réels et les fameuses "balles" du "bullet" time ont été incrustés sur le fond vert, et le tour était joué.
Le bullet time est depuis devenu une figure incontournable du cinéma d'action, parodiée/usée jusqu'à l'overdose dans les années post-Matrix premier du nom. Et pourtant très difficile à réaliser ! Mais pour quel résultat à l'écran !