Lancée jeudi dernier, la série Prométhée continue ce soir à 21h10 sur TF1 avec la diffusion de deux nouveaux épisodes durant lesquels l'héroïne incarnée par Fantine Harduin va continuer de tenter de percer le mystère qui entoure ses origines et son lien avec le meurtre d'une autre adolescente.
À cette occasion, Odile Vuillemin (Profilage), l'interprète de la mystérieuse Marie Clairmont, qui nous a parlé de l'accident qui a chamboulé le scénario quelques heures avant le début du tournage, nous en a dit un peu plus sur la manière dont elle a abordé son personnage de psychologue.
Sans oublier de nous parler du lien qui unit Marie à son fils William, que les téléspectateurs de Prométhée vont découvrir ce soir à l'écran.
AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario de Prométhée et dans le rôle de Marie Clairmont ?
Odile Vuillemin : J’ai trouvé Marie fantastique, ça me permettait d’aller explorer des choses que je n’avais pas encore jouées. C’est un personnage hyper fort. Très différent de ceux que j’avais déjà interprétés, et assez inédit à la télévision française il me semble.
Et ensuite, j’ai adoré que ce soit une vraie série de genre. Le fantastique est hyper assumé. La série se dévore vraiment. Et ça me faisait plaisir de m’essayer à ce genre-là, car le travail d’acteur est forcément différent dans une série comme Prométhée.
Même si la série est aussi un polar, le fantastique et l’étrange prennent de plus en plus de place dans l’histoire au fil des épisodes. Avez-vous le sentiment qu’il était temps que la fiction française ose aborder ce genre d’univers de manière plus frontale ?
Oui, je trouve ça chouette qu’on explore plein de genre et qu’on y aille vraiment. On a vu quelques séries de genre en France, j’ai notamment participé à La Dernière vague sur France 2. Mais c’est vrai que c’est assez rare.
Je pense que le fantastique est compliqué à développer en France, on n’a pas forcément les codes, contrairement aux États-Unis. Du coup j’imagine qu’on est un peu freiné. Il y a une histoire de moyens, une histoire de culture. Mais ce que je trouve génial c’est que là on y va vraiment, c’est affirmé. On n’est pas non plus dans de la SF totale, c’est du fantastique, mêlé à du polar. Mais le genre est assumé jusqu’au bout, jusque dans l’image. Les effets spéciaux sont là, ça fonctionne bien. C’est super bien filmé, le produit de manière générale est vraiment bien finalisé.
Etes-vous d’accord pour dire que Marie est le personnage le plus énigmatique de la série, plus peut-être encore que Prométhée ?
Oui, clairement. C’est ce qui m’a plu tout de suite. Ce personnage m’offre plein de possibilités en tant qu’actrice. On a d’ailleurs beaucoup travaillé sur ça avec le réalisateur Christophe Campos. Sur ce personnage, afin de comprendre d’où elle venait. Car pour le téléspectateur, ses intentions sont évidemment troubles. Je me suis éclatée sur cette série. Je crois que Marie est mon personnage préféré de la série, en toute objectivité (rires).
Il est dit à un moment donné que Marie était elle-même traitée de "monstre" durant l’adolescence car elle souffrait de fragilité osseuse. C’est un élément qui pousse à se poser des questions mais qui ne revient jamais ensuite dans le scénario. C’était juste pour brouiller les pistes et penser que son passé est lié à tout ce qui se passe autour de Prométhée ?
La vraie histoire est beaucoup plus perverse que ça. C’est quelque chose que j’ai rajouté dans le texte. Je trouvais ça assez génial car ça pouvait être un mensonge d’ado à ado pour faire du bien à une patiente. C’est-à-dire que l’ado qu’était Marie Clairmont parle à Prométhée en lui disant "Tu vois, moi aussi, ado, j’étais un monstre". Ça peut être une posture thérapeutique. Ça peut être tout à fait vrai. On peut imaginer plein de choses.
Et en vrai de vrai, je me suis cassé la main avant de venir sur le tournage. Trois heures avant de prendre mon train, j’ai fait une chute et je me suis cassé la main. J’étais donc obligée d’avoir cette orthèse. J’ai eu la chance, dans ce raté-là, d’avoir une orthèse sur mesure, mais je n’avais pas le droit de l’enlever durant quinze jours. J’étais obligée de faire avec.
Le producteur n’a jamais osé me dire qu’il était très content que je me sois cassé la main, mais au final il était très content de l’orthèse, il trouvait ça super. Ça apporte une dimension supplémentaire au personnage, ça rajoute du mystère. Et sur le plateau j’ai adoré travailler avec Christophe, on avait une vraie émulation créative. Je ne sais plus si on a cherché à justifier l’orthèse ou non, mais à un moment donné cette idée est venue et ça tombait bien car ça expliquait à la fois l’orthèse et ça ouvrait vers plein de pistes pour Marie. C’est vraiment comment transformer un raté en totale réussite (rires).
Dans l’épisode 3, on apprend que Marie a un fils, William (Anthony Goffi), qui souffre d’une leucémie et qui semble avoir une connexion étrange avec Prométhée. Comment décririez-vous cette relation mère-fils ?
C’est une relation très particulière. Une relation relativement fusionnelle, d’amour infini. Il y a cette espèce de distance entre eux, c’est comme si c’était deux adultes, et pas une mère et un enfant. C’est donc assez paradoxal car, en même temps, tout ça est entouré d’un amour infini de Marie pour son enfant. Et en tant que psy, elle a évidemment un élan protecteur. On a la sensation que Marie veut protéger son fils, qui a été gravement malade. Mais tout ça est assez mystérieux.
Vous avez souvent tourné avec des ados ou des jeunes comédiens, que ce soit dans Les Innocents, Il est elle, ou Prométhée. Vous aimez cet aspect de transmission avec une autre génération de comédiens ?
La question de l’âge m’importe peu. Je me comporte pareil avec des ados et des comédiens plus confirmés. Ce qui est important c’est que ce soit de bons comédiens, et dans le cas de Prométhée, Fantine Harduin et Anthony Goffi, avec qui j’ai beaucoup tourné l’étaient vraiment. Ils avaient beaucoup à donner et j’ai adoré tourner avec eux. Anthony était hyper mignon, il débarquait sur ce tournage et de me demandait beaucoup de conseils, c’était touchant.
Et sur Les Innocents, par exemple, je me souviens que Victor Meutelet était venu me voir car il avait été assez bluffé par L’Emprise, il avait envie de savoir comment j’avais fait pour construire ce personnage. Donc, bien sûr, il y a un aspect de transmission sur certains tournages que j’aime bien, mais je transmets ce que je sais. Et les jeunes comédiens avec qui j’ai pu tourner étaient souvent déjà très bons. J’avais finalement peu de choses à leur apprendre.
Depuis Profilage, vous avez tissé un lien très fort avec le public, un lien qui ne se dément pas et perdure. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Ça m’inspire beaucoup d’humilité. Je suis consciente de la chance que j’ai. Je trouve ça chouette à plusieurs titres. Déjà parce que ça veut dire que les sont venus, qu’ils ont répondu présents devant mes projets. Et quand on fait des audiences on se voit ensuite proposer plus de rôles.
Et puis les gens sont fidèles et hyper bienveillants. Même quand ils m’arrêtent dans la rue, ils sont très gênés, mais ils ont quand même envie de me dire ce qu’ils veulent me dire. Plusieurs fois ça m’est arrivé qu’on me dise des choses très touchantes et que les personnes partent immédiatement en courant pour ne pas me déranger. Du coup je n’ai même pas le temps de leur dire merci (rires). Je trouve ça assez mignon, c’est une vraie marque de respect.
Et cet amour du public a aussi pu me réconforter dans des périodes plus difficiles. Je me souviens d’une période de tournage très compliquée, et le fait d’aller dans un festival, de voir le public hyper enthousiaste, ça m’a beaucoup réconforté. Ça permet de prendre pleinement conscience de pourquoi on fait ce métier. Donc aussi bien dans les moments hyper positifs que les moments plus compliqués, c’est toujours assez chouette que le public soit là. J’ai beaucoup de chance.
Avez-vous des projets à venir dont vous pouvez parler ?
Absolument pas (rires). Il n’y a rien de confirmé pour le moment, c’est trop tôt pour en parler. Peut-être une saison 2 de Prométhée, on croise vraiment les doigts. J’adorerais retrouver ce personnage de Marie Clairmont.
Vous avez enchaîné les rôles dramatiques ces dernières années. Avez-vous envie d'aller davantage vers la comédie ?
Oui, bien sûr, on y travaille, ne vous inquiétez pas (rires). Ça a déjà été initié un peu avec L’homme de nos vies, qui était plus feel good que sociétale malgré son sujet. Et en ce moment on est en train de travailler à mettre en place une vraie comédie. J’adore la diversité qu’offre ce métier, et je pense que le public a besoin de comédie en ce moment. Mais pour l’instant rien n’est fait, donc je ne peux pas en parler concrètement.