TF1 diffuse ce soir les deux premiers épisodes de Prométhée, sa nouvelle fiction événement avec Camille Lou, Odile Vuillemin et Thomas Jouannet. Mais la véritable star de ce thriller policier qui s'aventure de manière réussie dans le fantastique est sans conteste Fantine Harduin, l'interprète de l'énigmatique adolescente amnésique et dotée de pouvoirs surhumains qui donne son nom à la série.
Vue à la télévision dans Engrenages, Ennemi public et L'Absente, Fantine Harduin s'est également faite remarquer au cinéma en tenant des rôles de premier plan dans Le Voyage de Fanny, Adoration de Fabrice Du Welz, et Happy End de Michael Haneke, dans lequel elle a donné la réplique à Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant et Mathieu Kassovitz. Rien que ça.
Du haut de ses 18 ans, cette jeune comédienne belge crève l'écran dans Prométhée qui, mêle habilement polar, fantastique, drame et histoires adolescentes. Rencontrée en septembre dernier à l'occasion du Festival de La Rochelle, où était présentée la série en avant-première, elle nous raconte ce pari audacieux, à part dans l'offre de la fiction française télé, son personnage très spécial, et son amour pour le cinéma de genre, de Dario Argento à Pascal Laugier.
AlloCiné : Les séries fantastiques restent très rares en France. C'est ce qui vous a tout de suite intrigué lorsqu'on vous a proposé le scénario de Prométhée ?
Fantine Harduin : Ce que je regarde en premier dans un scénario c’est avant tout l’histoire : est-ce qu’elle est intéressante ? Est-ce qu’elle se démarque ? Est-ce que c’est challengeant pour moi ? Est-ce que je peux faire quelque chose avec le personnage qui ne soit pas dans la facilité ? Et je pense que, pour le coup, on n’est pas du tout dans la facilité avec Prométhée (rires). C’est une série vraiment différente, et ça m’a évidemment tout de suite plu.
Je suis un grande fan de cinéma de genre. Et de cinéma de genre français aussi. Donc quand j’ai appris qu’une série de genre était en préparation pour TF1, chaîne avec un public assez large, pas spécialement habitué à ce genre de proposition, je me suis dit que c’était un super challenge d’initier ce public au fantastique.
Et puis, au-delà de l’envie d’aller vers le genre, j’ai tout de suite vu que je pouvais faire plein de choses avec ce personnage de Prométhée. Elle a énormément de facettes, je sentais que j’allais pouvoir m’amuser. C’est très rare qu’on nous propose ce genre de rôle en France. Je ne pouvais vraiment pas dire non.
Plus la saison progresse, plus Prométhée tend vers le fantastique, qui n'est donc pas juste présent par petites touches dans l'histoire. Appréhendez-vous l'accueil du public ?
La série est très audacieuse, c'est certain. Ce n’est pas la première série de genre française, on a pu en voir quelques unes ces dernières années. Je pense notamment à Para//èles sur Disney+. Mais c’est assez rare qu’on laisse autant de place au fantastique et à l’étrange dans une série sur une chaîne comme TF1, c'est vrai.
Je dirais que ça passe ou ça casse. Soit le public va totalement adhérer et va adorer Prométhée. Et ça va pouvoir ouvrir la porte à d’autres séries de ce genre, ce qui serait super. Soit il y aura un rejet complet des téléspectateurs, vu que c’est différent de ce qu’on voit en général. Ce qu’on ne souhaite évidemment pas (rires).
Heureusement, il y a quand même un aspect polar, surtout au début, qui peut donner envie au public de se laisser emporter dans cette histoire…
C’est vrai. Il fallait savoir trouver l’équilibre entre ce que le public connaît et apprécie, et ce qui est plus étonnant et surprenant. Et je crois qu'on y est plutôt bien arrivé.
Vous évoquiez le genre. Quelles sont vos séries et vos films de genre préférés ?
J’aime beaucoup Stranger Things et Dark. Et on est un peu là-dedans avec Prométhée. Les scénaristes avaient envie d'une sorte de Stranger Things à la française, qui mêle histoires d'ados, intrigues sur les parents, et fantastique. Il y a Misfits aussi que j'aime beaucoup.
Mais je suis plutôt cinéma de genre. Je suis hyper fan de Dario Argento. J’adore le giallo, c’est hyper intéressant, juste que dans l’image et la cinématographie qui est magnifique. Je peux citer aussi, côté cinéma français, Pascal Laugier, dont j'ai adoré Martyrs. Alexandre Aja, qui est parti aux États-Unis où c’est plus facile de faire du genre. Et Julia Ducournau, plus récemment, dont j’aime beaucoup le travail. Même si j’ai préféré Grave à Titane.
Vous aimeriez aller davantage vers l’horreur avec vos prochains projets ?
Bien sûr, les films d’horreur c’est vraiment ce que j’ai envie de faire. Quand j’étais petite je disais que je voulais jouer un monstre dans un film d’horreur. Pas un monstre avec plein de maquillage ou d’effets spéciaux, mais un monstre dans sa personnalité, un meurtrier ou un psychopathe. Ou comme la fille dans The Ring par exemple, un personnage énigmatique qui fait peur. Je pense qu’on s’amuse énormément à jouer cela.
Est-ce que Prométhée n’est pas, en quelque sorte, un premier pas vers cela ? Après tout, c’est un personnage très étrange, très énigmatique, qui suscite l'inquiétude et au sujet duquel on ne sait rien, à part qu’elle a des pouvoirs étranges…
C'est vrai, mais c'est compliqué d'aborder l'étrangeté et le côté "monstre" de Prométhée sans spoiler la série. Je ne veux vraiment pas trop en dire. Mais c’est un personnage qui, au fil de la série, tend de plus en plus vers le fantastique en tout cas. On va découvrir plein de choses sur elle, et elle aussi, sur elle-même, car elle ne sait pas qui elle est. Elle a des pouvoirs, mais il y a tout un univers et une narration autour qui réservent beaucoup de surprises aux téléspectateurs.
Prométhée est entourée de plusieurs personnages féminins très forts, incarnés par Camille Lou, Odile Vuillemin et Marie-Josée Croze, qui sont tous très importants dans cette histoire. Ces femmes sont-elles vraiment là pour l’aider, ou Prométhée doit-elle se méfier des gens qui l’entourent ?
Toutes ces femmes ont une vraie envie d’aider Prométhée, il y a quelque chose d’assez maternel là-dedans. Un besoin de la protéger coûte que coûte. Elles se retrouvent face à une fille totalement perdue, qui ne sait plus qui elle est, et ça réveille chez elles une sorte d’empathie. Et puis, Caroline, le personnage joué par Marie-Josée Croze, a perdu sa fille, donc Prométhée vient forcément combler, d’une certaine manière, un manque chez elle. Cet aspect maternel est très important dans la série.
Les pouvoirs de Prométhée donnent lieu à des effets spéciaux réussis et à quelques scènes de cascades. Comment avez-vous vécu ces séquences d’action ?
C’était incroyable à tourner. C’est un vrai challenge, car on sort de notre zone de confort, mais c’est très marrant à faire. Après, ce n’est pas toujours évident. J’ai eu un petit problème au début du tournage de la série. Je me suis fait très mal au bras, j’ai été immobilisée pendant deux semaines, et ça s’est passé sur le tout premier plan de la série. En gros, dès le premier jour, je tombe et je me casse le bras (rires).
Ça a fait peur à beaucoup de monde. On a dû mettre en pause le tournage et revoir le plan de travail. Mais je suis revenue et j’ai continué à tourner en ayant mal au bras. C’était une vraie thématique sur ce tournage d'ailleurs car Odile s’est également cassée le bras juste avant de débuter le tournage.
La série met en scène une très belle bande d’adolescents, dont Prométhée va petit à petit faire partie. Un lien s’est-il tout de suite créé sur le tournage entre vos partenaires de jeu et vous ?
Oui, tout de suite. J'ai l'impression que des liens assez forts se créent de toute façon généralement sur les tournages. Mais là, sur Prométhée, je ne sais pas ce qui s’est passé, on est devenus très très amis avec Margot Heckmann, Aymeric Fougeron et Anthony Goffi, qui jouent Vanessa, Hugo et William.
On se voit quasiment toutes les semaines, on est parti en vacances ensemble, une vraie amitié s’est créée et a perduré après le tournage, ce qui est assez rare. Prométhée a vraiment été une aventure humaine assez dingue, dès le début. Ça a matché avec tout le monde, des comédiens aux techniciens, en passant par Christophe Campos, notre réalisateur. C’était vraiment super.
On imagine que vous êtes donc tous partants pour rempiler pour une saison 2 ?
Complètement. J’adorerais, et on laisse la possibilité pour une saison 2 à la fin. Il y a un cliffhanger, tout est fait pour ouvrir vers une suite. On verra bien si cela se concrétise, mais on l'espère tous en tout cas.
À tout juste 18 ans, vous avez déjà une belle filmographie puisque vous avez tourné avec Isabelle Huppert, Mathieu Kassovitz, Romain Duris ou encore Clotilde Courau. Le désir de devenir comédienne était présent chez vous depuis le plus jeune âge ?
En fait, j’ai commencé toute petite, à l’âge de sept ans, donc je ne savais pas trop ce qu’était le métier de comédien, je ne savais même pas que ça existait. Je suis arrivée dans cet univers un peu par hasard, et c’est après avoir goûté au cinéma que j’ai su que c’était vraiment ce que je voulais faire.
Évidemment, je sais que c’est un métier très incertain, surtout en tant qu’actrice. On peut être dans une super situation, avec dix tournages par an, et après d’un coup tout se finit et on n’a plus aucun appel. Je sais que ça peut s’arrêter un jour, donc pour l’instant je profite de ce qui m’arrive à fond.
Mais, même si ma carrière d’actrice devait s’arrêter, je sais que je veux rester dans le monde du cinéma, que ce soit en tant que réalisatrice, scénariste ou même régisseuse. Je veux être dans cet univers-là, je sens que c’est ce que je dois faire. C’est une vraie vocation.
Avez-vous d'autres projets à venir dont vous pouvez parler ?
J’ai tourné un film belge, C’est de famille, avec Olivier Gourmet et Hélène Vincent, qui devrait sortir prochainement. Et je vais tourner aussi très bientôt un court métrage, qui a des airs de giallo, un peu horrifique, j’ai vraiment hâte.