De quoi ça parle ? En 2010, les femmes d’une communauté religieuse isolée se débattent pour réconcilier leur foi et la réalité de leur existence.
D'après une histoire vraie
Women Talking est tiré du roman du même nom (traduit en français en 2019 sous le titre Ce Qu’elles disent) de Miriam Toews, publié en 2018. Celle-ci s'est inspiré d’un fait avéré de viol collectif de femmes de tous âges par des hommes au sein d'une communauté mennonite isolée de Bolivie, de 2005 à 2009.
Les femmes étaient droguées avec un anesthésiant vétérinaire et se réveillaient le corps meurtri, couvert de bleus et en sang. Les hommes les convainquaient que c'était le fruit de leur imagination ou l'œuvre de démons. Huit hommes de la colonie ont été déclarés coupables d'agressions sexuelles en 2011 par un tribunal bolivien. Ce qui n'a malheureusement pas empêché de nouvelles agressions sexuelles en 2013, alors que les condamnés étaient emprisonnés. Miriam Toews est elle-même issue d'une communauté mennonite du Canada et s'est emparée de ce fait divers comme base pour son roman.
Une adaptation initiée par Frances McDormand
L'actrice Frances McDormand a acquis les droits d’adaptation du roman de Miriam Toews et a proposé à Dede Gardner, de la société Plan B, de produire le film avec elle. "J’ai trouvé qu’il invitait à réfléchir de façon surprenante et nuancée, et qu’il alimentait la conversation que j’entretenais au sein de ma communauté. C’était un débat teinté d’humour, d’espoir et d’une possibilité d’avenir, et ça m’intéressait."
La comédienne précise : "Je n’ai pas acquis les droits d’adaptation du livre en pensant jouer dans le film, mais parce que je souhaitais le produire, avec Dede et Sarah [Polley]. Mais j’adore Janz, d’un point de vue dramaturgique. Elle est là pour rappeler aux spectateurs qu’il y a d’autres femmes, à l’extérieur du grenier à foin, qui ne souhaitent pas ou ont peur de partir."
Sarah Polley
Les productrices voulaient que la réalisatrice de Women Talking en soit aussi la scénariste. Lorsqu'elles ont dressé la liste des potentielles candidates, le nom de Sarah Polley s'est imposé de lui-même. "Son travail en dit long. Elle avait lu le livre de son côté et avait déjà envisagé comment il serait possible d’en faire un film", raconte McDormand.
L’autrice du roman d'origine, Miriam Toews, était ravie du choix de la réalisatrice. Les deux femmes sont d'ailleurs originaires de Toronto. "Je l’admire en tous points : son travail, son vécu, ses écrits, ses réalisations, son féminisme et son activisme. Tout entre ici en jeu", souligne Toews.
Note d'intention
Si l’histoire en arrière-plan de Women Talking est violente, le film ne l’est pas. Sarah Polley a veillé à ne pas montrer les agressions subies et a privilégié l'observation d'une communauté de femmes qui se réunissent pour décider comment elles vont répondre collectivement à ces violences.
"Quand j’ai lu le livre de Miriam Toews, il a puissamment résonné en moi, soulevant des interrogations et des réflexions sur le monde dans lequel je vivais, que je n’avais jamais verbalisées ; des interrogations ayant trait au pardon, à la foi, aux systèmes de domination, aux traumatismes, à leur apaisement, à la culpabilité, à la communauté, à son autodétermination et à l’importance de disposer de soi-même. Il m’a aussi remplie d’un espoir surprenant", confie la réalisatrice et scénariste.
Un film sur des femmes fait par des femmes
Claire Foy souligne l'importance d'une œuvre comme Women Talking, réalisée par une femme et mettant en scène des personnages féminins. Cette caractéristique n'est pas restrictive ni réductrice : "Les films nous ont dicté ce qui était important et ce qui ne l’était pas, d’un point de vue presque unilatéralement masculin. On a vu Armageddon et d’autres films du genre, où des hommes importants font des choses importantes dans de grandes pièces, et partent faire la guerre dans des travellings monumentaux. Ce film est extrêmement féminin, mais pourquoi ne pourrait-il pas l’être à travers un langage filmique tout aussi monumental ? Le sujet qu’il aborde est monumental."
Toutes les participantes évoquent la singularité d’être sur un plateau essentiellement féminin. "Je n’ai jamais participé à un tournage avec une imposante majorité de personnages féminins qui parlent de la condition féminine", déclare Jessie Buckley.