De quoi ça parle ? Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe...
Sur mesure
Sam Mendes a écrit le rôle d’Hilary spécialement pour Olivia Colman. Quand il a commencé à rédiger son scénario, il regardait la série The Crown : "Olivia y était brillante. Je me suis dit qu’elle devrait jouer Hilary. Je ne la connaissais pas particulièrement, mais j'ai commencé à écrire le personnage en pensant à elle."
L’actrice a trouvé "assez surréaliste" que le cinéaste oscarisé écrive pour elle. "J'ai été étudiante en art dramatique au Donmar, où j’ai tout appris sur Sam et sur American Beauty. Mais je ne connaissais pas du tout Sam quand mon agent a appelé pour me dire qu’il voulait organiser une réunion Zoom avec moi. Ohhhhhhhhhkay."
Un film éminemment personnel
Empire Of Light est le premier scénario que Sam Mendes a entièrement écrit ex nihilo, sans la contribution d'aucun autre auteur. "Pour beaucoup de gens, la période d’apprentissage correspond à l‘adolescence, qui dans mon cas se situe à la fin des années 70 début des années 80 : la musique, les films et la pop culture de cette époque ont forgé qui j’étais. Cela a été un moment de grands bouleversements politiques au Royaume-Uni, dans un contexte inflammable de racisme et en même temps, une période incroyable pour la musique et la culture en général très créative, très politisée, très galvanisante."
Le réalisateur s'est inspiré de ses souvenirs et de ceux de ses amis d'enfance, la productrice Pippa Harris et le comédien Toby Jones, qui joue le rôle de Norman, le projectionniste. Qui plus est, le personnage d’Hilary est inspiré de membres de sa famille qui ont été confrontés à une maladie mentale.
Margate
Le film a été tourné à Margate, une ville située sur la rive nord du Kent. "J'ai été attiré par cet endroit particulier parce qu'il offrait de nombreuses possibilités par l’ampleur visuelle des paysages. C'est là que J.M.W. Turner a peint ses toiles les plus célèbres, parce que, disait-il, le ciel y était le plus beau d'Europe. C'est là que T. S. Elliot a écrit La Terre vaine, assis sous un abribus juste à l'extérieur du cinéma, donnant sur la plage et la mer grise. Son envergure confère à ce lieu une poésie et une dimension toute cinématographique", explique Sam Mendes.
Mais il a surtout choisi Margate parce que le chef décorateur Mark Tildesley y a déniché un parc d’attractions, Dreamland, avec un ancien cinéma et une salle de bal avec une façade impressionnante en art déco, qui ont servi pour les extérieurs du cinéma fictif Empire.
La représentation des noirs à l'écran
Lorsqu'il a lu le scénario pour la première fois, Micheal Ward s'est concentré sur l'impact que le personnage aurait non seulement sur l’histoire, mais sur beaucoup de jeunes noirs. "C'est important pour eux de se voir représentés dans un film comme celui-ci, car ils réalisent alors que l’histoire de chacun est intéressante et vaut la peine d'être racontée."
Avant même d'être choisi pour le rôle, Sam Mendes lui a demandé son avis sur le personnage : "Sam n’en avait pas besoin : je suis nouveau dans le métier, ça ne fait pas très longtemps que je suis acteur. Mais il a pris en considération mon opinion - c'était excitant de savoir qu'il était prêt à collaborer avec moi. Sam a vécu cette période, même s'il a senti la tension qui régnait autour de lui, il ne pouvait pas se mettre dans la peau d’un homme de couleur".
De l'importance de la pellicule
Le rôle de Norman, joué par Toby Jones, est projectionniste. Le comédien a appris les rudiments du métier pour donner l'impression d'être un professionnel aguerri. Il note : "Il faut être synchrone pour passer d'un projecteur à l'autre, et accrocher le celluloïd lorsqu'il passe dans le projecteur est une opération minutieuse. Impossible d’acquérir 20 ans de savoir-faire, mais j'en ai appris suffisamment pour avoir l’air meilleur que je ne le suis !"
À une époque où les films sont désormais projetés en numérique, Sam Mendes regrette le lien qui s'établissait entre le projectionniste et le public : "Le projectionniste donnait le film au public, dans ce sens où même s'il n'y avait qu'une seule personne dans le noir, elle savait que quelqu'un là-haut lui montrait le film, le lui donnait. Quand vous discutez avec les projectionnistes, ils avaient le sentiment de faire partie de l'univers du cinéaste. Ils se voyaient comme le dernier maillon de la chaîne. S'ils projetaient Lawrence d'Arabie, ils avaient le sentiment de représenter David Lean."