ATTENTION - L'article ci-dessous contient un paquet de spoilers car il revient sur l'identité des tueurs, non pas du dernier "Scream" en date, mais de tous les précédents épisodes de la saga. Veuillez donc passer votre chemin si vous n'avez vu aucun des films... ou si vous souhaitez les revoir pour vous rafraîchir la mémoire et que vous avez oublié leurs dénouements respectifs.
Et de six pour la saga Scream ! Comme le tueur au masque blanc, la franchise initiée par Wes Craven et Kevin Williamson n'en finit plus de revenir massacrer des ados à coups de couteau. Et ce malgré le décès du réalisateur survenu le 30 août 2015, qui semblait mettre un point final aux mésaventures de Sidney Prescott.
Révélés grâce à leur amusant (et sanglant) Wedding Nightmare, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett ont repris le flambeau avec un opus sorti début 2022. Et on très vite remis le couvert, comme Wes Craven entre le 1 et le 2. Alors que Scream VI n'a jamais été aussi proche de nos écrans, et qu'il semble être profondément lié aux films précédents, l'heure est venue de se remémorer leurs tueurs respectifs. Ça peut toujours servir.
SCREAM
Le film qui définit les règles de la saga. Et notamment : n'importe qui peut mourir, y compris l'actrice la plus connue du casting (Drew Barrymore, victime d'une scène d'ouverture mémorable qui fait la fait rejoindre la Janet Leigh de Psychose au rayon des grandes surprises de l'horreur). Ou encore : comme les Seigneurs Sith, toujours par deux les tueurs vont.
Cela permet d'innocenter (provisoirement) Billy Loomis (Skeet Ulrich) qui a pourtant tout du suspect idéal. A juste titre. Puisque la complicité du rigolo Stu Macher (Matthew Lillard) lui permet de sortir de prison lorsqu'il est arrêté, et même de se faire passer pour mort, grâce à du sang de cochon utilisé en hommage à Carrie.
Des fans de cinéma qui décident de passer à la réalisation donc. Et ce bien avant le début du film de Wes Craven, car il est révélé que ce sont eux aussi les tueurs de Maureen Prescott. La raison ? La liaison entre la mère de Sidney et le père de Billy, qui a causé l'éclatement de sa famille. Et donné envie au jeune homme de le faire payer à sa petite amie (Neve Campbell). Quitte à assassiner un paquet de son entourage au passage, avec un complice qui plaide la pression sociale pour justifier son implication.
Poignardé à plusieurs reprises par son complice (pour faire porter le chapeau du massacre au père de Sidney et se faire passer pour des survivants), Billy est embroché par un parapluie tenu par l'héroïne du film, qui lui colle ensuite une balle dans la tête alors que Gale (Courteney Cox) lui avait déjà tiré dessus. Après s'être également vidé de la moitié de son sang, Stu meurt quant à lui électrocuté lorsqu'il lui est jeté au visage la télé sur laquelle il a sans doute regardé les films d'horreur qui ont inspiré les crimes du duo. Comme quoi le karma peut être mortellement ironique.
SCREAM 2
La tête de l'emploi ? Avec ses airs de dingue de cinéma gentiment allumé, Mickey Altieri (Timothy Olyphant) faisait vite un coupable idéal, on ne va pas se mentir. Encore plus lorsque le tueur projette à Gale et Dewey (David Arquette) des images d’eux filmées un peu plus tôt, dans une scène où l’on pouvait voir le camarade de classe de Sidney se balader avec une caméra. On aurait pu penser à une fausse piste avec ce personnage ressemblant aux tueurs du premier opus, mais non. Ou alors la feinte était de nous faire croire que l’on ne nous ferait pas deux fois le coup.
Car même si on le voit finalement assez peu dans le récit, ce qui rend la révélation moins efficace, c’est bien Mickey qui se cache sous le masque, avec l’envie de faire mieux que ses prédécesseurs, lui qui affirme, au début du film, que beaucoup de suites ont surpassé les originaux au cinéma. Indice joliment posé à la vue de tous sur la culpabilité de celui dont on peut reconnaître la voix dans la scène d’ouverture, en montant le son et tendant l'oreille, avant qu’il n’assassine Phil Stevens (Omar Epps) dans les toilettes. Mais il ne s’agit pas du Billy Loomis de Scream 2, dont il est en réalité le Stu Macher. Le suiveur.
Le vrai instigateur n’est autre que la journaliste Debbie Salt (Laurie Metcalf), que l’on aperçoit régulièrement sur le campus où se déroule l’action, et qui est en réalité Nancy Loomis, la mère de Billy, bien décidée à venger la mort de son fils. Quitte à fermer les yeux sur les nombreux meurtres commis par ce dernier, comme Sidney le lui rappelle. Désireux de se faire attraper pour accéder à la célébrité, tout en rejetant la faute sur les films, Mickey reçoit une poignée de balles lorsque sa complice lui tire dessus, avant que Sidney et Gale (qu’il avait réussi à blesser) ne l’achèvent en tirant à plusieurs reprises dans son torse lorsqu’il se relève.
Abattue par Cotton Weary (Liev Schreiber), jadis accuse du meurtre de Maureen Prescott, Nancy Loomis n’a pas le temps de se relever car Sidney lui colle une balle dans la tête, pour être certaine que son cauchemar soit terminé jusqu’au prochain. Notons que, dans une tentative de contrer une fuite du scénario en ligne, plusieurs fausses fins avaient circulé pour brouiller les pistes. Parmi les tueurs, on pouvait notamment y trouver Dewey ainsi qu’une alliance d’une bonne partie des personnages secondaires, dont Derek (Jerry O'Connell), nouveau petit ami de l’héroïne. Vous avez dit "déjà vu" ?
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Autre règle de la saga : toute mort qui n’est pas montrée à l’écran est suspecte. Comme celle de Roman Bridger (Scott Foley), réalisateur du troisième épisode de Stab, saga inspirée des mésaventures de Sidney Prescott, dont l’équipe est décimée membre après membre. Après une séquence d’ouverture qui annonce la couleur en faisant mourir un personnage déjà connu : Cotton Weary, qui devait faire un caméo dans le long métrage et dont la mort attire l’attention des héros.
Dans la villa qui sert de théâtre au grand final, Roman s’aventure seul à la cave, où nous le retrouvons, mort, dans un cercueil au milieu d’une pièce pleine d’accessoires tous aussi faux que son décès. Car c’est bien lui, et lui seul, qui se cache sous le masque blanc de Ghostface, faisant de lui l'unique tueur solo de la saga (en attendant de voir ce que Scream VI nous réserve). Ou alors le membre d’un trio. Car Roman révèle être le fils caché de Maureen Prescott, né du viol que cette dernière avait subi pendant sa courte carrière d’actrice, entre 1969 et 1971, sous le nom de Rina Reynolds.
Étant parvenu à la retrouver au cœur des années 90, Roman découvre que sa mère a refait sa vie avec Neil Prescott, qu’elle a une fille et ne veut pas entendre parler de lui car il s’agit pour elle du fils de Rina, qu’elle considère comme morte. Est-ce cette phrase qui a fait naître en lui ce plan diabolique ? Car, comme dans tout troisième épisode de trilogie où le passé refait surface pour rebattre les cartes, il avoue être à l’origine des malheurs de l’héroïne, et d’avoir engagé Billy et Stu pour qu’ils tuent sa mère. Malgré le nombre de meurtres qu’ils ont commis, ces derniers n’étaient donc pas totalement les instigateurs du massacre du premier Scream, ce qui rend d’autant plus étonnante l’implication de Stu, plus que jamais un suiveur.
Les choses auraient pourtant pu être différentes : jamais mentionné dans Scream 2, contrairement à Billy, Stu devait initialement être le tueur du 3. Ou plutôt le cerveau de l’affaire, depuis la cellule où il croupissait après une convalescence que l’on imagine longue (et un visage marqué par les séquelles de son électrocution ?), et un procès où il aurait réussi à échapper à la peine de mort, sans doute en jouant la carte de la pression sociale. Le personnage aurait ainsi orchestré des crimes commis par des adeptes, mais le tuerie du lycée de Columbine, survenue le 20 avril 1999 alors que le scénario était en cours d’écriture, a poussé l’équipe à revoir ses plans. Mais ce pitch est ensuite devenu le point de départ de la série Following, crée par Kevin Williamson, scénariste des deux premiers films.
Nous sommes en droit de préférer cette première version de l’histoire, surtout que celle-ci laisse entendre que Stu a survécu au premier film, dans l’univers de la saga. Contrairement à Roman, que Sidney poignarde trois fois avec un pic à glace, avec un jeu de mots autour de Stab 3 ("to stab" voulant dire "poignarder" en français), avant que Dewey ne lui tire plusieurs fois dans la poitrine et ne l’achève d’une balle dans la tête, mettant ainsi fin à cette longue histoire de vengeance familiale dont l’héroïne a été la victime malgré tout, même en restant en vie.
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Les cinéphiles sont-ils toujours condamnés à commettre des meurtres dans la saga Scream ? Techniquement oui, car le concept de la franchise de Wes Craven et Kevin Williamson repose sur cette idée. Et quand ce n’est pas un réalisateur comme dans le 3, c’est un passionné de cinéma qui se cache sous le masque de Ghostface. Sorti en 2011, le quatrième opus ne fait pas exception et le suspense repose sur le fait de savoir qui de Robbie Mercer (Erik Knudsen) ou Charlie Walker (Rory Culkin) est le coupable, même si le scénario tente, en vain, de les faire passer pour les nouveaux Randy Meeks, joué par Jamie Kennedy dans les trois volets précédents.
Si Robbie a des airs de suspect idéal en filmant tout son quotidien de la même manière que le tueur diffuse ses meurtres en direct, le coupable est bien Charlie, qui se révèle en poignardant Kirby (Hayden Panettiere, qui sera de retour dans Scream VI) après avoir fait croire qu’il allait être l’une des victimes de Ghostface, dans un remake de la scène d’ouverture du premier film. La notion de relecture qui est justement l’une des clés du quatrième et dernier film signé Wes Craven, qui réussit à nous surprendre avec l’identité du second tueur.
Certes, il s’agit encore d’un membre de la famille de Sidney, puisque c’est sa cousine Jill (Emma Roberts). Mais cette dernière nous était présentée comme la possible nouvelle héroïne de la franchise, ce qui semblait tout autant l’innocenter que cette scène au cours de laquelle elle se fait attaquer et blesser. Mais non. Voulant, comme Mickey Alitieri, devenir célèbre, elle échafaude ce plan macabre visant à faire d’elle la survivante d’un nouveau massacre et lui permettre de supplanter Sidney sur la scène médiatique, avec l’aide d’un connaisseur du cinéma d’horreur et de ses codes.
De tous les tueurs de la saga, Jill est celle qui s’approche le plus du succès, et on pense même qu’elle va s’en tirer, alors qu’elle tue Charlie et cherche à le faire passer pour le complice de Trevor (Nico Tortorella), qu’elle désigne comme le responsable de la boucherie dans une mise en scène qui consiste, pour elle, à se mutiler en se jetant contre les murs ou une table basse en verre. Mais elle apprend, une fois à l’hopital, que Sidney a survécu malgré les coups de couteau qu’elle lui a assénés.
Elle décide de finir le boulot, non sans s’être trahie auprès de Gale et Dewey en évoquant une information qu’elle n’était pas censée savoir. Et c’est au terme d’une lutte impliquant également Judy Hicks (Marley Shelton) que Sidney lui remet les idées en place d’un coup de défibrillateur sur les tempes avant de conclure par une punchline bien sentie : "Tu as oublié la première règle d’un remake : ne pas emmerder l’original !"
Si la surprise de la révélation de l’identité des tueurs est très efficace, on notera néanmoins que Ghostface paraît très grand et fort dans les premières scènes, capable de traîner une future victime en la tirant d’une seule main. Mais que Rory Culkin et Emma Roberts mesurent respectivement 1m68 et 1m57.
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Du changement à Woodsboro ! Pour une fois, le tueur n’est pas un membre de la famille de Sidney, ni même de son entourage. Et pour cause : elle est plus secondaire dans ce récit qui orchestre le passage de témoin entre deux générations, suivant la mode des "legacyquels" (ces suites qui relancent des franchises en jouant sur la notion d’héritage), dans ce premier film sans Wes Craven, décédé le 30 août 2015. Le réalisateur est remplacé par la duo Matt Bettinelli-Olpin – Tyler Gillett, qui tente de prendre les choses en main et apporter du sang neuf. Comme ses coupables, à nouveau au nombre de deux.
Et c’est dans l’ancienne maison de Stu Macher, où une fête a lieu, qu’Amber Freeman (Mikey Madison) lance les hostilités et le troisième acte du récit, qu’elle annonce ouvertement en tirant une balle dans la tête de Liv McKenzie (Sonia Ammar), révélant qu’elle est l’une des tueuses. Notamment celle à qui l’on doit le meurtre de Dewey avec une force qu’on ne lui soupçonnait pas. Mais qui est son ou sa complice ? Tara (Jenna Ortega), qui a réchappé de la mort qui lui semblait promise dans la scène d’ouverture ? Mindy Meeks-Martin (Jasmin Savoy Brown), cousine de Randy qui exposait les règles des legacyquels peu de temps auparavant ?
Ni l’une ni l’autre, car la saga nous refait le coup du petit ami meurtrier : celui de Sam (Melissa Barrera). Richie Kirsch (Jack Quaid) a d’ailleurs été particulièrement pernicieux, car pour les besoins de son plan qu’il est allé jusqu’à séduire celle qui se révèlera être la fille illégitime de Billy Loomis, afin de la ramener à Woodsboro et se servir de son passé familial pour être tenue pour responsable du bain de sang. Mais pourquoi sont-ils aussi méchants et fourbes ? Parce qu’ils sont fans de la saga Stab. Mais pas du dernier épisode en date, qui prenait trop de libertés à leur goût et ruinait par conséquence leur enfance.
Oui, les tueurs du cinquième Scream sont, pour la faire simple, des haters de Star Wars – Episode VIII. Qui décident de commettre une nouvelle série de meurtres pour que les Stab aient de nouvelles histoires vraies à raconter, au lieu d’inventer des choses qui ne leur plairaient pas. Mais ils n’avaient pas prévu qu’ils ne seraient pas là pour voir le film. Frappée à coups de béquille par Tara, Amber prétend avoir été "radicalisée" lorsque Sidney et Gale prennent le relais.
Mais ça ne prend pas et elle s’enflamme, littéralement, quand la journaliste lui tire dessus et la fait tomber sur la gazinière malencontreusement allumée pendant leur lutte quelques instants plus tôt. Ce qui ne l’empêche pas de se relever un peu plus tard, et d’être achevée au pistolet par Tara.
Quant à Richie, il découvre à ses dépens une autre règle de la saga : "N’emmerde pas la fille d’un tueur en série !" Et c’est ainsi que Sam lui transperce les joues grâce au couteau avec lequel elle lui donne de nombreux coups dans la poitrine avant de lui trancher la gorge et finir le travail avec plusieurs balles de pistolet.
La noirceur que la jeune femme a fini par assumer aura-t-elle des conséquences sur Scream VI ? Le nouveau tueur sera-t-il un survivant de l’épisode précédent ? Et comment le long métrage va-t-il renouveler la franchise, alors qu’il s’annonce différent ? Réponses dans les salles, avec des morts et des twists à la clé.