TF1 poursuit ce jeudi 16 février la diffusion de la cinquième et ultime saison de Balthazar, sa série policière à succès emmenée par Tomer Sisley et Constance Labbé, avec une nouvelle enquête intitulée "Famille parfaite", dans laquelle Balthazar et Camille sont appelés sur une impressionnante scène de crime : une famille - le père, la mère et le fils - a été exécutée sur une aire d'autoroute.
Mais, rapidement, Balthazar comprend que cette famille a été créée de toutes pièces : aucun d'entre eux ne se connaissait quelques jours avant de monter dans cette voiture. Chacune des victimes a accepté cette mascarade pour transporter de la drogue... qui a disparu. Qui les a tués et a volé la drogue ? Telle est la question.
Après cela, Balthazar s'achèvera jeudi prochain au terme d'un ultime épisode qui promet de marquer les esprits des fans et de faire beaucoup parler.
À quelques jours de la fin de l'aventure, Clothilde Jamin, la créatrice, productrice et directrice de collection de Balthazar, revient pour nous sur la genèse et la construction de cette dernière salve d'épisodes. Et dresse le bilan de ces cinq saisons un peu folles. Sans oublier de nous donner un aperçu du final.
AlloCiné : Avant même que Tomer Sisley ne décide d’arrêter Balthazar, est-ce que vous vous étiez également posé la question avec les auteurs de terminer la série avec la saison 5 ? Ou est-ce que c’est vraiment la décision de Tomer qui a tout déclenché ?
Clothilde Jamin : En fait on se l’est un peu dit à chaque saison, car en fiction française on ne sait jamais vraiment combien de saisons on va avoir. Donc à chaque fois qu’on commençait une nouvelle saison on se disait que ça pouvait potentiellement être la dernière.
On se l’est dit par exemple au début de l’écriture de la saison 3, mais on ne se l’est pas dit en saison 4 car on savait qu’on avait quelque part un renouveau avec l’arrivée de Camille Costes, et on savait qu’on repartait pour au moins deux saisons. Mais c’est une question qu’on s’est souvent posée.
Comment avez-vous appréhendé cette dernière saison ? Quelles étaient, selon vous, les choses qu’il fallait à tout prix inclure dans ces derniers épisodes ?
En termes d’intrigues polars, il y avait des choses qu’on avait envie de faire depuis le début de la série et qui ne s’étaient encore jamais matérialisées pour tout un tas de raisons. Par exemple, les extraterrestes, dans l’épisode 4, ou la bombe dans le corps, dans l’épisode 3. On en rêvait depuis longtemps et on s’est dit que c’était un peu la dernière occasion de donner vie à ces épisodes qui traînaient dans nos têtes.
Et ensuite, la question qu’on s’est posée tout de suite c’est "Quelle fin donner à cette série ?". On a eu beaucoup de chance de savoir que c’était la dernière saison, même si c’était un deuil à faire, car c’était émouvant et triste de dire adieu à nos personnages. Mais on savait que c’était une vraie chance de pouvoir imaginer une fin pour la série et les personnages. Car peu de séries ont droit à une vraie belle conclusion finalement.
Et, au contraire, avec seulement six épisodes, est-ce qu’il y a des histoires que vous auriez aimé inclure dans cette saison 5 et que vous n’avez pas pu raconter ?
Si on avait eu plus d'épisodes, on aurait évidemment pris le temps de dérouler certaines intrigues de personnages. Avec dix épisodes de plus, on aurait aimé raconter mille choses en plus sur nos personnages.
Six épisodes, c'est vraiment serré. Surtout qu’à la fin de la saison 4 on laissait Balthazar dans une position extrêmement compliquée, donc il fallait gérer cela et répondre au cliffhanger de la saison précédente dans le premier épisode de la saison 5. Et il fallait aussi donner une conclusion à la série et offrir une vraie fin à tous ces personnages. Tout ça, ça prend du temps. Donc si on enlève le premier et le dernier épisode, il en reste quatre au final. C’est très serré pour raconter tout ce qu'on aurait aimé raconter.
On aurait par exemple pu développer davantage la relation entre Olivia Vésinet (Caterina Murino) et Balthazar. Et je pense aussi à Delgado (Yannig Samot), qu'on adore. On avait des envies qui n'ont malheureusement pas abouti.
Finalement, c’est quelque part devenu une marque de personnalité qu’on sache peu de choses sur Delgado. Mais c'est certain que, avec les auteurs, on avait plein de choses à raconter à son sujet. Le souci c'est qu'il n'y a jamais vraiment eu de place pour le faire. Alors que c’est un personnage qui est très présent dans la série. C'est un petit regret, c'est vrai. Mais c'est un personnage qu'on adore. Il est extrêmement drôle. Et il a un côté tellement fin. Pour moi, c’est vraiment un des piliers de la série.
Est-ce que toutes les enquêtes de cette cinquième saison sont inspirées de faits divers ?
Pas seulement de faits divers, elles sont inspirées de plein de choses. Parfois ça part de faits divers, ou de lectures, de films qu’on a vus, de genres qu’on a envie d’explorer.
Clairement, les extraterrestres, c’est un genre en soi. Et pour tous les scénaristes X-Files c’est un peu un incontournable, donc on avait envie de rendre hommage à cette série. Et puis ça répondait bien aussi aux interrogations de nos personnages, puisque Balthazar est un scientifique qui parle aux morts, il est sur la brèche entre le pragmatisme et quelque chose de plus surnaturel. C’était amusant d’imaginer ça. Et comme Balthazar passe son temps à taquiner, les extraterrestres c’est un vaste sujet de discussion. D’autant plus que c’est la réalité, personne ne peut prouver que les extraterrestres n’existent pas. Donc à partir de là, tout est ouvert.
L’épisode 2 était librement inspiré de la disparition d’une influenceuse aux États-Unis. L’épisode 3 est découpé un peu en deux parties, et la première partie, avec la bombe dans le corps, ça nous faisait beaucoup rire, d’imaginer Raphaël Balthazar enfermé dans une pièce avec une bombe dans un cadavre. Et la deuxième partie est davantage ancrée dans des problématiques sociétales de réflexion sur le genre masculin et féminin. Et le final, vous le verrez, est également un épisode de genre très particulier.
Justement, le final, qui sera diffusé le 23 février sur TF1, permet de finir la série en apothéose. Comment teaseriez-vous ce dernier épisode ?
Je dirais que chaque personnage va être confronté à ses terreurs les plus profondes. Et finalement, chaque personnage, mis face à ses pires terreurs, va réaliser ce qui est vraiment important pour lui. Et dans le cas du personnage de Camille, qui est dans une fuite permanente et qui est dans quelque chose d’un peu autodestructeur, car elle ne s’est jamais pardonné ce qu’elle a fait, cet épisode va lui permettre de comprendre que la vie n’est pas si mal en fin de compte.
Le final sera également marqué par le retour d'Alexandre, le frère psychopathe de Balthazar. Cette idée d’Alexandre en grand "mastermind maléfique" de la série, qui a poussé Maya au meurtre, vous l’aviez en tête dès la première saison ?
Non, on ne le savait pas, car encore une fois on ne savait pas combien de saisons on allait pouvoir raconter. C’est toute la difficulté. Quand on a un fil rouge comme celui de la mort de Lise, il faut qu’on avance, sinon on patine et finalement le fil rouge perd de son importance. Il fallait donc qu’on avance, sans avancer trop vite.
Je dirais que la série s’est construite en deux temps. Tout d’abord, sur les saisons 1 à 3, entre Balthazar et Hélène, avec ce fil rouge qui est Maya (Leslie Medina). Là, pour le coup, on savait où on allait et ce qu’on voulait raconter. Et ensuite il y a eu la relance des saisons 4 et 5, avec l’arrivée de Camille, et celle du frère du héros aussi.
On en avait beaucoup parlé avec Tomer Sisley et on en était arrivé à la conclusion qu’on ne devient pas Raphaël Balthazar par hasard. Si on devient un homme aussi exigent avec lui-même, aussi bon mais en même temps aussi torturé, c’est qu’il s’est passé quelque chose quand on était enfant, dans son rapport à la famille. Et c’est là qu’est venue l’idée de ce frère avec qui, finalement, Balthazar a toujours été en compétition.
Le comédien parfait pour camper Alexandre Balthazar a-t-il été dur à trouver ?
Non, Olivier Sitruk a été une vraie évidence. Déjà, il a une ressemblance avec Tomer. Il dégage quelque chose de similaire. Et en même temps il a ce regard très particulier. C’est un comédien très talentueux. Ce qu’il propose dans les épisodes 1 et 6 de cette dernière saison c’est d’un très haut niveau.
Quel regard portez-vous sur l'aventure Balthazar ?
J’ai beaucoup d’amour et de tendresse pour cette série. J’ai travaillé avec des gens super, que ce soit les auteurs, les équipes techniques, les réalisateurs, les comédiens, dont Tomer, Constance, Hélène, Yannig et tous les autres. C’est une grande famille. Et cette aventure a également été vraiment chouette avec TF1, la collaboration avec la chaîne a été très agréable.
Et quand j’y pense, je me dis "Quelle chance on a eu de faire cette série, et quelle chance on a eu que le public la reçoive de cette façon". Faire de la fiction, aujourd’hui, c’est beaucoup de travail, mais il y a aussi un peu de magie dans tout ça. Il faut qu’il y ait une rencontre avec les téléspectateurs, et c’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas du tout.
On est tous très fiers de cette série et on est très contents qu’elle se termine de cette manière. J’espère que c’est une série généreuse. On s’est tous beaucoup amusés à la faire. Le mot d’ordre sur cette série c’était de ne jamais être blasés et de toujours rester dans une notion de plaisir et de challenge.
Avez-vous d'autres projets dont vous pouvez parler ?
On a pas mal de projets chez Beaubourg Story, mais il y en a encore beaucoup qui sont au stade du développement, donc je ne sais pas si on pourra en parler un jour. En tant que productrice, je viens de terminer le tournage d’un teléfilm de Noël pour TF1 avec Hélène de Fougerolles et Lannick Gautry. Comme quoi c’est, encore une fois, une histoire de rencontres et de famille. Et le reste est en écriture pour le moment, donc c’est trop tôt pour en parler.