Depuis l'année de la sortie du film de James Cameron, on imagine que vous avez logiquement dû le voir, et très certainement pleuré à chaudes larmes devant l'amour tragiquement contrarié par le destin entre Rose et Jack. Peut-être avez-vous aussi été tenté, sait-on jamais, de revoir ou même découvrir le film sur grand écran, à la faveur de sa ressortie opportune pour célébrer en fanfare les 25 ans de sa sortie. Et oui, déjà...
En bon Control Freak assumé, Cameron, qui a plongé plus d'une trentaine de fois pour voir l'épave, a toujours fait preuve dans ses films d'un soin maniaque du détail, avec une rigueur toute scientifique, ou presque. Titanic n'a évidemment pas échappé à ce constat. Les objets du décor furent minutieusement reconstitués au plus près de la réalité, et parfois même par les compagnies d'origine qui fournirent le Titanic, comme pour la moquette et les canots de sauvetage.
Mais c'est un autre souci du détail auquel on pense; émouvant même. Le cinéaste s'est aidé dans sa reconstitution de photos de l'époque.
Dans un plan du film, situé à 1h16 environ (mieux pour faire un arrêt sur image) et qui ne dure en réalité qu'une poignée de secondes, on peut voir un enfant jouer sur le pont du navire avec une toupie.
Ce plan est pratiquement une décalque d'une authentique photographie prise d'un passager de la Première classe, du nom de Frederic Spedden, accompagné de son fils de six ans, Robert Douglas.
Voici le cliché original :
Cette photographie a pu parvenir jusqu'à nous parce qu'elle fut prise par un homme du nom de Francis Browne, un prêtre jésuite, qui débarqua du navire lorsqu'il fit escale à Queenstown, en Irelande. Browne est d'ailleurs le dernier à avoir photographié l'équipage du navire, incluant le capitaine Edward J. Smith.
Frederic Spedden et son fils Robert Douglas survivront au naufrage du Titanic. Mais son fils décèdera trois ans plus tard, victime tragique d'un accident causé par une automobile.
Ce n'est qu'en 1985, 25 ans après la mort de Francis Browne à Dublin, que l'on découvrit par hasard les négatifs du prêtre photographe, dans une boîte de métal. Ironiquement, c'est aussi cette année-là que l'épave du Titanic fut enfin retrouvée. Les clichés de Browne ne furent publiés dans un album qu'en 1997. La même année que la sortie du film de James Cameron, en tout cas dans les pays anglo-saxons. Comme un signe du destin.