Une étude et initiative salutaire permettant de sortir de l'oubli des centaines de femmes. Car c'est un fait : qui est capable de citer, hormis les actrices, des noms de femmes ayant travaillé dans l'industrie du cinéma à l'époque du muet, en particulier des réalisatrices ? Hormis Alice Guy-Blaché, qui est sans doute la figure pionnière du cinéma la plus connue (encore que cela se discute, comme le révélait le formidable documentaire Be Natural: L'histoire cachée d'Alice Guy-Blaché), leurs noms -et bien souvent leurs travaux- sont tombés dans l'oubli.
C'est donc une vraie injustice que vient de réparer une étude très approfondie de l'American Film Institute (AFI), baptisée Women They Talk About, menée conjointement avec l'Université de Columbia, à New York.
Un colossal travail de recherches durant trois ans, pour identifier les femmes ayant contribué à l'industrie du cinéma à l'époque du muet. La conclusion ? Un sacré pied de nez à notre époque : les femmes étaient bien mieux représentées à Hollywood qu'aujourd'hui. Comme un air de régression...
L'AFI a ainsi exhumé plus de 6000 films muets, dont la plupart ont été écrits, réalisés et produits par des femmes. Des oeuvres qui n'avaient jusque-là été référencées nulle part, dans aucun livre ni base de données.
L'étude a ainsi permis de créditer le nom de plus de 800 femmes sur ces oeuvres, désormais versées au catalogue de l'AFI. Entre 1910 et 1930, les femmes ont été créditées comme scénaristes et coscénaristes dans 27,5% des films de l'époque. 31% des films réalisés par des femmes sur cette même période étaient le plus susceptibles d'être basés sur des scénarios écrits par des femmes. Près de 11% des films sortis durant cette vingtaine d'années étaient attribués à des femmes.
Le fruit de ce travail de synthèse, rigoureux et émouvant, est à découvrir sur le mini site de l'AFI, créé spécialement pour l'occasion. De très nombreuses mises en perspectives sont à lire, ainsi que les fiches des films retrouvés, des extraits vidéos rarissimes...
Une vraie mine d'or, qui devrait logiquement faire le bonheur des curieux et curieuses, en plus d'être un très précieux outil de recherches pour les étudiants en écoles de cinéma ou universitaires.