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    Pour la France : un hommage fort à un frère mort lors d'un exercice de "bahutage" à Saint-Cyr
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Pour la France, second long métrage de Rachid Hami, avec Karim Leklou et Shaïn Boumedine. Le réalisateur y raconte le drame personnel, la mort de son frère lors d'un exercice de "bahutage" à l'école militaire de Saint-Cyr.

    De quoi ça parle ?

    Lors d’un rituel d’intégration dans la prestigieuse École Militaire de Saint-Cyr, Aïssa, 23 ans, perd la vie. Face à une Armée qui peine à reconnaître ses responsabilités, Ismaël, son grand frère, se lance dans une bataille pour la vérité. Son enquête sur le parcours de son cadet va faire ressurgir ses souvenirs, de leur enfance à Alger aux derniers moments ensemble à Taipei.

    Pour la France
    Pour la France
    Sortie : 8 février 2023 | 1h 53min
    De Rachid Hami
    Avec Karim Leklou, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal
    Presse
    3,9
    Spectateurs
    3,6
    louer ou acheter

    6 ans après La Mélodie avec Kad Merad, le réalisateur et scénariste Rachid Hami signe un nouveau long métrage, intitulé Pour la France. Il s'agit d'une œuvre très personnelle puisque le récit qu'il a choisi de porter à l'écran n'est autre que l'histoire de son frère, décédé tragiquement lors d'un bahutage (ou dit autrement de bizutage), à l'école militaire de Saint-Cyr. Jallal Hami est mort des suites d'un exercice.

    Si beaucoup de films actuellement prennent pour matière première l'adaptation d'histoires vraies, il est important de souligner que Pour la France n'est pas un film d'enquête pur, ou de reconstitution d'un drame. Le film s'intéresse plutôt à l'avant et à l'après, et Rachid Hami le présente comme "une enquête sur la vie".

    Pour la France prend en effet le parti du romanesque, en s'intéressant avant tout au lien qui unissait ces deux frères, Aissa Saïdi (Jallal Hami), incarné par Shaïn Boumedine, et Ismaël Saïdi (Rachid Hami, scénariste et réalisateur du film), interprété par Karim Leklou.

    Il s'agit d'"une fiction ancrée dans une réalité tragique" pour reprendre les termes de Rachid Hami. Et de préciser : "Documentée au plus près du réel pour la partie administrative. Fictionnée au plus juste pour la partie dramatique, relations entre proches, famille, émotions".

    La question des funérailles occupe également une part importante de l'intrigue, afin de mettre en lumière comment l'Armée française a dû faire face à cette mort, considérée par l'enquête comme un homicide involontaire. "Nous avons traité le combat pour les funérailles de Jallal comme une version contemporaine de l’histoire d’Antigone luttant pour donner une sépulture digne à son frère. Nous avons fait confiance à cette tragédie connue de tous pour y mêler le conte des origines en Algérie et l’aventure inattendue de Taïwan où les personnages cherchent leurs places dans le monde."

    Je ne veux pas me servir du cinéma pour régler des comptes ou pour fabriquer des pièces à conviction

    A propos de ses intentions avec ce film si personnel, le cinéaste donne encore d'autres précisions sur son intention : "S’il s’agit bien d’une histoire née d’une tragédie à la fois personnelle et familiale, je ne veux pas me servir du cinéma pour régler des comptes ou pour fabriquer des pièces à conviction. Je compte plutôt sur lui pour m’aider à dessiner la trajectoire implacable de cette violence à laquelle on ne croit échapper que pour retomber dans ses bras.

    Pour la France n’est pas une histoire de vengeance ou de rédemption, ne relève pas de l’enquête criminelle. Le travail du cinéma n’est pas celui de la justice. Ce film n’est pas une enquête sur la mort, mais sur la vie. La vie d’Aïssa, garçon né en Algérie qui rêvait de devenir officier de l’armée française", souligne Rachid Hami dans sa note d'intention.

    2022 Gophoto/Mizar Films

    Le film se déploie sur trois périodes et dans différents pays, en ayant recours à de nombreux flashbacks, de l’Algérie à la France en passant par Taïwan. "Ni lamentation victimaire et encore moins dénonciation stérile de la chose militaire, ce film propose un périple houleux dans l’intimité de deux frères que la vie a séparés, sous-tendu par une méditation plus large sur le déracinement. Faut-il payer de sa vie le rêve d’appartenir à un pays ? Pour la France ne propose pas de réponse, si ce n’est sous la forme d’une question, que chacun sera libre de faire vivre à sa manière", poursuit le réalisateur, afin d'expliquer sa démarche.

    Pour la France aborde plusieurs thèmes universels, comme la fraternité, l’identité, la foi, l’intégration, et l’engagement pour la défense de sa patrie.

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    Soulignons également le choix du casting qui compte pour beaucoup dans la réussite du film : le tandem Karim Leklou - Shaïn Boumedine apporte beaucoup de force et de justesse au propos.

    Pour la France est à l'affiche ce mercredi 8 février 2023.

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