Réalisé par le maestro Michele Placido, Caravage nous emmène en Italie, en l'an de grâce 1609. Accusé de meurtre, Le Caravage a fui Rome et s’est réfugié à Naples. Soutenu par la puissante famille Colonna, Le Caravage tente d’obtenir la grâce de l’Église pour revenir à Rome.
Le Pape décide alors de faire mener par un inquisiteur, l’Ombre, une enquête sur le peintre dont l’art est jugé subversif et contraire à la morale de l’Église.
UN PROJET DE LONGUE DATE
La première idée du film remonte à 1968. Récemment arrivé à Rome, Michele Placido passait ses après-midi Piazza Campo de Fiori avec ses collègues du Conservatoire :
"Le souvenir de Giordano Bruno, un moine dominicain et philosophe exécuté sur cette place, ont suscité des discussions sur ce dernier et son époque, et ont fait rêver à des projets futurs ayant pour cadre cette période historique et cette ville-monde dans laquelle coexistaient la papauté, la noblesse et les misérables, où Caravage cherchait sa place", raconte le cinéaste.
"Le film que j’avais en tête rendrait toute l’authenticité du peintre avec ses vices et ses vertus, son humanité profonde et viscérale, et en même temps toute la vérité de son époque. Il raconterait la révolution d’un artiste terriblement gênant qui, dans une Rome pleine d’espions pro-français ou pro-espagnols, trouvait dans la rue ses compagnons de route - voleurs, prostituées, vagabonds - pour en faire, longtemps avant Pasolini, des modèles pour ses tableaux, transfigurés en saints et madones, en icônes immortelles", poursuit-il.
"Aujourd’hui je mets ainsi en lumière la noirceur impénétrable d’un génie capable d’illuminer le monde par son art et d’un individu en conflit avec lui-même. Un récit en phase avec l’urgence de vérité du peintre, qui, lors d’un procès, a déclaré publiquement : « Je cherche le réel. »", explique Michele Placido.
UNE RECONSTITUTION MINUTIEUSE DE L'ÉPOQUE
L’un des principaux défis a été de reconstituer l’époque conformément à la vision de Michele Placido. Il s’agissait de subvertir l’imagerie courante des films se déroulant à la fin du XVIe siècle afin de réaliser un film authentique, sale, loin de la tentation d’une reconstitution léchée. Le metteur en scène précise :
"La fascination pour l’histoire de Caravage découle autant de sa relation trouble avec les êtres humains que de son errance quasi incessante d’un lieu à l’autre. Les lieux ont donc été traités comme des personnages à part entière et non comme une simple toile de fond du récit."
"Le spectateur est ainsi promené de somptueux et gigantesques palais appartenant à la noblesse ou à l’Église en tavernes populaires et chemins de campagne, via les édifices devenus des monuments publics au fil des siècles, pour une immersion quasi sensorielle dans l’époque et l’atmosphère du récit."
RECONSTITUER LES PEINTURES ?
Généralement, au cinéma, les peintures sont l’objet de tirages photographiques. Toutefois, dans Caravage, les œuvres ont été préparées sur des toiles dont les fonds ont été patinés au moment de l’impression, afin de rendre les textures beaucoup plus fidèles que les simples reproductions, inévitablement plates.
C’est avec cette technique qu’ont été réalisés La Conversion de Saint Paul dans la chapelle Cerasi, La Crucifixion de Saint Pierre et Le Martyre de Saint Matthieu dans la chapelle Contarelli de Saint-Louis-des-Français, un tableau de 3,20 m sur 3 m, ou La Décapitation de Saint Jean, à Malte, de 5 m sur 3 m.
RICCARDO, ISABELLE, LOUIS ET MICHELE
Avec Caravage, Michele Placido retrouve Riccardo Scamarcio, qu'il a fait tourner dans Romanzo Criminale et Le Rêve italien. Par ailleurs, Isabelle Huppert et Louis Garrel avaient joué ensemble dans Ma mère, réalisé en 2004 par Christophe Honoré.
Caravage est sorti au cinéma le 28 décembre.