De quoi ça parle ?
À la fois drôle et terrifiant, flamboyant et absurde, banal et apocalyptique, White Noise brosse le portrait d’une famille américaine d’aujourd’hui. Tandis que parents et enfants tentent de gérer tant bien que mal les conflits du quotidien, ils explorent aussi les mystères universels de l’amour et de la mort – et se demandent comment faire pour être heureux dans un monde instable.
White Noise, un film de Noah Baumbach d'après Bruit de fond de Don DeLillo avec Adam Driver, Greta Gerwig, Don Cheadle... Disponible sur Netflix
C'est avec qui ?
A-t-on encore besoin de présenter Adam Driver ? Avec White Noise, c'est la cinquième fois que l'acteur – révélé dans Girls puis dans la postlogie Star Wars – travaille avec le réalisateur Noah Baumbach.
Il y interprète le charismatique et farfelu Jack Gladney, un professeur d'études hitlériennes à l'université. Spécialité qu'il a lui-même créée. Il est marié à Babette, sa quatrième épouse, jouée par Greta Gerwig détonante dans ce rôle de femme au foyer.
Elle est obsédée par l'idée de sa propre mort et affublée d'un look très Barbie des années 80 ! (Fait assez drôle sachant qu'elle réalise le film Barbie, attendu prochainement).
Dans ce film aux accents de Don't Look Up, pour sa thématique et son ambiance de fin du monde, on retrouve aussi l'excellent Don Cheadle qui joue ici, Murray, un collègue et ami de Jack, spécialiste d'Elvis Presley.
Jack, Babette et leurs enfants doivent fuir un événement aérien suite à une collision entre une camion et un train transportant des gaz toxiques. Ils sont pris dans un tourbillon de panique quand toute la ville doit évacuer lors de cet événement qui donne un avant-goût de l'apocalypse.
Ça vaut le coup d'œil ?
Si on vous parle comme ça d'un film de Noah Baumbach, quelle va être votre première pensée ? À coup sûr : film d'auteur ! Et c'est logique.
Le réalisateur est connu des cinéphiles pour ses films intimistes avec des personnages intellos, urbains et plutôt loquaces. Comme ceux qu'on a découverts dans Frances Ha (avec Greta Gerwig) ou dans Marriage Story. Et les intrigues tournent souvent autour de relations qui se font ou se défont.
En résumé, vous ne pensez pas à un film catastrophe ! Voilà qui est en passe de changer avec White Noise. Ce film Netflix est la première adaptation du réalisateur qui a jeté son dévolu sur Bruit de fond de Don DeLillo.
Contrairement à ses œuvres précédentes, White Noise s'articule autour du genre "film catastrophe" comme Roland Emmerich et Michael Bay les aiment. Mais pas tout à fait avec le même traitement.
Il se dégage tout au long de ce film quelque chose d'étrange qui a trait à l'univers de Baumbach mais aussi à celui de l'auteur d'origine, Don DeLillo. Le livre, Bruit de fond, est réputé suffisamment étrange en lui-même.
Et ce qui résulte de cette collision est à la fois fascinant, drôle et foutraque. Le chaos provoqué par la panique, l'absurdité du monde, des gens et de la vie en général s'y exprime en roue libre. On rit de la folie de ce monde qui ressemble beaucoup au nôtre.
On peut aussi rester hanté par certaines images comme ce long plan panoramique qui montre des gens agglutinés contre des vitrines alors que la famille Gladney tente de fuir – bloquée dans les embouteillages – ce fameux événement toxique aérien.
Baumbach vient convoquer ici aussi bien La Guerre des mondes de Spielberg que Zombie de Romero, ou quand la banlieue devient un paysage de l'enfer. On oscille par instants entre une horreur prête à exploser et un humour déconcertant.
Deux salles, deux ambiances
Dans une deuxième partie, le film bascule ensuite dans la vie de couple de Jack et Babette qui tentent tant bien que mal de vivre comme des amoureux éternels tout en élevant une couvée d'enfants issus de leurs mariages précédents sans oublier le petit dernier né de leur union. Changement d'ambiance radical où cette fois, le film prend des accents lynchiens.
L'absurde est toujours au rendez-vous, mais moins frénétique, moins flamboyant aussi. Mais pas moins pertinent. L'auscultation du couple est certes moins spectaculaire que la première partie qui cède à la frénésie de l'évènement. Cependant, cet aspect plus intime fait sens quand on laisse le film infuser.
Après avoir frôlé la mort, Jack et Babette ont besoin de se recentrer sur eux. La question de leur propre finitude devient plus prégnante pour l'un comme pour l'autre même si Babette a déjà quelques longueurs d'avance, l'idée de la mort provoquant chez elle une crise existentielle depuis plusieurs mois.
Au final, c'est un film drôle, bizarre, épuisant, frustrant, débordant d'idées et d'observations, plus que n'importe quel autre film qu'on a pu voir cette année. En tout cas, plus que Don't Look Up qui s'attaque au même sujet, avec tout le clinquant de son cast et de ses moyens, mais pas avec le même talent.
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