Joseph Turner travaille pour la CIA. Il lit des livres, beaucoup de livres, afin d’élaborer des scénarios utiles aux enquêteurs, pour repérer des fuites potentielles. Au retour de sa pause déjeuner, Turner retrouve tous ses collègues assassinés. Sous le pseudonyme de Condor, il va, dès lors, se lancer dans une course contre-la-montre dans le but de mettre au jour un réseau d'espions infiltré au cœur même de l'agence...
S'inscrivant dans la grande mouvance des thrillers politiques américains des années 70, Les Trois jours du Condor est un classique absolu des oeuvres désenchantées et paranoïaques produites à cette époque aux Etats-Unis, dans le sillage du scandale du Watergate. Une Amérique en plein doute d'elle-même.
Sous les traits de Joseph Turner / Condor, Robert Redford donne le meilleur de lui-même, bénéficiant en outre du soutien plus qu'avisé de Richard Helms, qui dirigea la CIA de 1966 à 1973. Ce dernier accepta d'être son conseiller personnel, en lui communiquant sous le sceau du secret des informations classifiées sur les coulisses de l'institution, le comportement de ses employés, et même certaines affaires sensibles.
L'oeuvre mise en scène par le regretté Sydney Pollack était chère au coeur d'un autre illustre comédien, qui incarne dedans G. Joubert, un tueur à gages de la CIA : Max Von Sydow. "J'incarne dedans un personnage énigmatique et menaçant. Je crois que je n’étais pas le premier choix du metteur en scène. Il avait d’abord pensé à Lino Ventura. Mais à ce moment là, il était malade et a donc dû décliner le rôle" nous avait-il confié, lorsque nous avions le grand plaisir de balayer son immense carrière avec lui, en 2013. "Je suis très fier de ce film, très fort. C’est un film intelligent, avec une caractérisation des personnages passionnante. Les années 70, c’est vraiment l’âge d’or des films d’espionnage".
Un procès intenté par Sydney Pollack
Depuis sa sortie, Les Trois jours du Condor a bien entendu été diffusé sur tous les écrans possibles, y compris dans les avions. La projection d'un film à bord d'un avion a toujours été plus ou moins altérée; en témoigne déjà le petit message d'alerte avant la diffusion du programme, précisant que celui-ci a été modifié.
Il y a quelques années encore, par exemple, il n'était pas rare que les films fassent l'objet d'un violent recadrage à grands renforts de zoom Pan & Scan, dénaturant parfois complètement l'oeuvre, et donc au détriment de la vision de l'auteur du film.
De quoi déjà agacer des cinéastes comme Michael Mann qui, voyant les versions modifiées de ses films Heat et Révélations, avait exigé d'être retiré du générique de ses films, pour être remplacé par le légendaire pseudonyme Alan Smithee.
Sydney Pollack, lui, intenta carrément un procès à une chaîne TV danoise, qu'il accusait en 1991 d'avoir mutilé le format de son film, via un recadrage de son oeuvre au format plein écran, au lieu du format 2.35 cinémascope d'origine. Un Pan & Scan qui amputait 50% de l'image initiale...
Aidé dans sa démarche par l'Association des réalisateurs Danois, Pollack réclamait la somme de 15600 $ en dédommagement du préjudice subi pour sa réputation professionnelle. Mais le cinéaste perdit le procès, pour vice de procédure. Il reste à ce jour le seul réalisateur à avoir traîné en justice un diffuseur.