Gilbert Chikli est un personnage de roman et ses arnaques sont dignes des plus grands scénarios hollywoodiens. Né dans le quartier de Belleville, à Paris, cet homme franco-isréalien s'est vite extirpé de son milieu difficile pour se frayer un chemin avec malice, charisme et un talent prononcé pour l'escroquerie. Cette personnalité sulfureuse est le sujet du documentaire Le Masque.
Écrit par les journalistes Olivier Bouchara et Jérôme Pierrat, le film revient, en 80 minutes, sur la jeunesse de cet arnaqueur hors pair et sur ses manipulations qui lui ont permis de détourner plus de 100 millions d'euros entre 2005 et 2017. Le combine est souvent la même : Gilbert Chikli prend l'identité d'une autre personne au téléphone et use de ses qualités d'orateur pour charmer, convaincre et manipuler.
Trouver la faiblesse de son interlocuteur est l'une de ses plus grandes règles. À ce jeu, Gilbert Chikli est roi. C'est en se faisant passer pour un agent de la DGSE qu'il parvient, par exemple, à duper un directeur financier. Résultat : un virement de 10 millions d'euros est réalisé. Son plus grand fait d'armes remonte à 2015 lorsqu'il vole l'identité de Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense, avec l'aide d'un masque en latex. Une séquence à peine croyable.
Le documentaire utilise de nombreuses images d'archives et se nourrit des témoignages de ceux qui ont croisé la route de Gilbert Chikli, comme la journaliste Elise Le Guevel, deux officiers de la Police Judiciaire et surtout les deux femmes qui ont partagé sa vie. La première, Shirley, est un personnage haut en couleur et permet au film de décrocher quelques moments surréalistes.
Le Masque est un documentaire complet et rythmé qui s'inscrit dans la belle continuité des histoires d'arnaques proposées par la plateforme Netflix.