ÇA PARLE DE QUOI ?
Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers qu’on appelle les "TABAC FORCE", reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader. Le séjour se déroule à merveille jusqu’à ce que Lézardin, empereur du Mal, décide d’anéantir la planète Terre…
TOUSSE ENSEMBLE
Les films se suivent et ne se ressemblent pas pour Quentin Dupieux. Après deux ahuris qui élèvent une mouche géante dans le Sud de la France (Mandibules) et un Alain Chabat confronté à la drôle de trappe de sa nouvelle maison (Incroyable mais vrai), le cinéaste met en scène... des super-héros. Des lointains cousins des Bioman et autres Power Rangers appelés les Tabac Force.
Soient Benzène, Méthanol, Nicotine, Mercure et Ammoniaque, respectivement incarnés par Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi et Oulaya Amamra. Un quintette déjà impressionnant auxquels se joignent Alain Chabat en rat baveux, et Benoît Poelvoorde en grand méchant désireux de détruire la Terre.
Sans oublier Grégoire Ludig et David Marsais, Blanche Gardin, Adèle Exarchopoulos, Jérôme Niel, Doria Tillier, Raphaël Quenard ou encore Anthony Sonigo, binôme de Vincent Lacoste dans Les Beaux gosses. Un casting parmi les plus denses vus cette année au cinéma, qui a créé un vrai embouteillage sur les marches de Cannes, où le long métrage a été présente en Séance de Minuit en mai dernier.
Une projection forcément mémorable, pour qui était dans la salle à ce moment-là. Car une fois le casting redescendu de scène, ce qui se passe à l'écran n'a cessé de surprendre les spectateurs. La mise au vert des Tabac Force, après une mission d'ouverture particulièrement sanglante, n'est en effet que la partie visible de l'iceberg qu'est Fumer fait tousser.
Mais il serait cruel d'en dire plus, et d'expliquer comment les autres comédiens que ceux qui posent, en tenue moulante, sur l'affiche, s'intègrent dans l'histoire. Car l'élément de surprise est l'une des vraies forces de ce récit qui convoque aussi bien les super-héros et super sentai que Les Contes de la Crypte, et parle de l'art de la narration. Comme toujours, Quentin Dupieux y fait parler son sens de l'absurde et du décalage, avec un humour noir qui prend plus de place que dans certains de ses opus récents.
Et laisse transparaître une véritable inquiétude du cinéaste quant à l'époque actuelle. Plus encore que dans Incroyable mais vrai, où Alain Chabat incarnait le personnage le plus "normal" de l'intrigue, spectateur des dérives obsessionnelles de son entourage. Dans un autre registre, Quentin Dupieux va un peu plus loin et Fumer fait tousser ne manquera pas de faire rire jaune et grincer quelques dents.
Mais il réussit à donner naissance à l'un de ses longs métrages les plus fous et surprenants, sans pour autant donner l'impression de se répéter. Et c'est d'autant plus à saluer que le metteur en scène enchaîne les projets à un rythme que seul François Ozon parvient à tenir en France, et qu'il arrive encore à nous étonner. Prochaine rendez-vous : un long métrage consacré à Salvador Dali, déjà en tournage.