Si James Gray nous avait gratifié d'un petit voyage dans l'espace en 2019 avec Ad Astra, le titre de son nouveau film pouvait laisser penser que le cinéaste allait nous emmèner à nouveau vers le cosmos.
Non, Armageddon Time n'est pas le titre d'un long-métrage apocalyptique de Michael Bay et n'a rien à voir avec de la SF. Il s'agit bien du nouveau drame poignant du cinéaste à qui l'ont doit notamment Two Lovers ou La Nuit nous appartient.
UNE OEUVRE AUTOBIOGRAPHIQUE ?
Avec cette oeuvre, James Gray revisite son enfance à travers le personnage de Paul, joué par Banks Repeta. Le metteur en scène a grandi avec un frère aîné et des parents tous deux enfants d’immigrés juifs aux États-Unis. Son père, fils de plombier, n’a pas eu une enfance facile, mais il était parvenu à se hisser dans la classe moyenne en devenant ingénieur.
Sa mère était enseignante et présidente de l’association des parents d’élèves. James Gray souhaitait inscrire cette histoire personnelle dans l’histoire américaine et les courants culturels des années 1980.
Comme dans l'histoire du film, James Gray s'était lié d'amitié avec un petit garçon noir, avec lequel il avait été surpris à fumer un joint dans les toilettes du collège. Cet incident n'a pas eu le même impact sur le parcours des deux enfants.
"En tant que blanc, je n’avais pas conscience que ma race et ma classe sociale m’octroyaient le bénéfice du doute, me donnaient droit à une deuxième chance, voire une troisième. Le fait de ne pas se rendre compte, de ne pas relever, est un luxe et un privilège immérité", confie le natif de New York.
"J’ai voulu que mon film scrute les lignes de fracture de classes et de races dans mon pays et les aborde en toute honnêteté." À cela s'est ajoutée la relation privilégiée qu'il entretenait avec son grand-père, qui lui a permis de développer sa conscience morale.
QUE SIGNIFIE LE TITRE ?
Le titre est une référence à la chanson de reggae Armagideon Time. Initialement écrite et composée par Willie Williams, elle a été reprise par le groupe The Clash en 1979. Pour le réalisateur, c'est aussi une façon d'évoquer la menace d'une guerre nucléaire.
"C’était dans la bouche de tous les hommes politiques, et derrière ce titre, il y a l’idée que cette "mise à l’écart" de Paul représente pour lui un Armageddon", souligne James Gray.
"Le fait d’aller dans une nouvelle école, d’entendre le mot "nègre" proféré sans retenue, d’assister aux interventions de la famille Trump leur expliquant qu’ils n’avaient jamais été des privilégiés, quand c’est tout le contraire, tout ça le choque profondément", explique le cinéaste.
Armageddon Time est sorti en salles le 9 novembre.