De quoi ça parle ?
Fin des années 70, une équipe de tournage investit une maison isolée du fin fond du Texas pour y réaliser un film X. À la tombée de la nuit, les propriétaires des lieux surprennent les cinéastes amateurs en plein acte. Le tournage vire brutalement au cauchemar.
Un slasher rétro
Bonne nouvelle pour les fans de cinéma horrifique : en plus de Halloween Ends et La Proie du diable, toujours en salles, deux films d'horreur sortent ce mercredi : Piggy, récompensé au Festival du Film Fantastique de Strasbourg et au Festival de Sitges, et X de Ti West, précédé d'une réputation flatteuse outre-Atlantique, où il est sorti en mars dernier. Il s'agit du premier long-métrage de West à être visible en salles en France. Certaines de ses précédentes œuvres sont disponibles en DVD ou VOD, tandis que d'autres sont restées inédites dans l'Hexagone.
Pourtant, ce réalisateur américain n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il est actif depuis le début des années 2000 (le film de fantômes The Innkeepers, les anthologies V/H/S et The ABCs of Death). Après une incursion dans le western (In a Valley of Violence), c'est à la télévision que Ti West officiait ses dernières années, en mettant en scène des épisodes de Wayward Pines, L'Exorciste ou encore Them.
X marque ainsi un retour aux sources pour le cinéaste. Il retrouve non seulement le chemin des plateaux de cinéma mais signe, à l'instar de The House of the Devil en 2009, un film d'horreur rétro qui rend hommage aux classiques du genre : "Quand je regarde les films des années 1970, c’est évident qu’ils étaient réalisés par des personnes qui aimaient le cinéma en tant qu’art — et je regrette cette époque”. The House of the Devil se situait dans les années 80 et suivait une baby-sitter confrontée à une présence diabolique. Cette fois, direction le Texas des années 70, renvoyant au Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper.
Un parfum sulfureux
Comme son titre l'indique, X nous plonge dans l'industrie pornographique en suivant une équipe de tournage de film X. Si cet élément pouvait faire craindre le pire, il ne s'agit pas d'un argument purement marketing pour appâter le spectateur. Ti West ne tombe jamais dans le graveleux et met en parallèle l'horreur et la pornographie, tous deux méprisés et discrédités par les institutions.
Tout en dénonçant comme nombre de films d'horreur le puritanisme américain, X prend à rebours les codes du genre. "Surtout, jamais de sexe", énonçait l'une des règles de Scream. Ici, ce n'est pas le sexe qui tue mais l'abstinence. Ti West en profite pour évoquer la vieillesse sous un angle rarement abordé. Le réalisateur parvient ainsi à s'inscrire dans la tradition des classiques du genre tout en y injectant un propos qui lui est propre.
Une double performance
Enfin, il serait difficile de parler de X sans évoquer son actrice principale Mia Goth. Entourée de Jenna Ortega (Scream, Mercredi), Brittany Snow (Pitch Perfect), Martin Henderson (Virgin River) et du rappeur Kid Cudi, l'actrice britannique révélée par Nymphomaniac s'impose par son étrange charisme.
Elle incarne à la fois (rassurez-vous, il ne s'agit pas d'un spoiler) Maxine, une jeune Texane cocaïnomane qui aspire à devenir une star, et Pearl, une dame très âgée qui accueille avec son époux Howard l'équipe de tournage du film pornographique. "Depuis le début, je voulais confier les rôles de Maxine et Pearl à la même actrice, mais j’ignorais si j’allais pouvoir trouver quelqu’un qui ait les épaules, et c’était très angoissant parce que le succès du film reposait sur cette double interprétation", explique Ti West.
Il faut croire que le cinéaste a trouvé en la comédienne sa muse : il l'a depuis dirigée dans Pearl, préquelle de X consacrée à la jeunesse de la vieille dame, et MaXXXine, conclusion de la trilogie où Maxine tente de devenir actrice dans le Los Angeles des années 1980. Deux films dont on ignore pour l'instant la date de sortie française.
La bande-annonce de Pearl, tourné par Ti West en même temps que X :