L'écrivain Jack Torrance, ancien alcoolique, accepte un emploi de gardien d'hiver d'un hôtel niché en haut des Rocheuses, isolant ainsi sa femme, leur jeune fils aux pouvoirs psychiques, et lui-même, du reste du monde jusqu'au printemps suivant.
Cependant, lorsque la première tempête de neige bloque la seule route menant à l'hôtel, l'énergie néfaste et maléfique héritée des drames survenus dans l'hôtel par le passé ressurgit. Et fait doucement mais inexorablement sombrer Jack Torrance dans la folie...
Vous avez bien évidemment reconnu l'histoire de Shining, monument du film de terreur signé Stanley Kubrick, qui adaptait brillamment le roman de Stephen King, tout en changeant des éléments importants du récit de base. De quoi crisper d'ailleurs son auteur, qui n'avait pas du tout apprécié cette adaptation, au point de lui préférer, sans rire, le téléfilm en deux parties sorti en 1997.
A sa sortie, Shining a reçu des critiques plutôt tièdes et même deux citations aux Razzie Awards (pire actrice pour Shelley Duvall et pire réalisateur). Parce qu'il ne s'agit pas d'un film comme les autres, il a donc fallu du temps et de la réflexion pour l'appréhender comme le chef d'oeuvre incontournable qu'il est. Il faut dire que le film de Kubrick déroute autant qu'il fascine, et contient des détails impossibles à déceler à la première vision.
Théories farfelues
Son oeuvre est d'ailleurs l'objet, depuis de très nombreuses années, d'une multitude de théories, parfois totalement tirées par les cheveux. Un récent documentaire s'en est d'ailleurs fait l'objet, Room 237. Réalisé par Rodney Ascher, le documentaire compile notamment des théories parfois ahurissantes.
Comme le fait que Kubrick avait glissé une référence à l'Holocauste dans le film. Ou le motif du pull-over porté par Danny à un moment dans le film, représentant la fusée Apollo 11, qui faisait affirmer aux conspirationnistes de tous poils que Stanley Kubrick avait bien participé à la réalisation des images soi-disant “truquées” de la mission lunaire de 1969.
Leon Vitali, l’assistant de Stanley Kubrick sur Shining et présent pendant les 13 mois de tournage qui se sont majoritairement déroulés à Londres, n'avait d'ailleurs pas caché son amusement sur les nombreuses théories élaborées autour du film, la plupart du temps farfelues. Interrogé par le New York Times, il avait d'ailleurs lâché avoir été “plié en deux de rire" pendant la projection de Room 237.
Qui est la femme de la chambre 237 ?
Fort heureusement, toutes les théories ne sont pas à jeter à la poubelle, loin de là. L'une d'entre elle est d'ailleurs tout à fait intéressante, et concerne la fameuse femme morte-vivante que l'on découvre dans la chambre 237.
Dans le roman de King, il est précisé que la femme se trouvant dans la chambre (qui porte le n°217 et non 237 comme le film) porte le nom de Lorraine Massey, qui séduisait les grooms et porteurs de bagages qui entraient dans sa chambre, puis se livrant ensuite à des actes sexuels avec eux. Lorraine était l'épouse d'un éminent avocat new-yorkais, mais pendant son séjour à l'Overlook, elle était avec un homme plus jeune.
Lorsque ledit jeune homme l'a abandonnée, Lorraine s'est suicidée dans la salle de bain de la chambre 217, mais son fantôme y est resté. Tout comme les fantômes du barman Lloyd (Joe Turkel) et du majordome Delbert Grady (Philip Stone), le fantôme de Lorraine peut avoir des interactions physiques avec les invités. Dont Danny et Jack Torrance, qui se sont retrouvés face à face avec elle.
Danny a été attiré dans la chambre, où, raconte-t-il à sa mère plus tard, il est tombé sur une "femme folle" qui a essayé de l'étrangler. Jack entre plus tard dans la pièce pour voir si les affirmations de Danny sont vraies. Il entend la femme le suivre alors qu'il quitte la pièce. Dans Dr Sleep, la suite de Shining, le fantôme de Lorraine Massey revient au début, tandis que le jeune Danny continue d'être hanté par cette femme.
Dans Shining, la rencontre entre Jack Torrance et la femme est modifiée. S'il trouve également celle-ci dans la baignoire, c'est une belle jeune femme, qui sort rapidement du bain. Après l'avoir enlacée et embrassée, Jack découvre dans le miroir qu'elle est en décomposition. Avant que celle-ci ne le poursuive tandis qu'il sort à reculons de la pièce... On ignore cependant l'identité exacte de cette femme dans le film de Kubrick. De là plusieurs spéculations.
L'une des théories consiste à dire que cette femme est en réalité l'épouse de Delbert Grady, le majordome croisé par Jack, et donc la mère des deux soeurs jumelles. Comme le rappelle Stuart Ullman, le directeur de l'hôtel, au début du film, Delbert Grady fut le précédent gardien de l'hôtel, et aurait succombé à un mal étrange, baptisé "mal des cachots".
Après quoi il tua ses deux filles avec une hache et noya sa femme, avant de se suicider. Les deux soeurs étant désormais prisonnières de l'hôtel, de même que leur père, l'hypothèse que la femme de la chambre 237 soit leur mère est extrêmement plausible, même si son indentité n'est jamais révélée.
Un symbole des abus physiques sur Danny
Une autre théorie consiste à dire que cette femme est en fait la représentation symbolique des abus physiques dont Danny est victime de la part de son père. De nombreux éléments dans le film le suggère ou le montre, comme lorsque Jack raconte justement au barman Lloyd la fois où il a cassé le bras de son fils "en tentant de le remettre debout".
Les relations très froides entre Jack et son fils qui a peur de lui, au-delà du fait qu'il sent que quelque chose de maléfique s'empare de l'esprit de son père. Et, bien entendu, lorsque Danny se présente devant sa mère, les vêtements déchirés et le cou portant des marques de strangulation, après l'épisode de la chambre 237.
Des abus qui seraient aussi sexuels en réalité, symbolisés par la dérangeante scène vers la fin du film, où Wendy Torrance tombe sur un homme déguisé en ours, les fesses à l'air, en train d'administrer une fellation à un hôte.
Danny aurait ainsi subi des abus sexuels de son père dans la fameuse chambre 237. La vieille femme étant alors une création de son esprit, comme un mécanisme de défense face au traumatisme subi. Dans cette logique, la scène où Jack interagit avec la femme dans la chambre 237 est aussi une création de l'esprit de Danny. Et c'est sa version qui est exposée lorsqu'il communique par télépathie avec le cuisinier Dick Hallorann en l'appelant à l'aide : la vieille femme folle est en fait son père.
Que pensez-vous de ces théories ? Valables ou pas ?