Tout au long de son impressionnante carrière, Michael Lonsdale, monstre sacré du cinéma français, a de nombreuses fois consacré ses rôles à un thème qui lui est cher : celui de la religion. Alors qu'il incarne à nouveau un prêtre dans "Le village de carton", en salles cette semaine, retour sur cet étonnant parcours à travers les yeux de 4 hommes d'églises... (Thomas Imbert)
© Mila Deth / Allociné
Un regard profond, des gestes lents et mesurés, et des yeux qui ont vu tourner Orson Welles, François Truffaut et Steven Spielberg. A 83 ans, Michael Lonsdale semble pouvoir témoigner de l'histoire du cinéma et multiplier les anecdotes fascinantes sur les multiples rencontres de sa carrière. S'il ponctue ses histoires d'éclats de rire complices et bienveillants, c'est avant tout une impression de sérénité qui se dégage de l'acteur.
Dans son dernier film, il revêt à nouveau les habits d'un prêtre pour la caméra de l'Italien Ermanno Olmi, incarnant cette fois un homme troublé par la désacralisation de son église. Un prêtre, cette fois encore, mais un personnage inédit...
"Je dois avoir une tête pour faire ça."
Après toutes ces années et tous ces rôles, vous incarnez à nouveau un prêtre. La spiritualité, la religion... Ce sont décidement des thématiques qui vous ont accompagné tout au long de votre carrière...
Oui, ça s’est trouvé comme ça. Ce n’est pas moi qui l’ai cherché. Ça s’est même trouvé à mes tout débuts, pour la première pièce que j’ai jouée. C’était pour une soirée de bienfaisance, j’étais un pasteur dans "Il importe d’être constant" d’Oscar Wilde. J’avais oublié, et l’autre jour j'ai retrouvé une vieille photo (rires). Ça a commencé dès le départ. Et puis après on m’a demandé dans "Le souffle au cœur" de Louis Malle, etc… Je dois avoir une tête pour faire ça (rires). Je m'étais quand même dit qu'il fallait arrêter, sinon je n'allais plus faire que ça, j'allais devenir le spécialiste (rires).
© Bodega Films
Qu’est-ce qui vous a convaincu d'accepter ce rôle-là ?
Ermanno Onni est un grand cinéaste, j’étais très honoré de travailler avec lui. Et puis je trouvais le rôle intéressant. J’étais inquiet parce qu’il n’est pas sorti en France, ça fait 3 ans qu’on a fait ce film. Il a été très apprécié en Italie, et ici, rien. Alors j’appelais la production de temps en temps. Ils me répondaient qu’il n’y avait pas encore de distributeur en France. Mais avec ce nouveau pape, là, qui parle des pauvres et qui va à Lampedusa, qui reçoit les naufragés, je me suis dit que c’était finalement d’actualité.
Pouvez-vous nous décrire votre rôle dans le film ? Qu'est-ce que ce prêtre a de particulier par rapport aux autres ?
Je pense qu’il a dû rester trop traditionnel. Les églises bougent beaucoup, il y a plein de mouvements charismatiques, de gens qui chantent ensemble… Et je pense que lui est resté dans quelque chose de très ancien, et puis les fidèles sont allés ailleurs. Il se retrouve donc tout seul, ce qui n’est pas très agréable. Et deuxième catastrophe : l’évêque ordonne de vider l’église. Pour lui c’est mortel, il se demande comment il va survivre. Il est donc complètement déboussolé par ça, et malade en plus. Et puis dans sa pensée, il demande au Seigneur ce qu’il doit faire. Il trouve la réponse en se levant, en ouvrant la porte de l’église et en voyant 40 à 50 personnes défavorisées.
Aider les plus démunis, est-ce finalement le rôle principal d’un homme d’église ?
Oui, bien sûr. C’est aller vers les autres, soulager leurs problèmes, les aider, les recevoir, les écouter. Oui, ça fait partie du chrétien. Alors ce prêtre se retrouve évidemment un peu estomaqué. Il va falloir qu’il se plie à nourrir ces gens, à les laisser aller dans sa salle de bain. Il a même affaire à une jeune femme qui porte une ceinture de grenades. C’est très symbolique : il faut savoir parler à tous les cas qui se présentent.
La bande annonce du "Village de carton"
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