Les essentiels de Jean-Louis Trintignant - Page 9

De quoi ça parle ?

Le peintre Jean-Baptiste Emmerich avait déclaré avant de mourir: "Ceux qui m'aiment prendront le train". Et ils ont pris le train pour Limoges. Les amis, les vrais, les autres: les faux-jetons, les héritiers, la famille naturelle et non naturelle. Il y a des familles qui ne se réunissent qu'aux enterrements.

Pourquoi le (re)voir ?

Le théâtre a toujours beaucoup compté pour Jean-Louis Trintignant : c'est en assistant, à 19 ans, à une représentation de L'Avare, monté par Charles Dullin, que naît son envie de devenir comédien. Et dans les années 90, alors qu'il s'éloigne des plateaux de cinéma, il joue avec plaisir sur les planches, fait des lectures avec sa fille Marie. Citons encore le téléfilm de Doillon, Pour un oui ou pour un non, dans lequel il dit avec gourmandise les mots de Nathalie Sarraute en compagnie d'André Dussollier.

Mais c'est pour un film, présenté à Cannes en 1997, qu'il croise la route d'un des grands noms du théâtre français, Patrice Chéreau. Un film, mais deux rôles : d'une part Jean-Baptiste, le peintre décédé, une figure controversée et charismatique dont on entend la voix enregistrée lors d'une interview, et dont on aperçoit quelques fugaces images venues du passé ; d'autres part son frère jumeau, Lucien, personnage taciturne qui vit dans la maison sombre où se réunissent les proches du défunt. Lucien est le doyen d'une fausse famille dont les membres sont plus doués pour la souffrance que pour l'amour. Jean-Louis Trintignant, lui, rayonne aux côtés de brillants représentants de la jeune génération tels que Charles Berling ou Valeria Bruni Tedeschi.

Le saviez-vous ?
Le titre est à l'origine une phrase prononcée par Francois Reichenbach et rapportée par Danièle Thompson, scénariste du film. Le documentariste, malade, lui avait un jour fait part de son souhait d'être enterré à Limoges, et celle-ci lui avait répondu que cela faisait un peu loin pour ses proches. C'est alors que Reichenbach a déclaré : "Ceux qui m'aiment prendront le train !"

Le regard de Jean-Louis Trintignant
"Patrice Chéreau est un metteur en scène exigeant et même un peu hystérique dans le travail. En cela, il ressemble à Bertolucci. Il est convaincu que le tournage est l'événement majeur qui se passe dans le monde. Je crois qu'on ne peut pas être un grand metteur en scène si on n'agit pas ainsi. J'ai essayé de réaliser deux films, mais je n'avais pas cet esprit." Ces deux longs métrages sont Une Journée bien remplie (1972) et Le Maitre-nageur (1978).

La bande-annonce