Considéré par de nombreux cinéphiles, tels que Gus Van Sant, comme un des plus grands cinéastes vivants, le Hongrois Béla Tarr fait ses adieux à la réalisation avec "Le Cheval de Turin", en salles ce mercredi. AlloCiné a rencontré cet artiste rare. Entretien réalisé par Benoît Thevenin
L'envie de faire des films
"Ce n'est pas exactement une envie qui m'est venue quand j'étais jeune. L'envie est plutôt née de mon dégoût du monde que je voyais. D'autre part, j'aimais beaucoup aller au cinéma, mais j'étais rarement satisfait par ce que je pouvais voir. Très souvent, les films que je voyais m'énervaient, et de plus en plus. C'est pour contrer ce sentiment, pour y résister, que j'ai commencé à faire des films, pour montrer qu'on pouvait faire des films différents."
Les débuts de cinéaste
Bela Tarr a acquis avec le temps une réputation de cinéaste particulièrement exigeant, au style ambitieux et facilement reconnaissable, avec de longs plan-séquences dans un noir et blanc toujours magnifique et accompagné par la musique de Mihaly Vig. Ses premiers films sont en revanche très différents, dans une veine réaliste qui n'est pas sans rappeler par exemple les premiers films de Milos Forman ou le cinéma de Fassbinder.
"Mes films de jeunesse étaient les premier pas d'un processus. Dans mon premier film (Le Nid familial), ce que je dis, c'est que la société n'est - excusez-moi -, qu'une merde et que cela doit changer. Tout peux changer, la société peut changer. Mon premier film était un drame et très vite j'ai compris qu'il fallait que je change d'idée. J'ai ensuite tenté de faire des films plus épiques, dans une autre optique et avec d'autres moyens."
Le Nid familial (1977) © TT Filmmühely
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