Le cinéma de Tonton - Page 5

Les faits

Après des années de droite au pouvoir, les deux septennats de François Mitterrand restent, malgré les critiques, une période-clé pour le peuple de gauche. A l'heure du bilan, chacun s'accorde aussi sur le charisme de l'homme, son pouvoir de séduction. Pour qualifier les admirateurs les plus fervents du Président, un terme (un brin moqueur) a fait son apparition : mitterrandolâtre. Quinze ans après sa disparition, et malgré les ambiguités qui ont traversé son parcours, son aura romanesque ne semble pas s'être dissipée puisque le metteur en scène Olivier Py vient de monter au théâtre de l'Odéon un spectacle intitulé Adagio (Mitterrand, le secret et la mort).

Le film

(Arte)

Au début des années 90, Arte initie une collection de téléfilms sur le thème de l'adolescence intitulée Tous les garçons et les filles de leur âge. Des oeuvres commes Les Roseaux sauvages de Téchiné ou L' Eau froide d'Olivier Assayas ont vu le jour à cette occasion. Le succès de cette série a incité Arte a lancer en 2000 une nouvelle collection, autour de la problématique Gauche/Droite. Les six cinéastes choisis sont Erick Zonca, Sébastien Lifshitz, Dominique Cabrera (pour un film sur les grèves de décembre 1995), Claire Devers, Pierre Salvadori et Tonie Marshall (photo ci-dessous). La réalisatrice de Vénus beauté (institut) signe le film le plus léger de tous, Tontaine et tonton.

L'originalité de cette comédie, dans laquelle deux quadragénaires se disputent les faveurs d'une étudiante, réside dans la personnalité de l'héroïne, Justine. La jeune femme est en effet animée par une folle passion pour François Mitterrand ! Ce culte voué au président défunt rend la tâche de nos prétendants très compliquée... Dans ce rôle inattendu, Emmanuelle Devos, métamorphosée en bimbo au décolleté pigeonnant, s'en donne à coeur joie. A l'époque de la sortie, la réalisatrice déclarait, à propos de François Mitterrand : "Intellectuellement, l’homme politique et l’époque qu’il semblait incarner avaient suscité un désir très fort d’entrer en politique, de croire en une alternance possible, par un vote. Très rapidement, c’est à une dépossession complète de ce vote que nous avons dû assister. Au profit d’une période d’un assez grand conservatisme. Pourtant, autour de lui, Mitterrand n’a jamais cessé d’exercer une attraction très forte sur les intellectuels et les artistes. Voire une fascination. C’est ce que j’appelle, dans mon jargon, la “boursouflure Mitterrand”. Justine est à l’image de cette contradiction excessive : son corps généreux indique en permanence que tout est possible et, pourtant, à chaque fois, rien n’advient..."