Sur le tournage de "Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence" - Page 4

On pourrait croire que les petits nouveaux Astrid Berges-Frisbey et Sam Claflin sont la "caution jeunesse" de ce nouvel opus, apte à remplacer Keira Knightley et Orlando Bloom. Leurs rôles sont toutefois bien différents de ceux d'Elizabeth Swann et Will Turner, et leurs caractères assez trempés pour se faire un nom sous le soleil des Caraïbes. Rencontre.

Astrid Berges-Frisbey (Syrena)

"Mon personnage est une sirène. Au moment où on la découvre dans le film, elle a passé un long moment en captivité auprès de pirates, car ils ont besoin d’elle dans un but précis. Elle va alors nouer une relation particulière avec Philip. Ce n’est pas vraiment un personnage humain, c’est une créature de la mer, moitié-humaine moitié-animale, très mystérieuse, presque magique et qui dégage une vraie dangerosité. Elle a même quelque chose de monstrueux. Ce n’est donc pas une sirène telle qu’on peu l’imaginer : ce n’est pas une jolie fille avec une nageoire à la place des jambes. C’est vraiment une femme-poisson, qui n’a pas de queue d’ailleurs. Son apparence est créée en images de synthèse. Et quand nos sirènes nagent, c’est en CGI, avec des mouvements vraiment proches de ceux des poissons et très éloignés de la nage humaine. (...)

J’ai passé une première audition à Paris. Quand mon agent m’a appris de quel film il s’agissait, je n’y croyais pas. D’autant que mon anglais était très mauvais…  J’étais très nerveuse et je ne pensais pas être retenue : mon seul but était de ne pas être ridicule ! (Rires) Trois ou quatre jours après, on m’a rappelée pour une nouvelle audition à Los Angeles en présence de Rob Marshall et Jerry Bruckheimer. Et j’ai fini par passer une troisième audition à Londres, mais pas pour moi. C’était une audition entre moi et deux comédiens, pour déterminer qui ils allaient choisir pour jouer face à moi dans le film. La veille, j’ai donc appris que j’avais le rôle : j’étais aussi surprise que ravie. Mais j’ai dû faire abstraction de cette nouvelle et me concentrer, afin de donner le meilleur à ces deux comédiens lors de leurs essais. Quelques semaines plus tard, j’ai commencé le tournage de La Fille du puisatier, donc j’étais également concentrée sur ce rôle. J’ai donc un peu mis Pirates des Caraïbes de côté dans ma tête… C’est quand j’ai débarqué à Hawaï que j’ai vraiment réalisé ce dans quoi j’étais embarquée. (...)

Quand je suis venue à Londres pour l’audition et les essais de costume et d’effets visuels, je me suis retrouvée face à la panoplie de Jack Sparrow. C’était vraiment étrange, déjà… Mais quand vous  rencontrez Johnny Depp, c’est vraiment quelque chose. Il est toujours dans son personnage, il est Jack Sparrow. J’avais 15 ou 16 ans quand le premier film est sorti : donc le côtoyer "pour de vrai", c’était étrange. Comme le fait de voir un bateau pirate pour de vrai. Vous redevenez un gamin immédiatement. Et puis après, travailler avec des comédiens comme Geoffrey Rush ou Johnny Depp, c’est… C’est un vrai plaisir pour une jeune comédienne, car vous passez votre temps à apprendre auprès de gens de cette envergure. Et en même temps, j’ai été étonnée du plaisir qu’ils prenaient sur le tournage. Quand j’ai débarqué à Hawaï, j’ai découvert Kevin McNally et Johnny Depp heureux comme des gosses ! Ils aiment tellement leurs rôles et cette saga. Je n’avais jamais vu des comédiens aussi heureux de jouer. Comme si c’était leur premier film. J’avais demandé à Johnny si après huit ans, Jack Sparrow était comme un frère pour lui. Et il m’a répondu que c’était merveilleux de jouer ce personnage, et qu’il en avait besoin, même. Je ne m’attendais pas à ça, pas à autant d’excitation pour le film, le scénario, les personnages…  C'est comme si cette quatrième fois était une première fois pour eux, et ça vous pousse, forcément."

Sam Claflin (Philip)

"J’ai passé une audition à Londres, et j’ai ensuite été envoyé à Los Angeles pour rencontrer le réalisateur et la production. Après ça, j’ai enchaîné sur un tournage en Afrique du Sud durant environ six semaines, un téléfilm intitulé "The Lost Future". Là-bas, on m’a dit qu’ils souhaitaient me faire passer un test à Londres, et une fois revenu en Angleterre, je m’y suis rendu. J’ai eu de la chance, j’ai été pris, et Rob Marshall m’a téléphoné pour me l’apprendre. J’étais en plein maquillage pour un autre projet quand j’ai reçu son appel, c’était même ma première journée de travail. J’ai sauté de joie, l’équipe du téléfilm également et Rob m’a dit d’appeler mes parents, d’aller faire la fête, de célébrer ça. Ce que j’ai fait.

Je ne sais pas vraiment pourquoi on m’a retenu en fait. L’autre comédien qui était en lice ne me ressemble pas du tout, donc c’était vraiment un choix entre deux visages différents. J’aime me dire que c’est parce j’étais bon, mais je ne sais pas ! (Rires) Quand on va passer une audition, on ne sait jamais ce qu’un réalisateur peut voir en nous. D’autant que j’étais malade comme un chien lors de ces derniers essais ! Mais ce que j’ai proposé a semblé leur plaire, donc me voilà. (...)

Mon personnage est un missionnaire très naïf et très croyant. Il découvre un peu le monde, et la façon dont les gens se comportent… Surtout qu’il est embarqué avec des pirates : c’est donc la confrontation de deux mondes, lui étant persuadé que les pirates sont des monstres. Cette quête de la fontaine de jouvence va lui ouvrir les yeux sur ce qu’est vraiment le monde, il va s’élever durant ce voyage. Il ne perd pas sa foi mais il a désormais foi dans le monde et dans les gens. (...)

Je ne pense pas encore à la sortie. Je ne me projette pas. Je prends chaque jour comme il vient, et je ne change pas ma façon de vivre… Je me souviens de la visite de mon agent à Los Angeles. Il m’a dit "Maintenant que tu es allé à Hawaï et tu as travaillé avec toutes ces stars, en quoi ta vie a changé ?" "Rien n’a changé, je suis le même Sam qu’avant". Et au moment où je dis ça, Penélope Cruz débarque dans le restaurant et s’écrie "Saaaam !!!" et vient me saluer. Et là il me regarde et me dit "Tu ne peux pas me dire que ta vie n’a pas changé !" (Rires) Alors que moi, sincèrement, je pensais qu’elle n’allait même pas me calculer. Je reste donc émerveillé par tout ça, et chaque jour qui passe, je dois me pincer pour être sûr que je ne rêve pas... Il y a encore 18 mois, je mangeais des haricots en boîte et du pain. J’étais avec un ami, et nous ne trouvions pas de travail. On pensait qu’on ne percerait jamais… J’avais un agent depuis quatre mois, mais rien ne se passait. Et puis il y a eu Les Piliers de la Terre qui ont fait décoller ma carrière : les producteurs de la série m’ont offert un deuxième rôle, puis un troisième… C’est sur Les Piliers de la Terre que j’ai rencontré Ian McShane pour la première fois.  Et puis un jour, j’ai passé le casting pour Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence. Mais après, je reste conscient que c’est un métier incertain et que ça pourrait bien être mon dernier rôle. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours l’impression qu’on va finir par me démasquer et découvrir que je suis un imposteur. D’ailleurs, il ne vaut mieux pas que quelqu’un tombe sur mes premiers rôles au théâtre quand j’étais adolescent… Là, ce serait vraiment la fin de ma carrière ! (Rires)"

Propos recueillis par Yoann Sardet