Sur le tournage de "Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence" - Page 5

Déjà à l'oeuvre sur les trois premiers films de la saga, Penny Rose repart aux Caraïbes pour cette nouvelle aventure sur les traces de la Fontaine de Jouvence. Une trentaine de personnes travaille avec elle aux département Costumes pour habiller Jack Sparrow & Cie le temps du tournage. Une compagnie qui peut grimper jusqu'à 700 personnes sur certaines scènes. On ne chôme donc pas chez Mme Rose. Rencontre.

Episode 4

"Comme c’est une franchise, il y a une certaine direction à suivre, déjà développée dans les trois précédents films. Il a fallu travailler sur un nouveau personnage incarné par Ian McShane, Barbe-Noire ; Jack Sparrow reste le même, à part une nouvelle veste. Mais même dans son cas, nous produisons de nouveaux costumes. Nous reprenons parfois certains costumes des précédents pour les figurants ou les scènes de foule, mais nous faisons globalement en sorte de fabriquer de nouveaux costumes. Notre travail est donc dans la lignée des précédents épisodes, si ce n’est d’iventer les looks de nouveaux pirates, et notamment d’un nouveau méchant."

Jack Sparrow

"Nous lui avons fait un nouveau costume, fabriqué en douze exemplaires, quasi-identique à l'original si ce n'est une nouvelle veste, choisie par Johnny Depp parmi différentes propositions. Sinon, rien n'a vraiment changé, il y a des nouvelles touches de couleurs par-ci par-là, mais le Capitaine Jack est comme Mickey Mouse : il ne peut pas changer de vêtements et d'apparence. Concernant les doublures de Johnny Depp -trois cascadeurs-, nous adaptons les costumes aux cascades qu'ils doivent effectuer. Sans compter les doublures-lumières ou seconde équipe... Il n'est pas rare que nous ayons huit Jack Sparrow chaque jour sur le tournage."

Barbe-Noire

"A la fin du troisième film, on découvrait la cité des pirates et des costumes d'inspiration russe, chinoie, italienne, espagnole... Les styles étaient nombreux, et il n'y avait plus vraiment d'endroits où chercher l'inspiration. mais quand j'ai appris qu'ils avaient choisi Ian McShane, j'ai compris que Barbe-Noire serait un pirate un peu biker. Nous sommes donc allés dans une direction très cuir et motard pour lui, avec un look assez sombre et inquiétant. Il risque bien d'être mon dernier pirate original, car j'avoue ne plus savoir où trouver l'inspiration désormais !"

Barbossa

"Il travaille désormais pour la couronne, et se retrouve chargé de retrouver la fontaine de jouvence. Il a réussi, on ne sait pas vraiment comment, à obtenir un costume d'amiral. Le costume s'inspire d'un portrait de la National Gallery."

Angelica

"Son personnage porte quatre costumes différents dans le film. Son costume principal est composé de botte montantes, d'une longue veste cintrée, d'un corset en cuir, d'une ceninture et d'un manteau. On n'est donc pas dans un costume de pirate masculin, mais ce n'est pas non plus une robe car son personnage devait être aussi masculin que féminin. (...) Ca a été un peu compliqué de dissimuler la grossesse de Penélope Cruz : nous avons utilisé le corset, que nous élargissions toutes les deux semaines dans le dos pour suivre la grossesse."

Les sirènes

"Ce n'est pas un costume, car ça ne fonctionnait pas de la sorte. Nous nous sommes donc rabattus sur des maquillages et des effets visuels. Mon département n'a au final pas travaillé sur les sirènes."

Méthode

"Tous les accessoires datant d'avant 1850 sont soit en trop mauvais état, soit trop chers à acquérir ou à louer auprès des collectionneurs. Nous n'achetons donc rien : nous nous inspirons et nous fabriquons la plupart des costumes en plusieurs exemplaires. Il m'arrive de me balader au Marché aux Puces à Paris et d'acheter de grands morceaux de tissus que je transforme en vestes de pirates, par exemple. Nous fabriquons tout, même les chaussures. Sachant à partir de là, que tout est fabriqué à la façon des années 1750 : à la main, à l'ancienne. La seule touche de modernité, pour le confort des comédiens, est d'ajouter des semelles de caoutchouc aux chaussures. Mais à part ça, ni polyester -Jamais !- ni aucune autre matière moderne dans mes costumes. Pour nos recherches, nous allons beaucoup dans les musées, beaucoup sur internet aussi. Mais j'achète rarement sur internet, car j'ai besoin de toucher la matière. (...) Mon travail repose sur un trio : moi, le comédien et son personnage. Quand l'acteur quitte le département costumes, il doit pouvoir voir le personnage dans la glace. Et c'est important pour eux d'être à l'aise : si Ian McShane n'avait pas supporté les deux couches de cuir, nous aurions été voir le réalisateur pour lui suggérer d'explorer une autre approche pour ce costume. Les acteurs sont essentiels à mes yeux : sans eux, pas de costumes et pas de film tout court. C'est pour cela que j'attends toujours la fin du casting pour travailler sur les idées de costumes. C'est impossible pour moi de creuser des pistes créatives à la simple lecture du scénario, et d'essayer ensuite d'y faire entrer un acteur : je pars toujours des acteurs retenus par le réalisateur."

Propos recueillis par Yoann Sardet