Les essentiels de Robert Duvall - Page 9

Première fiction réalisée par Robert Duvall – il avait auparavant signé un documentaire et un docu-fiction -, Le Prédicateur offre au comédien l’un des rôles les plus hallucinants (ou plutôt hallucinés) de sa carrière. Il est cet homme qui rompt avec son passé et abandonne sa femme après avoir agressé un homme. En quête de rédemption, il devient prédicateur et propage la parole de Dieu dans le sud des Etats-Unis, assénant ses sermons comme autant d’actes de repentance. Sonny Dewey, homme de foi, n’en est pas moins un homme ravagé par la violence. Et Duvall s’y entend pour électriser le public et exprimer toute la rage qui est en lui. Chacun de ses gestes peut devenir meurtrier, chaque parole porte en elle la fureur. Tout comme le Kilgore d’Apocalypse Now est un exalté, un inadapté que seul le combat maintient en vie.

L’idée du film germe dans l’esprit de Duvall en 1967, lorsqu’il assiste au prêche d’un prédicateur. En 1984, il s’attelle au scénario, dont il accouche dans la douleur. Le résultat est tellement hors normes que Duvall ne trouve aucun producteur, obligeant l’acteur-réalisateur-scénariste à débourer 5 millions sur ses fonds propres. Longtemps boudé et rejeté, Le Prédicateur suscite, une fois terminé, l’enthousiasme de la profession, et les distributeurs font une cour empressée à Duvall. Succès public (plus de 20 millions de dollars au box-office US), le film assoit encore la réputation de Duvall, qui décroche une nomination à l’Oscar du Meilleur acteur et récupère, au passage, largement sa mise de départ. Il réitère cinq ans plus tard avec Assassination Tango, un film étrange et égocentrique qui ne convainc ni le public ni la critique.