Les essentiels de Robert Duvall - Page 6

L’approche de la soixantaine… C’est souvent à ce point d’une carrière qu’on songe, si ce n’était pas déjà fait, à monnayer sa légende, particulièrement lors de ces "coups" de casting associant un jeune loup (comme Sean Penn ici ou ensuite Tom Cruise) à un totem hollywoodien. Seulement voilà, Colors est l’œuvre du grand Dennis Hopper, tout sauf un père peinard, et ne ressemble pas franchement à une planque pour acteur-pantoufleur : soit l’itinéraire de deux flics du C.R.A.S.H., force de frappe vouée à enrayer la violence de gangs en guerre permanente, au coeur des ghettos de Los Angeles période eighties. Bob Hodges, vétéran proche de la retraite adepte des arrangements et autres modus vivendi type "police de proximité", doit se fader les méthodes de bulldozer du jeune chien fou Danny McGavin (a.k.a. Pac-Man), interprété par un vrai chien enragé, Sean Penn - lequel partira un bon mois derrière les barreaux pour avoir frappé un figurant qui le photographiait sur le plateau. Le cocktail, forcément, détonne, avant d'émouvoir. Si les looks ou les compositions d’Herbie Hancock font leur âge, Colors demeure cette œuvre âpre, nerveuse, dont il faut rappeler l’indépendance d’esprit, la qualité cinématographique et le caractère visionnaire (l’un des premiers films à s’intéresser au phénomène des gangs, tourné sur place), avec en son centre le policier bonhomme, désabusé et sobrement humaniste qu’incarne Duvall, coincé entre deux enragés, Hopper et Penn, et deux gangs toujours prêts à dégainer pour leurs couleurs, le rouge des Bloods contre le bleu des Crips.

Ci-dessous la bande-annonce du film, et le clip d’Ice-T, interprète du générique :