"Pretty Woman" et "Ghost" fêtent leurs 20 ans ! - Page 2

En novembre 1990, sortent sur les écrans français les cultissimes Ghost et Pretty Woman, deux histoires d’amour qui appartiennent au genre très codifié de la comédie romantique. L’un se déroule sur la côte Est et se regarde les yeux embués de larmes, l’autre se situe sur la côte Ouest et s’apprécie le sourire aux lèvres ! Demi joue le look dandy, cheveux courts et pantalon d’homme. Julia, quant à elle, arbore une chevelure aussi rousse que longue. Deux films que tout oppose à priori… Pourtant, à y regarder de plus près, Ghost et Pretty Woman sont assez similaires... Décryptage.

Des comédiens de charme

Dans un cas comme dans l’autre, le film repose entièrement sur la prestation de l’actrice. Tant Julia Roberts que Demi Moore arrivent à capter l’attention et la sympathie du spectateur. Les deux comédiennes dressent un portrait sans faille de la femme moderne : volontaire et déterminée, elles n’en restent pas moins sensibles. Et parce que le charme est l’un des ingrédients clés de la comédie romantique, le choix de ces deux actrices tombe sous le sens. Plastique de rêve, minois craquant… Elles arriveraient presque à nous faire oublier leurs partenaires masculins. On a dit presque... Richard Gere, en acceptant le rôle d'Edward, relance sa carrière. L'acteur transmet à son personnage son élégance et son sex appeal. Le duo sentimental qu'il forme avec Julia Roberts nous séduit. De son côté, Patrick Swayze a eu plus de mal à convaincre les producteurs de l'engager. Selon Jerry Zucker, il n'avait pas l'étoffe du rôle. Mais Tom Hanks, Harrison Ford, Tom Cruise et bien d'autres refusent d'interpréter un fantôme, pensant que cela nuirait à leur image et à leur carrière. Grand bien nous fasse ! Swayze, trois ans après Dirty Dancing, conquiert à nouveau le coeur de la gent féminine.

Un obstacle (in)surmontable

Tout semble idyllique pour ces deux héroïnes: Molly (Demi Moore) file le parfait amour avec Sam (Patrick Swayze) et Viviane (Julia Roberts) mène une vie de reine au Beverly Wilshire Hotel. Mais le bonheur n’est que de courte durée… Molly doit surmonter la disparition de l’être aimé, tandis que Viviane est sans cesse ramenée à sa triste condition… Dans un cas comme dans l’autre, l’obstacle paraît insurmontable. La condition sociale de l’une et le deuil de l'autre conduisent nos deux héroïnes à un point de non-retour. Viviane quitte précipitamment Edward et décide de partir refaire sa vie à San Francisco. Molly, désespérée, ne sait plus vers qui se tourner.

Le Happy End

Mais le propre d’une romance est d’offrir au spectateur un dénouement heureux et parfait, qui laisse également place au fantasme. Pretty Woman ne déroge pas à cette règle. Viviane a droit à une fin digne d'un conte de fée : son prince grimpe jusqu’à sa tour d’Hollywood Boulevard, et la délivre pour l’emmener non pas sur son cheval blanc, mais dans sa limousine. Quant à Ghost, le happy end est nettement moins happy, mais Molly parvient malgré tout à partager un dernier moment d’intimité avec Sam, avant que celui-ci ne disparaisse à jamais…

Le cas de Ghost

La teneur dramatique de Ghost peut générer le débat : s’agit-il oui ou non d’une comédie romantique ? Il est vrai que les scènes de comédie sont moins prononcées que dans Pretty Woman. Situé à mi-chemin entre le fantastique et le mélodrame, le film de Jerry Zucker brouille les pistes et mélange les genres. Pourtant, Ghost suit le schéma type de la comédie romantique : un couple, une histoire d’amour qui suit son cours, jusqu’au jour où… tout dérape ! Contre toute attente, les derniers rebondissements laissent entrevoir un dénouement heureux. Sam disparait, mais parvient à nous faire croire qu’il y a une vie après la mort, que l’abandon, après la perte d’un être cher, n’est pas total. Le spectateur (qui est, le plus souvent, une spectatrice) tombe sous le charme de ce couple, idéalise sa relation et déclare que l’intimité et la complicité de Sam et Molly est l’aboutissement d’une vie à deux. Pari réussi : Ghost nous fait rêver, le fantasme est né. Nous sommes bien là dans un cas irréfutable de comédie romantique, teintée, on l’admet bien volontiers, d’une bonne dose de fantastique !