Pretty Julia ! - Page 5

Quand Woody aime Julia...

Dans Tout le monde dit I love you, Julia est au cœur de tous les fantasmes. En tant que sujet tout d'abord qui, sur le divan de sa psychanalyste, exprime sans retenue ses désirs les plus secrets. En tant qu’objet ensuite, qui obnubile le héros du film joué par Woody Allen, un écrivain attiré par ses courbes et décidé à la satisfaire coûte que coûte, allant même jusqu’à lui souffler entre les omoplates pour la faire chavirer.

De New York à Paris en passant par Venise, nous suivons les déboires amoureux des membres d’une famille américaine éclatée, qui se retrouvent tout au long de l’année à l’occasion des fêtes traditionnelles. C’est par des moyens peu conventionnels  (sa fille espionne ses séances de psychanalyse) que Joe (Woody Allen) va faire la conquête de Von (Julia Roberts). Comblée dans ses moindres attentes, la belle est séduite un temps puis se lasse, satisfaite d’avoir vécu avec son fantasme fait homme et désireuse de retrouver l’imperfection plus tangible de son quotidien amoureux.

Si le film n’obtient pas le succès escompté, avec Woody Allen l’image de Julia Roberts est à nouveau sublimée. En effet, elle vient de tourner Mary Reilly sous la direction de Stephen Frears, à qui l’on reproche d’avoir dénaturé l'icône. Dans ce thriller dramatique, énième déclinaison du thème de Dr Jekyll et Mr Hyde, l'actrice est jugée trop sévère, trop maigre et pas assez souriante. Dans Tout le monde dit I love you, Julia redevient l’héroïne sexy et romantique qu’on aime retrouver, rêvant éveillée à l’amour parfait.

Au milieu d’un casting de choix, comptant Goldie Hawn, Tim Roth, Drew Barrymore ou encore Alan Alda, Julia Roberts sourit, court et…chante sous la direction du cinéaste new-yorkais, qui à l'époque dévoilait sans réserve et avec malice ses intentions de casting : « Avec ce film, j’ai voulu aussi me faire plaisir. Pendant un an, j’avais l’opportunité de faire des choses très très agréables. Passer du temps à paris et à Venise, écouter à longueur de journée toutes ces chansons que j’adore, me faire la tête de Groucho Marx, et…..embrasser Julia Roberts … »

Le saviez-vous?

Amoureux du jazz et de Broadway, Woody Allen voulait rendre hommage aux productions musicales qui ont animé le paysage cinématographique des années 30 à 50. Le cinéaste a attendu qu’ils signent leur contrat avant d’annoncer à ses acteurs qu’ils auraient à chanter, soucieux de privilégier l’émotion et la spontanéité véhiculées par leur voix novices et imparfaites. Un hommage aux productions de l’époque qui recrutaient leurs interprètes davantage pour leur popularité et leur apparence que pour leurs qualités vocales.

De "Respect" (Aretha Franklin) dans la voiture de Mystic Pizza, à "All my life" (Fats Waller) sur les quais de Tout le monde dit I love you, en passant par "Kiss" (Prince) dans le bain de Pretty Woman, Julia Roberts ne se prive jamais de pousser la chansonnette dans ses films.

Julia Roberts interprètera de nouveau une historienne d’art, sous la direction de Mike Newell dans Le Sourire de Mona Lisa en 2002.

Natalie Portman, âgée d’à peine 15 ans, interprète l’une des jeunes filles de la famille, éconduite par l’homme de ses rêves et décidée à « en finir avec l’amour ». La prometteuse actrice retrouvera Julia Roberts huit ans plus tard dans Closer, entre adultes consentants de Mike Nichols.