Cannes 2010 - Le Jury

Président du Jury : Tim Burton - Réalisateur / Etats-Unis

Considéré comme l’un des cinéastes les plus inventifs de sa génération, Tim Burton signe en 1990 le conte fantastique Edward aux mains d'argent, qui marque sa première collaboration avec son acteur fétiche, Johnny Depp. Le réalisateur s’essaie ensuite à différents genres cinématographiques tout en conservant sa patte fantastico-gothique, de la noirceur de Batman (1989) à la féérie de Big Fish (2003) en passant par la poésie sombre de Sleepy Hollow (1999). Présent à Cannes en 1994 pour Ed Wood en compétition officielle, le cinéaste y a également accompagné sa femme, Helena Bonham Carter, membre du jury en 2006. De retour sur la Croisette, après sa tournée mondiale pour la promotion d’Alice au Pays des Merveilles, Tim Burton est le premier créateur venu de l’animation à présider le Festival.


Kate Beckinsale - Actrice / Grande-Bretagne
Fille de parents comédiens, la britannique Kate Beckinsale obtient son premier grand rôle dans Beaucoup de bruit pour rien de Kenneth Branagh, en compétition au Festival de Cannes de 1993. En 1998, elle s’installe aux Etats-Unis et interprète, deux ans plus tard, le personnage féminin central de Pearl Harbor, une grosse production signée Michael Bay. Forte de ce succès, l’actrice s'essaie à divers genres cinématographiques, allant de la comédie romantique (Un amour à New York en 2001) au biopic ( Aviator en 2004), en passant par le thriller (Motel en 2007), avec un engouement assez prononcé pour les films de vampires (Van Helsing, Underworld et ses suites)...


Emmanuel Carrère - Ecrivain - Scénariste - Réalisateur / France
Ancien critique de cinéma chez Positif et Télérama, Emmanuel Carrère publie son premier livre en 1984 avant d’écrire des scénarios issus d’adaptations littéraires pour des téléfilms ou des films. L’écrivain qui scénarise aussi ses propres romans, tire son plus célèbre ouvrage de l'affaire Jean-Claude Romand, L' Adversaire, mis en scène par Nicole Garcia. En 2003, il signe enfin son premier film comme réalisateur, Retour à Kotelnitch, un documentaire très personnel inspiré par ses origines russes, et emblématique de sa réflexion sur l’identité. En 2005, son perturbant film La Moustache, fait sensation à la Quinzaine des Réalisateurs. Cette année, il scénarise son roman D'autres vies que la mienne, mis en scène par Philippe Lioret.

Benicio Del Toro - Acteur / Porto Rico
C’est en 1995 que Benicio Del Toro est révélé au grand public en gangster maniéré, dans le cultissime Usual Suspects de Bryan Singer. Féru de cinéma indépendant, l’acteur atteint la consécration six ans plus tard avec Traffic de Steven Soderbergh, dans lequel sa prestation de policier mexicain désabusé lui vaut l'Oscar du Meilleur second rôle. Il collabore avec des cinéastes de renom tel que Terry Gilliam dans le psychédélique Las Vegas parano, en compétition à Cannes en 2004. Avec Sin City l’année suivante, cet habitué de la Croisette est de nouveau à l’affiche d’un film cannois. Mais c’est encore Soderbergh qui lui offre un rôle à la hauteur de son immense talent avec Che, pour lequel il reçoit des mains du Président du Jury Sean Penn, le prix d’interprétation à l’unanimité en 2008.


Giovanna Mezzogiorno - Actrice / Italie
Née à Rome de parents comédiens, Giovanna Mezzogiorno fait des études de cinéma et connaît son premier succès en 2001 avec Juste un baiser de Gabriele Muccino. En choisissant avec soin des rôles dont elle entend s’imprégner avec justesse, elle s’affirme auprès des critiques et s’oriente alors vers la France et les États-Unis. Avec Vincere de Marco Bellocchio, son retour aux sources fait sensation, sa composition remarquée de femme bafouée de Mussolini la donnant favorite pour le Prix d’interprétation à Cannes l’année dernière. C’est en terroriste d’extrême-gauche qu’on la retrouve cette année, à l’affiche de La Prima Linea.


Victor Erice - Réalisateur / Espagne
Réalisateur rare mais fascinant, Victor Erice a produit trois longs-métrages en l’espace de 50 ans. Né à Carranza en 1940, il étudie le cinéma à Madrid avant de se lancer dans une série de courts-métrages et de films à sketchs. En 1973, il marque les esprits en signant L' Esprit de la ruche, une évocation noire et poétique du monde de l’enfance avec la jeune Ana Torrent. Dix ans après ce succès international, il met en scène Aurore Clément dans Le Sud, histoire d’une fillette fascinée par le passé mystérieux d’un père peu présent. C’est en 1992 que Victor Erice foule les marches du Palais des Festivals, avec son troisième long-métrage Le Songe de la lumière, récompensé par le Prix du Jury et de la Critique Internationale.

Shekhar Kapur - Réalisateur - Acteur - Producteur / Inde
Issu d’une famille de comédiens et de réalisateurs, Shekhar Kapur côtoie le septième art depuis son enfance. Ses débuts derrière la caméra ont lieu en 1983 avec Masoom. En l’espace de dix ans, il devient une figure emblématique de Bollywood, avec cinq films à son actif. Traversant les frontières, son cinéma s’impose ensuite à Hollywood et dans le monde entier. C’est en mai 1994 qu’il monte pour la première fois les marches de Cannes avec La Reine des bandits, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. La renommée internationale arrive en 1998 avec Elizabeth, incarnée par Cate Blanchett. A contre-courant, Shekhar Kapur change de registre en 2002 avec Frères du désert, un film sur les colonies britanniques. Le cinéaste s’est illustré cette année dans le film collectif New York, I Love You, actuellement en salles.

Alberto Barbera - Directeur du Musée National du Cinéma / Italie
Critique de cinéma italien, Alberto Barbera possède une carrière professionnelle qui en dit long sur son amour et sa connaissance du Septième Art. Après avoir dirigé, pendant la majeure partie des années 1990, le Festival international du jeune cinéma de Turin, il est nommé à la tête du Festival de Venise pour quelques années. Depuis 2004, Alberto Barbera occupe la fonction de directeur du Musée National du Cinéma de Turin. Un membre du jury tout désigné pour cette 63ème édition cannoise.

Alexandre Desplat - Compositeur / France
Initié à la musique classique grâce au piano, c’est par le biais d’un apprentissage perfectionniste qu’Alexandre Desplat développe son goût pour la composition au cinéma. Il signe ses premières bandes-originales à 30 ans avant de débuter sa collaboration avec le cinéaste Jacques Audiard pour Regarde les hommes tomber en 1993. Une relation fructueuse auréolée de récompenses, de Un héros très discret à Un prophète, Grand Prix à Cannes l’an dernier, en passant par De battre, mon coeur s'est arrêté pour lequel le compositeur remporte entre autres l'Ours d'argent à Berlin, et un César en 2006. Sa renommée internationale s’affirme grâce à des participations remarquées à des films tels que La Jeune fille à la perle de Peter Webber, The Queen de Stephen Frears pour lequel il décroche un Oscar en 2007 ou encore L' Etrange histoire de Benjamin Button de David Fincher en 2009. Alexandre Desplat oeuvre également pour la musique du dernier film de Terrence Malick, Tree of Life, longtemps espéré à Cannes cette année.

Les organisateurs ont invité un neuvième membre, actuellement emprisonné dans son pays.

Jafar Panahi - Réalisateur / Iran
Après des études de réalisation à Téhéran, Jafar Panahi remporte la Caméra d’or en 1995 pour son premier long-métrage Le Ballon blanc, réalisé avec l’aide de son ami Abbas Kiarostami. Les honneurs l’accompagnent ensuite pour Le Miroir, Léopard d'or au Festival de Locarno 1997, puis Le Cercle, Lion d’Or à Venise en 2000. Trois ans plus tard, Jafar Panahi met en scène le drame Sang et or puis signe avec Hors jeu en 2006 une réflexion critique sur la condition de la femme en Iran, pour lequel il se voit décerner le Grand Prix du Jury ex-aequo à Berlin. Jugé dangereux par le pouvoir en place, il est emprisonné depuis mars 2010. Une situation dénoncée par le Festival de Cannes qui lui manifeste alors son soutien dans un communiqué de presse mettant en avant une « oeuvre cinématographique reconnue dans le monde entier et récompensée dans les plus grands festivals », et qui le place « incontestablement au rang de ces artistes qu’[il] a pour vocation d'accueillir et de défendre, particulièrement dans des circonstances où leur art et leur liberté de parole, de travail et de mouvement sont en péril. »

Par Camille Lamourette, Laurent Schenck, Adrien Moreau-Ribstein, Charles Bouchet.