Le drôle d'univers de Scrooge
lundi 16 novembre 2009 - 05h00

Du roman original aux visages de Jim Carrey, en passant par Dickens et la performance capture, tout ce qu'il faut savoir sur "Le Drôle de Noël de Scrooge", c'est ici ! - Dossier réalisé par Maximilien Pierrette

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Charles Dickens, sa vie...
Si l'Angleterre victorienne tient une place importante au sein de l'oeuvre de Charles Dickens, c'est parce qu'il y a vécu. Né le 7 février 1812 à Portsmouth, il restera longtemps marqué par une enfance difficile (arrêt de ses études à 12 ans, emprisonnement de son père pour dettes), qui lui fait prendre conscience de la précarité de la vie. Publié en 1849, David Copperfield possède d'ailleurs des aspects autobiographiques, puisque Dickens s'est inspiré de sa propre vie pour écrire le roman.
Mais avant d'en arriver là, l'auteur a fait ses premières armes en tant que journaliste au Morning Chronicle, à l'âge de 22 ans. Sous le pseudonyme de Boz, il publie ses premiers récits en feuilleton, dont le succès lui vaudront la commande des Aventures de M. Pickwick, en 1836. Un an plus tard, Charles Dickens publie, par épisodes, l'un des ses chefs-d'oeuvre, Oliver Twist, qui attire l'attention par la pertinence de la critique sociale glissée au milieu de l'aventure flamboyante au coeur du récit.
Malgré le succès de La Vie et les aventures de Nicholas Nickleby (1838-1839), il se retrouve criblé de dettes, et décide, pour se refaire, d'écrire ce qu'il qualifie lui-même de "petite histoire de Noël", sans imaginer un seul instant que son Chant de Noël sera à ce point acclamé, ni même qu'il deviendra l'un des romans les plus célèbres d'Angleterre, pendant que Dickens en deviendra l'équivalent, version "écrivain".
Un statut que viennent confirmer David Copperfield (1849), Le Conte des deux villes (1859) ou Les Grandes espérance (1860-1861).
Très affaibli par un accident de chemin de fer survenu en 1865, Charles Dickens décède le 9 juin 1870, et reste, aujourd'hui encore, l'un des auteurs les plus populaires de Grande-Bretagne. Enfin, surtout dans les pays anglophones, puisqu'il n'est pas difficile de remarquer à quel point l'écrivain est moins célèbre en France qu'il ne l'est Outre-Manche. Et c'est pour cette raison que l'on a demandé à Colin Firth, encore lui, de présenter Charles Dickens aux Français.





Ceci étant dit, il est maintenant temps de se pencher plus en détails sur ses écrits.

... son oeuvre...
Car l'oeuvre de Charles Dickens, comme vous avez sans doute pu le constater, ne se résume pas qu'au seul Chant de Noël, sur lequel nous ne reviendrons pas ici, pour l'avoir présenté en long, en large et en travers précédemment. Par contre, la sortie en salles du Drôle de Noël de Scrooge représente l'occasion idéale de nous arrêter un instant sur ses autres romans :

- publié dès 1836 sous forme de feuilleton, Les Aventures de M. Pickwick (également appelé Les Papiers posthumes du Pickwick Club) est le premier roman de Charles Dickens. Mais l'idée originale n'est pas de lui, puisqu'elle a d'abord germé dans la tête du dessinateur Robert Seymour, qui s'est ensuite tourné vers celui qui n'était encore qu'un journaliste. Déjà remarqué grâce à ses publications dans le Morning Chronicle celui-ci enfonce le clou avec ce roman satirique qui ausculte les conventions sociales d'une certaine Angleterre au milieu d'un tourbillon d'humour.

- sans attendre la fin de la publication des Aventures de M. Pickwick, Charles Dickens démarre, en 1837, celle de son roman suivant : Oliver Twist. Publié sous forme de feuilleton jusqu'en 1839, l'ouvrage suit, comme le laisse supposer son titre, les aventures d'Oliver, un jeune garçon qui, après s'être enfuit de l'orphelinat et de la famille où il a été placé, échoue parmi la bande de petits voleurs élevés par le terrible Fagin, et découvre la réalité cruelle de la vie de rue.

- en même temps qu'il termine de publier Oliver Twist, Charles Dickens présente à ses lecteurs un nouveau héros : Nicholas Nickleby. Là encore, l'histoire se concentre sur un jeune homme qui se retrouve sans le sou, et découvre un monde extérieur bien plus rude qu'il ne l'imaginait. Sauf que Nicholas est plus âgé qu'Oliver, et que son aventure débute lorsqu'il obtient un poste de maître-assistant dans une école pour garçons, et se lie d'amitié avec homme à tout faire infirme.

- six ans après le succès de son Chant de Noël, l'auteur publie David Copperfield. Un roman à forte résonance autobiographique, puisqu'il se penche sur l'ascension sociale d'un jeune homme né dans la misère, et qui subvient aux besoins de sa tante en étudiant et travaillant comme un forçat, avant de devenir écrivain. Bien que raconté à la première personne et marqué par le thème, récurrent chez Dickens, de l'enfance malheureuse, David Copperfield apparaît plus comme une fiction, un roman dit "de formation", que comme une autobiographie.

- si beaucoup des romans de Charles Dickens retranscrivent l'époque de ce dernier, ce n'est pas le cas du Conte des deux villes, dont l'action est située à Paris et à Londres (qui apparaît comme un personnage à part entière dans l'oeuvre de l'écrivain), pendant la Révolution Française. Mais bien que se déroulant en 1793, l'ouvrage revêt une portée universelle, puisque la description de Dickens peut très bien s'appliquer à n'importe quelle autre révolution, comme en témoignent les premières lignes : "C'était la meilleure des époques, c'était la pire des époques, l'âge de la sagesse et aussi de la folie ; le temps des croyances et de l'incrédulité ; l'ère de la lumière et des ténèbres ; le printemps de l'espoir et l'hiver du désespoir."

- enfin, salué par beaucoup comme son meilleur roman, Les Grandes espérance (1860-1861) marque le retour de la première personne dans l'écriture de Dickens, pour une nouvelle histoire d'ascension sociale. Celle de Phillip Pirrip, alias Pip, jeune homme promis à une existence de simple villageois peu fortuné, mais qui se transforme peu à peu en riche gentilhomme après des rencontres avec un forçat évadé, ainsi que Miss Harvisham et sa fille adoptive, l'inaccessible Estella.


... et ses films
Bon bien sûr, quand on parle des films de Charles Dickens, il s'agit de ceux tirés de ses écrits, dans la mesure où, au moment de sa mort, Auguste et Louis Lumiere ne savaient peut-être pas encore qu'ils allaient créer le cinéma, et encore moins que l'oeuvre de Dickens y tiendrait une place si importante, avec plus de 180 adaptations (ciné et télé) de ses romans. En voici quelques exemples :

Les Aventures de M. Pickwick :

- Mr Pickwick's Predicament (1912) court métrage muet de J. Searle Dowley, avec William Wadsworth
- The Pickwick Papers (1913) de Laurence Trimble, avec John Bunny
- The Adventures of Mr Pickwick (1921) de Thomas Bentley, avec Frederick Volpe
- The Pickwick Papers (1952), de Noel Langley, avec James Hayter (photo ci-dessus)

Oliver Twist :

- Oliver Twist (1909), court métrage muet de de John Stuart Blackton, avec Edith Storey
- Oliver Twist (1922) de Frank Lloyd, avec Jackie Coogan (le petit héros du Kid - photo ci-dessus, en haut à gauche)
- Oliver Twist (1948) de David Lean, avec John Howard Davies (photo ci-dessus, en haut à droite)
- Oliver ! (1968), la comédie musicale de Carol Reed avec Mark Lester (photo ci-dessus, en bas à gauche)
- Oliver et compagnie (1988), film d'animation de George Scribner pour les studios Disney (photo ci-dessus, au centre)
- Oliver Twist (2005) de Roman Polanski, avec Barney Clark (photo ci-dessus, en bas à droite)

Nicholas Nickleby :

- Nicholas Nickleby (1912), court métrage muet de George Nichols avec Harry Benham
- Nicholas Nickleby (1947) d'Alberto Cavalcanti, avec Derek Bond
- The Life and Adventures of Nichols Nickleby (2001), téléfilm de Stephen Whitaker avec James d'Arcy (photo ci-dessus, à gauche)
- Nicholas Nickleby (2002) de Douglas McGrath, avec Charlie Hunnam (photo ci-dessus, à droite)

David Copperfield :

- David Copperfield (1911) court métrage muet de Theodore Marston, avec Flora Foster (David enfant) et Ed Genung (David adulte)
- David Copperfield (1922) d'A. W. Sanders, avec Gorm Schmidt
- David Copperfield (1935) de George Cukor, avec Freddie Bartholomew (David enfant - photo ci-dessus, à gauche)
- David Copperfield (2000) de Peter Medak, avec Hugh Dancy (photo ci-dessus, à droite)

Conte des deux villes :

- A Tale of Two Cities, film muet de 1907
- A Tale of Two Cities (1911), court métrage muet de William Humphrey avec Maurice Costello
- Le Marquis de Saint-Evremond (1935) de Jack Conway, avec Ronald Colman (photo ci-dessus, à gauche)
- Le Conte des deux villes (1958) de Ralph Thomas, avec Dirk Bogarde (photo ci-dessus, à droite)

Les Grandes espérances :

- The Boy and the Convinct (1909), court métrage muet de David Aylott
- Great Expectations (1917), film muet de Robert G. Vignola et Paul West, avec Jack Pickford
- Great Expectations (1934) de Stuart Walker, avec Phillips Holmes
- De grandes espérances (1946) de David Lean (encore lui), avec John Mills (photo ci-dessus, à gauche)
- Great Expectations (1971) de Leonhard Gmür
- De grandes espérances (1998) adaptation moderne d'Alfonso Cuarón, avec Ethan Hawke (photo ci-dessus, à droite)
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Commentaires

  • darkscorpinok

    message déjà posté grrr

  • elise d.

    vous avez oublié "david copperfield" avec daniel radcliffe

  • St?phanie F.

    NE VOUS LAISSEZ PAS ABUSER PAR LA PRESENTATION "CONTE DE NOEL" DU FILM "LE DROLE DE NOEL DE SCROOGE"....ce n'est absolument PAS un conte de noël....et encore moins à voir en famille avec vos enfants (les miens ont 5 et 8 ans)...j'ai l'impression d'avoir été abusée par ceux qui montent les présentations de film....c'est... une horreur du début à la moitié (nous sommes partis à la moitié).......le personnage de Scrooge est immonde...peut-être redevient-il plus aimable à la fin (nous ne le saurons pas!)...mais les différentes interventions des monstres, cadavres, fantômes et autres bestioles sympathiques n'étaient agréables ni pour nos enfants ni pour nous (ça rendait l'ensemble du film malsain!)....et ne nous laissaient pas forcément imaginer une fin agréable!!!! BREF...A NE PAS VOIR A MON SENS...JE NE VOIS PAS OU EST LA MAGIE DE NOEL DANS DE TELLES IMAGES!!!

  • Erindal

    L'histoire de Scrooge et de ce "compte de Noël" est tellement célèbre, et a été tant de fois usée (notamment dans le noël de Mickey que mon fils adore) que je suis étonnée devant votre surprise lors de votre séance de cinéma. La bande-annonce, ne prêche d'ailleurs rien de féerique et me semble conforme à l'histoire originale de Dickens.
    Mais comme vous avez raté la moitié du film, forcément vous n'y verrez jamais ni la magie de Noël et encore moins la morale de l'histoire.
    En définitive, cela ne sert à rien d'utiliser majuscules à foison pour rebuter le spectateur, qui lui je l'espère saura ou il met les pieds.

  • chizzkiss

    Je crois que vous n'avez pas compris ce que beaucoup ont ressenti pour un conte de Noël en règle général réservé aux enfants? Je l'ai vu en avant première dans une salle de 2000 pl et une majorité d'enfants: un bon nombre est sorti avec des parents écoeurés. Certes vous avez parfaitement raison puisque fidèle au livre de Dickens mais pensez vous que les enfants raisonnent au second degré en ces temps de fête?
    Qu'auriez vous aimé si vous aviez 5 ou 8 ans? le regarder sûrement avec votre Noël du passé ? L'avez vous, vous aussi oublié ?
    Allez, laissez à votre fils encore cette part de rêve et je vous souhaite un joyeux Noël

  • mat-mars

    jim carrey est un super acteur, il est génial!!

  • Sopra27

    Moi et ma femme on a adoré ce film! Par contre il est vrai qu'envoyer des enfants voir ça c'est un peu limite même si je doute qu'ils fassent des cauchemars.

  • Sopra27

    Quand on voit la qualité de textures de Scrooge, et encore c'est volontairement caricaturé! On peut se dire que d'ici quelques années, la moitié voir les 3/4 des producteurs seront en performance capture!

  • Sopra27

    productions* pardon :)

  • ElisabethSwann

    J'ai découvert ce conte de noël grâce à Disney et c'est certainement cette version qui restera dans ma mémoire.... Je l'ai revu dernièrement ce Noël de Mickey et j'ai pleuré comme la première fois. Qu'importe l'adaption que l'on peut faire si vous ne ressentez pas un petit quelque chose... J'irais quand même voir ce Scrooge là mais c'est d'emblée que l'unique Scrooge sera toujours Picsou...

  • prevalain

    J'ai connu A Christmas Carol dans la version tournée au début des années '50. Il y avait là tout le charme des films de cette époque t toute la naïveté qui manque aujourd'hui au cinéma, particulièrement au cinéma destiné aux enfants. Certainement l'un des films les plus touchants qui ont bercé mon enfance. J'irai voir celui-ci, j'espère sans préjuger du résultat, et avec un esprit ouvert. J'espère pouvoir donner ainsi à mes enfants un peu de ce charme si particulier qui contribue à la "magie de Noël" dans la culture dont je suis issu.

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