Avis sur Hippocrate

"Hippocrate" a été pour moi une vraie révélation, tant ce film à l'esprit quasi documentaire est bien plus que ce qu'il parait !
Un peu dans la veine de "Polisse" de Maywen qui m'avait déjà fortement impressionné, celui de Thomas Lilti sur le milieu de l'hôpital, semble encore plus saisissant et humain !
C'est sans doute ce côté affectif de son propre rapport à la maladie et aux soins, qui fait pour le coup toute la différence.
Sans nul doute, pour qui aura connu le parcours du combattant face à la maladie dans les couloirs d'un hôpital, ce film résonnera avec beaucoup d'intensité et de vérité...
Malgré le scénario de cette fiction, malgré le jeu des comédiens qu'on croirait être de vrais patients ou de vrais soignants, on est complètement happé par les enjeux mis en place à travers les doutes et les solutions du personnel qui diffèrent de l'un à l'autre, selon ses propres idées, sa propre philosophie.
Toute la tension, tous les désaccords qui apparaissent au sein de l'équipe deviennent épidermiques et passionnants à suivre...
On mesure ainsi les difficultés, les limites personnelles et matérielles de ces hommes qui se battent tant et plus pour le même but à atteindre sans compter...
Plusieurs scènes sont ainsi terriblement efficaces comme les échanges musclés des uns et des autres, la montée de la colère de cette équipe à bout d'avoir si peu de moyens !
On suit également le rapprochement touchant d'Abdel (étonnant Reda Gateb) et du jeune Benjamin (Vincent Lacoste pas mal du tout) dont la situation n'est pas si évidente...
Thomas Lilti nous offre un très beau film mêlant une belle histoire à l'étude d'un milieu qui ici, nous atteint au plus profond, par son humanité et sa sincérité !
Et sans aucun doute pour préserver le seul et unique cadeau essentiel qu'est La Vie l
Chapeau !

Bien loin du film choral, le film qui suit principalement le duo de médecins trouve sa force dans la qualité d'écriture et surtout d'interprétation de tous les seconds rôles donnant à l'ensemble une vraie force. Sur la forme, le son et l'image, on note cette même implication dans la recherche du détail. Du coup, son relief social se présente naturellement, sans démonstration de force. L’équilibre entre humour et choses plus graves est parfait. On en prendrait pour une heure de plus!

Oubliez ce que vous pensez savoir sur la médecine, oubliez Dr House, dans Hippocrate pas de virtuoses du scalpel, pas de super héros du diagnostic, voici la médecine, la vraie, celle de tout les jours pratiquée par des gens normaux, humains et qui se tapent la paperasse. Inspiré de ses années de médecine le réalisateur de Les Yeux Bandés (2006) offre surtout une critique et un constat que ce qu'est d'être médecin aujourd'hui. Le tout est très noir, matériel manquant et cassé, hôpital sale, surmenage de l'équipe, patient mal installés et ras le bol du personnel qui est manifesté par la grève. Le réalisateur et ancien médecin Thomas Lilti offre ici un documentaire qui croise la fiction en racontant une histoire grandement simple qu'est celle de Vincent Lacoste entrant dans un hospice comme interne et qui petit à petit va péter les plombs n'aimant pas son métier. Caméra en permanence en mouvement, acteurs (très) investis et dialogues toujours riches. Lilti livre un superbe bilan de sa carrière de médecin, accompagner des malades en face terminale, amitié avec un collaborateur étranger, fêtes improvisés, culpabilité de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. Ce sont des choses que Lilti a vécu (mais pas à ce degré de gravité) et qu'il nous invite à voir en s'affranchissant des clichés et de raccourcis pour simplement filmer la vie sans délaisser des enjeux très présent. Le charme d'Hippocrate vient surtout de sa critique du métier et la manière dont il nous est offert sur grand écran, simple, peu constructif mais efficace et qui se regarde de manière très agréable avec des ressorts comiques judicieusement placés malgré une histoire simpliste et peu d'action sans compter les retournements de situation un peu cliché comme notamment l'engueulade avec le directeur.

Bilan :
Sans être une leçon de cinéma Hippocrate s'avère parfait en tant que semi film documentaire à la réalité touchante et aux personnages attachant.

une plongée saisissante dans le milieu de la médecine avec toutes les contraintes
et toutes les responsabilités a prendre.
des moments intenses, des moments de tristesse, des moments rares de joie.
a noter la prestation extraordinaire de Reda Kateb avec enfin un grand rôle
a la mesure de son immense talent.

Je commencerais par reprocher à la bande annonce du film d'être trop bien, elle montre beaucoup de ce qui constitue l'intérêt de ce film. Pour autant, c'est un réel bel hommage à l'hôpital public, à ceux qui y exercent, qui y séjournent en se montrant patients, à ceux qui y travaillent autrement. Suivre le parcours des déchets jusque dans les sous-sols et jusqu'à l'incinérateur, se rendre à la lingerie, voilà des parcours auxquels on n'a généralement pas accès. Il y a tout ce qui concerne la logique folle de la rentabilité, du contrôle des dépenses, des restrictions de personnels, qui précarisent le service de santé publique. Et là la dimension politique est à l'honneur : l'administration qui au nom des ressources humaines prend le pas sur le soin, voilà un enjeu que le film expose. Et puis, il y a surtout les "FFI", non pas ces combattants glorieux du débarquement, mais ces médecins d'origine étrangère désignés comme "Faisant Fonction d'Interne", qui sont exploités, vivent dans la précarité et espèrent accéder à une reconnaissance de leurs compétences en France. Reda Kateb en constitue un éloquent porte-parole, un étendard glorieux. Ici, il joue le rôle d'un médecin compétent, dévoué, maîtrisant la langue française, soucieux d'une approche humaniste des patients. Il aura un rôle formateur auprès de Benjamin (Vincent Lacoste) qui joue le rôle du jeune interne, fils du patron du service (ce cher Jacques Gamblin). Plusieurs seconds rôles sont à souligner : Marianne Denicourt, Philippe Rebbot, Carole Franck, parce qu'ils sont parfaits dans leur rôle et que l'on a plaisir à les voir jouer. Les couloirs de l'hôpital sont aussi magnifiquement filmés. Cela n'est pas sans évoquer la pièce formidable intitulée "Des gens", qu'avait adapté Zabou Breitman à partir du documentaire de Raymond Depardon. Dans cette pièce, on marchait beaucoup, on arpentait les couloirs de l'hôpital. Bravo Thomas Lilti, on voit que vous connaissez l'univers que vous filmez et ça fait du bien que quelqu'un tire la sonnette d'alarme en soulignant que la prise en charge hospitalière, c'est une formidable aventure humaine, qu'il faut protéger, préserver et que ce n'est pas sur cette humanité qu'il faut rogner pour économiser.

Mention spéciale à Reda Kateb qui est magnétique sans en faire trop. Vincent Lacoste en fils à papa un peu lâche prouve qu'il a sa place dans le monde du cinéma.

Le film est très réaliste (par moments très dur aussi) du monde hospitalier, des internes (les fêtes, les premières erreurs, ..). Thomas Lilti maîtrise son sujet et cela se voit.

Un film qui mérite d'être vu.

Si l'on devait retenir une morale de cette histoire, c'est bel et bien l'humain d'abord. Et justement, pour mettre l'humain au centre de tout, il faut sortir des préconcepts et des préjugés et se concentrer réellement sur la personne qui se trouve en face de nous.
Ce film montre bien que l'humain est plus important que les règlements et les mois et l'assistance publique a tendance à l'oublier ces derniers temps en ne pendant qu'à la rentabilité, aux déficits et moins à l'humain.
Ainsi, les deux personnages principaux, Benjamin et Abdel, en viennent à tisser une relation qui fera d'eux de meilleurs personnes, de meilleurs médecin et qui sait, contribuera aussi à améliorer l'hôpital. Film à voir, 5 étoiles sans aucune hésitation et mention spéciale à Reda Kateb.

Au cœur de la réalité du système hospitalier français, pour être à la même place que le personnage principal en tant qu'interne, je dis bravo au réalisateur. On a rarement fait un film aussi cohérent et vrai, bien loin de grey's anatomy et dr house. Un film chamboulant.

Une comédie dramatique qui, entre rire et émotion, nous offre une véritable immersion dans le milieu hospitalier. Une réalisation qui convainc rapidement par son réalisme et sa justesse, par sa précision quasi documentaire, ainsi que par sa construction, se présentant comme un récit initiatique sur fond de chronique sociale. De plus, on observe de très bonnes interprétations des acteurs, en particulier du duo principal, que ce soit Vincent Lacoste mais surtout Reda Kateb. Un film efficace, vrai et sensible !

J'y suis surtout allé pour le casting. J'aime beaucoup Reda Kateb et (la trop rare) Marianne Denicourt. Jacques Gamblin est toujours impeccable et Vincent Lacoste me fait toujours bien rire depuis Les beaux gosses. Parfaitement dirigés, très vite on les oublie pour se focaliser sur les personnages. Car le film est aussi très bien écrit et intelligemment mis en scène, dans un souci de réalisme à la limite du documentaire. Thomas Lilti sait de quoi il parle, il a été médecin dans l’hôpital où le film a été tourné. Il nous offre une très belle mise en lumière sur un univers de plus en plus en difficulté. Sans concession, avec gravité et sérieux mais toujours avec tendresse et humour. On en ressort avec un sentiment paradoxal mêlé de méfiance et de confiance envers le milieu hospitalier et la fourmilière de personnages (de moins en moins donc...) qui y travaillent et se donne sans compter. Une belle surprise pour un film fort et émouvant sur une réalité qui nous touche tous un jour de près ou de loin. Une réussite.

Dans la lignée directe des films de Tavernier, ou des documentaires de Depardon.
De l'émotion qui sonne vraie, sans tambour ni musique.

Une parfaite réussite... Le fait que le réalisateur connaisse parfaitement le milieu dont il parle se sent tout au long de ce film qui sait allier drame, comédie et réflexion pertinente sur le monde de l'hôpital. Rien à redire à ce scénario parfait.

La tension monte... ! Hippocrate dépeint avec justesse la dure réalité du monde hospitalier ainsi que les difficultés et les problèmes des médecins, qu'ils doivent surmonter au quotidien. On voit réellement dans l'oeuvre de Thomas Lilti que c'est un métier difficile et qui faut parfois imposer des choix dans l'immédiat selon les lourdes conséquences. Et, le film est d'un réalisme saisissant. Il est plein de vérité et de sensibilité avec de très bonnes interprétations de Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin. Ces derniers fournissent une belle énergie devant cette production profonde. Bien réalisé, elle offre des moments de bravoure comme spoiler: la séquence des grévistes
et des moments de rires et d'autres d'émotions intenses. Le scénario est bien construit, une histoire qui part de l'intime pour aller au général. Des plans maîtrisés dans des espaces confinés. La bande sonore est presque absente mais la fin du récit est très belle. Les décors et l'atmosphère respectent bien le milieu hospitalier, cela est pertinent. On peut dire que Hippocrate est une comédie sociale drôle et attachante qui traite son sujet avec brio de façon original. C'est souvent prenant mais très humain. Le réalisateur a fait un travail soigner. On se sent bouleversé dès qu'on a vu ce film subtil. Un long-métrage français réussi.

Hippocrate c'est un film qui ne paye pas de mine mais qui se révèle être malgré tout assez intéressant. En fait ce qui est plaisant dans le film c'est le côté très vrai du truc. On débarque avec le personnage, on est perdu, on ne sait pas trop comment ça se passe, on appréhende petit à petit les patients, les personnages, mais aussi les tensions, les revendications internes. Et ça c'est intéressant.

C'est vraiment un film qui prend le parti du corps médical dans la lutte pour avoir plus de moyens, devant l'absurdité de certaines situations... Je pense à l'ECG que l'on peut reprocher de ne pas avoir fait alors qu'il n'y en a pas, on croirait rêver. Mais il ne s'arrête pas à un éventuel côté un peu syndicaliste il va aussi aborder d'autres questions en filigrane comme l’acharnement thérapeutique, le fait que les patients ou la famille puissent se retourner contre l'hôpital, etc. Et le tout sans alourdir le film avec des intrigues trop personnelles (genre ou une romance ou autre), pareil on n'insiste pas trop sur le fait que le père de Lacoste soit le directeur du service (ou je sais pas quoi), on aurait pu tomber dans le piège du mélo familial.

Mais même dans sa globalité le film arrive à esquiver habilement tous les moments où ça aurait pu donner n'importe quoi, le film arrive à rester très sobre là où il aurait été facile de faire du pathos et ça c'est appréciable.

Si je n'ai jamais été réellement confronté à ce milieu j'ai l'impression que c'est bien plus proche de la réalité que je ne sais quelle série américaine... Là personne ne fait de miracle et on cette ambiance graveleuse qui peut déranger que l'on retrouve en fac de médecine. D'ailleurs je ne sais pas si ce n'est que moi que ça dérange de voir des médecins et futurs médecins brandir un vit turgescent comme une épée et ordonner à quelqu'un de mimer une levrette. Cette institutionnalisation de la débauche me gène (je n'ai rien contre le graveleux, au contraire, mais en faire une règle, pour des gens censés sauver des vies...) et j'ai l'impression que le film la condamne également en plaçant ses personnages loin de cette ambiance que certains oseront qualifier de "bon enfant".

En somme ça dit plein de trucs mais rarement gratuitement (un peu sur la fin) sur l'hôpital et ce qui s'y passe et peut-être que c'est un film qui s'il a du succès pourrait peut-être participer à la sensibilisation du public (et des politiques, mais ne rêvons pas trop) sur les conditions des hôpitaux, du manque de moyens, etc.

Le film n'est bien sûr pas parfait, quelques petites maladresses notamment sur la fin où tout est un peu trop simple... et ça dénote avec le reste du film un peu plus sombre... On pourrait reprocher le manque d'émotions, c'est un peu trop mécanique dans ce qu'il montre pour être réellement surprenant, on a ce problème d'un film qui à l'inverse d'un Depardon ne va pas montrer une tranche de vie d'un servie hospitalier mais qui va montrer que des choses utiles pour raconter l'histoire et faire passer le message qu'il veut faire passer, du coup ben ça roule un peu des mécaniques. Le fait que l'on ait une mise en scène juste efficace, sans grand génie, n'aide pas à sublimer les moments ou à faire passer des choses par le non dit, ici tout est explicite et explicité par le dialogue. C'est un peu dommage.

Attention, attention, contrairement à ce semble esquissé la bande annonce, ce n'est absolument pas une comédie (malgré l'acteur principal Vincent Lacoste vu dans les beaux gosses, je crois ?)....
On est ici dans un drame doublement poignant parce qu'en plus d'une histoire personnelle (Vincent Lacoste en stage d'interne dans un hôpital parisien tenu par son père Jacques Gamblin), il montre l'envers du décor en hôpital, au travers "d'accidents médicaux" de grande ampleur.....C'est carrément dramatique et pas conseillé à ceux qui n'ont pas trop le moral (on assiste à des ponctions lombaires, des réanimations, et beaucoup d'autres aspects peu attrayants de la vie en hôpital...
Mais le film lui est fascinant et vous prend aux tripes, avec le cas d'un autre interne (le formidable Reda Kateb) dont la conscience professionnelle exemplaire le mènera à sa perte), ce sont de belles histoires, des moments crus d'émotions menés avec une direction d'acteurs dont il faut souligner la précision et la maitrise.....
Le message final du film est presque politique, (il faut faire quelque chose pour l'hôpital), mais c'est romancé avec brio et réalisme et avec énormément de qualités dynamiques.....J'ai été étonné par la qualité du film, emporté par ses personnages..................Je conseille .....