En 14 longs métrages et 25 ans, les studios Pixar se sont imposés comme la référence mondiale en matière d'animation. A l'occasion de la sortie en salles de "Monstres Academy", leur dernière pépite, retour sur la création de chacun de leurs longs métrages, qui ont marqué l'imaginaire et les rêves de toute une génération... Dossier réalisé par Thomas Imbert
Monstres & Cie de Pete Docter, David Silverman et Lee Unkrich (2001)
De quoi ça parle ?
Monstropolis est une petite ville peuplée de monstres dont la principale source d'énergie provient des cris des enfants. Monstres & Cie est la plus grande usine de traitement de cris de la ville. Grâce au nombre impressionnant de portes de placards dont dispose l'usine, une équipe de monstres d'élite pénètre dans le monde des humains pour terrifier durant la nuit les enfants et récolter leurs hurlements. Le Terreur d'élite le plus réputé de Monstres & Cie s'appelle Sulli. Une nuit, alors qu'il se trouve à l'"Etage de la Terreur", il s'aperçoit qu'une porte de placard n'a pas été fermée correctement. Pour vérifier que tout est en place, il l'ouvre, permettant sans le vouloir une petite fille de pénétrer dans son monde.
Pourquoi le (re)voir ?
-Pour un humour omniprésent, qui laisse toujours la place à l'émotion quand c'est nécessaire
-Pour la petite Bouh, adorable !
-Pour la scène des portes à la fin du film, remarquable d'ingéniosité
La naissance du film
En 2000, après le deuxième succès retentissant de leurs jouets superstars, le soleil semble briller plus que jamais sur l’horizon Pixar. Alors que le monde est à l’aube d’un nouveau millénaire, une nouvelle ère commence aussi pour les studios de John Lasseter, qui fêtent leur 15ème anniversaire, et qui déménagent dans leurs nouveaux locaux (beaucoup plus spacieux) de San Francisco. Et à nouveaux bureaux, nouveaux projets : les artistes de chez Pixar ont désormais la possibilité de réaliser un film par an, et ont bien l’intention de s’y tenir !
Le premier de ces nouveaux projets, déjà amorcé avant le déménagement des équipes, a été confié au vétéran Pete Docter, véritable bras droit de John Lasseter. Le jeune animateur compte bien se montrer à la hauteur de ce dernier, et lui permettre de prendre en toute tranquillité des vacances bien méritées (car révolutionner le monde de l’animation en réalisant coup sur coup trois longs métrages, ça a tendance à fatiguer...).
"Que se passerait-il si les jouets prenaient vie ?" et "A quoi ressemblerait le monde du point de vue d’une fourmi ?", s’était successivement demandé John Lasseter. Pour succéder aux jouets de Toy Story et aux insectes de 1001 Pattes, Pete Docter bâtit lui aussi son histoire sur une simple question. "Et si il y avait vraiment un monstre caché la nuit dans l’armoire d’une chambre d’enfant ?". Partant de cette idée, il imagine alors un monde dans lequel les monstres se nourriraient des cris des enfants.
Défiant encore une fois les limites de la technologie pour créer les innombrables décors de Monstres & Cie, inventant un tout nouveau programme informatique pour animer les quelques millions de poils de l’attachant Sulli, les magiciens des studios Pixar parviennent une fois de plus à sidérer le monde entier. Maniant l’émotion avec un génie sans cesse grandissant, la petite lampe de bureau pulvérise ses propres records au box-office.
Mais malgré les bonnes critiques obtenues par le film, la seule ombre au tableau vient de la Cérémonie des Oscars où, en 2002, la catégorie Meilleur Film d’Animation apparait pour la première fois. Coiffant au poteau les monstres de Pixar, c’est le non moins célèbre Shrek, de Dreamworks, qui s’empare de la statuette. La rivalité entre les deux studios, qui ne date pas d’hier, n’est malheureusement pas prête de s’arrêter…
Le saviez-vous ?
A la fin du film, dans la chambre de Bouh, la petite fille tend plusieurs de ses jouets à Sulli. Parmi ces objets, on peut ainsi remarquer un ballon apparaissant dans les premiers courts métrages Pixar, une poupée Jesse (en référence à Toy Story 2), et enfin un petit poisson orange. Il s’agit de la première apparition à l’écran de Nemo, le jeune héros du prochain long métrage Pixar, alors en production. Depuis, l’habitude de glisser dans leurs films un indice sur leur prochain projet s’est transformée en coutume pour les studios Pixar.
En voyageant de porte en porte à la fin du film, Léon, le méchant caméléon, se retrouve un instant dans une caravane, qui n’est autre que celle qui figure dans 1001 Pattes. La camionnette Pizza Planet, garée juste à côté, n’a d’ailleurs pas bougé d’un pouce.
Dans le film, Bob et Célia se retrouvent dans un restaurant appelé le Harryhausen. Il s’agit d’un hommage à l’un des grands noms de l’animation en volume (ou stop-motion), Ray Harryhausen, à qui l’on doit notamment les effets spéciaux et les créatures de Jason et les Argonautes.
On peut apercevoir au beau milieu de Monstropolis un restaurant nommé le Hidden Cafe. Cet établissement existe bel et bien à San Francisco, et a même longtemps été une sorte de QG pour les animateurs Pixar, qui s’y retrouvaient pour discuter de leurs projets. C’est d’ailleurs dans ce restaurant que sont nés des projets tels que WALL·E, Le Monde de Nemo et… Monstres & Cie.
Vous vous êtes toujours demandé quel était le véritable nom de la petite Bouh ? Facile ! Il s’agit de Mary. C’est en tout cas ainsi qu’elle semble avoir signé les dessins qui sont affichés sur les murs de sa chambre. Ce choix de la part des animateurs peut être vu comme un hommage à Mary Gibbs, la (très) jeune actrice qui double Bouh.
A l’origine, le protagoniste du film n’était pas Sulli mais George Sanderson, le monstre orange qui se fait arrêter à plusieurs reprises pas les autorités de Monstropolis pour être "décontaminé". Dans le scénario original, George Sanderson était un monstre incapable de faire peur à qui que ce soit, jusqu’à ce qu’il rencontre une petite fille qui lui enseigne comment être effrayant.
Au moment du doublage de la petite Bouh, les artistes du film n’ont pas réussi à faire tenir en place la jeune Mary Gibbs, qui devait prêter sa voix au personnage. Ils ont donc pris le parti de la suivre là où elle souhaitait aller, équipés d’un micro.
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