Mais bon sang, qui a donc tué la jeune Rosie Larsen? Au terme de cette seconde saison du show de Veena Sud, nous aurons notre réponse. L’enquête policière ayant débuté dès les premiers instants de la saison initiale, il faudra alors, mis bout-à-bout, 26 épisodes d’enquête troublante pour que lumière soit faite sur une intrigue à la fois captivante et sordide. S’adressant prioritairement aux inconditionnels du feuilleton policier, The Killing, dans sa version américaine, démontre toutefois bien d’autres ambitions que le simple fait de divertir par le suspens. A l’instar d’une première saison très bien réalisée, techniquement, nous reprenons ici les mêmes bases structurelles, les mêmes décors austères de l’Etat de Washington, la pluie incessante, les rues grises de Seattle, et surtout le même rythme narratif tranchant et ouvrant, à chaque fin d’épisode, l’appétit vorace d’en savoir d’avantage encore. Classique, certes, le procédé s’avère pourtant, dans les mains de personnages à l’habilité indiscutable, d’une rare efficacité.
Si cette seconde saison démarre d’une manière un peu confuse, avouons que nous tournons un poil en rond durant sa première moitié, son final comblera tout un chacun, dans les larmes, les cris et les révélations à faire s’hérisser les cheveux dans la nuque. De fausses pistes en hypothèses vaseuses, notre tandem de flics, dans un climat politique et professionnel malsain, parvient finalement à confondre coupables et fautifs, qu’il conviendrait aussi bien de conjuguer au singulier comme au pluriel. Veena Sud n’a décidément pas fait les choses à moitié, à la manière de l’excellence dont font maintenant preuve les auteurs scandinaves dans le domaine du polar. Jamais téléphoné, jamais aléatoire, le show repris par Netflix est un sans-faute narratif, et cela constitue un atout singulier tant ce type de série fourmille sur les écrans du monde entier. Solide prétendant, donc, que ce The Killing, au titre de feuilleton policier de cette nouvelle décennie. Attention, je dis bien feuilleton et nous anthologie.
La série fonctionne parfaitement, en surplus de son intrigue, notamment de par l’implication admirable de ses comédiens. Les deux têtes d’affiches, flics désabusés et seuls face au monde entier, Sarah Linden alias Mireille Enos, ainsi que Stephen Holder alias Joel Kinnaman, font montre d’un charisme respectable au vu du support. Les deux comédiens, à l’expérience cinématographique déjà passablement éprouvée, tire le char vers l’avant et entraîne avec eux de multiples personnages très convaincant. On pense là notamment au fameux conseiller Richmond et plus particulièrement la famille Larsen, captivante. Tout le monde tire alors à la même corde et la tension, la passion et le suspens ne font que croître au fil des épisodes. L’ensemble tient fort bien la route, le tout sous les caméras de metteurs en scène très habiles pour ce qui est de rendre la vision du show très filmique. En effet, artistiquement, The Killing US est une très belle démonstration de mise en scène, incluant perpétuellement la pluie coriace automnale et de nombreuses vues aériennes très précises, techniquement, de la métropole de Seattle.
Seconde saison qui conclut donc l’enquête Larsen dans la douleur mais en toute grâce, on pourra aisément rapprocher les deux premières saisons l’une de l’autre, indissociables. Les 18 épisodes qui suivront ne seront pas vraiment en rapport avec l’enquête qui nous aura occupés jusqu’alors, mais gageons que le charisme des personnages en sera impacté. Admirable série policière passée sous discrétion à la télévision traditionnelle, The Killing mérite amplement toute la reconnaissance qui lui est due. Avis aux amateurs. 18/20