Avec le succès de la série "Batman", les studios Marvel décident eux aussi de mettre en images un de leurs comics et cette fois-ci de manière plus travaillée, leurs précédentes tentatives de séries animées dans les années 80 étant globalement des semi-échecs. Ce sont donc les X-Men qui bénéficient d'un traitement de faveur et qui vont passionner les fans de la BD à travers cinq saisons en dents de scie. En ce qui concerne la première, lancée en 1992 et diffusée presque deux ans plus tard en France, la claque est immense... La série commence sur les chapeaux de roues en mettant en avant le personnage de Jubilé faisant la rencontre fortuite de ses confrères mutants. S'en suivra une série d'aventures palpitantes qui, fait inédit chez un dessin animé américain, ont une ligne directive, créant ainsi progressivement de véritables arcs scénaristiques à l'instar du comics. Au programme donc : des personnages issus de diverses époques, l'équipe étant ici constituée des membres originels Cyclope, Jean Grey et le Fauve, de Tornade et Serval (70's), de Malicia (80's) et enfin de Gambit et Jubilé, ces deux derniers étant les plus récemment créés dans le comics. En revanche, tous ont leurs personnalités respectées, faisant face à des ennemis redoutables tels que les Sentinelles, Dents-de-Sabre, l'inévitable Magneto mais aussi Apocalypse et une poignée d'autres bad guys aux rôles moins étoffés. D'autres personnages interviennent aussi dans le récit de manière soit singulière (Colossus, les Morlocks) soit au centre d'un scénario majeur comme Cable, Bishop ou encore Angel. On remarquera un parti-pris pour la plupart des personnages créés par Chris Claremont au cours des années 80, le scénariste ayant largement contribué à épaissir le monde des mutants sur papier. Quant au passé des protagonistes, il est peu à peu dévoilé avec tout de même une certaine retenue. Autre point réellement fort de la série, sa fidélité au matériau de base et surtout l'adaptation de plusieurs grands arcs du comics comme "Futur Antérieur", sensiblement modifié, ou "l'Ère d'Apocalypse". La série ose ainsi conserver toute la teneur politique du comics et ne balancent pas juste des épisodes bourrins basés sur l'éternel schéma "les gentils contre les méchants". De plus, les scénaristes ont ajouté des passages romantiques inédits (le triangle amoureux Cyclope/Jean/Serval, les sentiments entre Malicia et Gambit) qui apportent encore plus de maturité à ce qui n'aurait pu être qu'un simple dessin animé d'action. L'animation est quant à elle malheureusement inégale d'un épisode à l'autre et certains dialogues sont vraiment bas de gamme, accentués par un doublage français ridicule où plusieurs doubleurs s'occupent simultanément de différents personnages. Mais ne boudons pas notre plaisir, voir les X-Men dans un dessin animé rythmé et passionnant, visuellement coloré mais très sombre dans son histoire progressive, ce n'est pas tous les jours que l'on voit ça.