Après une première saison d’excellente facture mais ayant fait preuve de quelques carences, plus particulièrement techniques, le show de HBO, Boardwalk Empire, fait un retour on ne peut plus fracassant en 2011 pour une deuxième volée de douze épisodes. Sang, sexe et corruption sont au menu des festivités, le tout agrémenté d’une dose suffisamment bien calibrée de romance et d’histoire, un mélange habile qui permet à la série de Terrence Winter de se démarquer clairement de la concurrence. La dégénérescence de l’univers de la pègre d’Atlantic City, annoncée en toute fin de la première saison, est donc pleinement en marche, les clans se divisant, se reformant. Politiquement assis sur un siège éjectable, sa tête mise à prix par des rivaux de toutes sortes, sis dans le viseur d’une justice qui entend bien faire payer les crimes commis et au surplus en passe avec une petite amie particulièrement retorses, qu’adviendra-t-il de Nucky Thompson, de son fragile mais puissant empire?
Au terme de cette seconde saison, vous aurez bien entendu des réponses. Des réponses quant à l’intrigue, certes, mais aussi quant à la personnalité éminemment délicate du personnage principal et de quelque unes de ses fréquentations. Alors que les corps s’empilent, que l’alcool de contrebande noie les bars de toute l’Amérique, les enjeux sont on ne peut plus multiples. Cette saison propose en effet un menu d’avantage complexe que précédemment, propulsant Nucky à devoir se battre sur plusieurs terrains, toujours sur la corde raide mais faisant montre d’une détermination inflexible. Face à l’adversité, le bonhomme deviendra-t-il plus fort encore? Terrence Winter et sa bande de scénaristes n’entendent pourtant pas favoriser le terrain, malmenant leurs personnages, les faisant disparaître aussi brutalement que la tradition HBO l’exige, pour notre plus grand plaisir de spectateurs avides de sensations fortes.
Le ton étant donné dès les premières minutes du premier épisode, nous voilà certain d’avoir à faire à une série diaboliquement efficace, nouvel exemple de la réussite de la chaîne câblée là où la concurrence peine encore, du moins souvent, à élargir le nombre de protagonistes dans ses shows. Terrence Winter, ayant été à bonne école, aux côtés de David Chase sur les Soprano, semble parfaitement maîtrisé son sujet, parfaitement aidé, au surplus, par les prestations enfin conséquentes du tout bon Steve Buscemi ou encore du charismatique mais sur la sellette Michael Pitt. D’autres se révèlent aussi, comme Michael Shannon, de plus en plus torturé, ou encore Michael K. Williams, celui-là même que l’on pourra contempler dans une formidable scène de prison. La série, ayant selon moi peiné au démarrage, une année auparavant, à maintenant trouvé sa vitesse de croisière, son rythme soutenu et des personnages emblématiques sur la voie de devenir culte.
Voilà donc une seconde saison qui balaie les quelques doutes laissés après une première année un brin timorée. Boardwalk Empire fait bel et bien partie des grands, des dramas qui marquent et qui comptent. Le final de cette saison, puissant, offre au passage de très belles perspectives pour la suite, annonçant une complexité jouissive, une variété de scénarios possibles remarquablement conséquente. Voici donc le successeur des grands chefs d’œuvres HBO, en espérant que la série continue sur sa lancée. 18/20