Le speech de base
-celui de 8 endettés devant séjourner dans un huis clos-
était intéressant dans sa volonté de succéder à Squid Game ou d'au moins le rejoindre dans le Panthéon de ce genre qui actuellement plaît. Une belle satyre sociétale plutôt bien imagée,
notamment dans sa gestion des privilèges, du dirigisme, de la nourriture, des corvées moins ragoûtantes et d'autres.
. Les décors de ce huis clos restent quant à eux plutôt attirants, bien que peu exploités.
Globalement, les 4-5 premiers épisodes sur 8 étaient intéressants bien que plusieurs choses coincent sur l'ensemble :
1 - À commencer par la sélection des cartes chiffrées qui normalement pousse chaque arrivant, les uns après les autres dans le désordre, à choisir aléatoirement un chiffre de 1 à 8 pour ensuite se voire attribuer ensuite une chambre avec les privilèges adaptés au plus le chiffre est élevé. Donc, en prenant en compte l'aléatoire, pourquoi le schéma d'ordre (petite bourgeoise artiste capricieuse, scénariste intelligent qui se cherche, ancien champion de baseball et commercial en crise avec lui-même, infirmière...) à celui des plus précaires dans le besoin se répercutent à l'exactitude dans la décroissance des chambres ? Quand bien même une part de psyché et de déterminisme social pourrait expliquer le choix de chiffre plus haut ou plus bas, ça ne colle pas.
2 - Les personnages sont caricaturaux et bien souvent illogiques dans ce qu'ils sont, dans leur relation à l'autre, à celui qui leur fait du mal, malgré une situation qui empire avec le temps. Sans parler du fait qu'on nous joue le coup de la folie et des hallucinations pour justifier qu'un personnage craque et libère ceux qui ont fait le plus de mal au groupe... Même le personnage principal est très vite relégué au rang de martyre qui survit malgré lui et passe totalement au second plan. Ou encore la vilaine petite bourgeoise capricieuse qui à 2 % de son temps va avoir des moments de lucidités extrêmes avant de repartir dans le 98 % de ses délires enfantins.
3 - Ce qui rejoint donc aux actions irrationnelles ou réflexions lentes des personnages. Le fait notamment qu'il aurait été possible de très vite prendre la carte d'un autre joueur, de profiter de positions vulnérables, etc. Les règles du jeu ne disaient rien à ce sujet sur l'usage d'un joueur sur l'usage du compte d'un autre joueur. Ils auraient même pu envisager de demander à l'interphone d'un autre joueur de donner de l'argent à son propre compte, au lieu d'acheter sa chambre. Ou encore de se prendre une arme ou autre sur le compte d'un autre. En soi, on peut dire qu'il y a beaucoup de fait non exploités, de tentatives ratés ou même d'agirs beaucoup trop lents de la part des personnages.
4 - Rien dans les règles ne disaient qu'ils ne pouvaient pas commander de la nourriture, des boissons autre que "repas et boisson vous seront offertes". Aucune tentative en ce sens. Ce qui amène des passages assez loufoques où les personnages veulent une distillerie pour de l'alcool alors qu'il leur aurait été éventuellement possible de simplement demander la bouteille ?
5 - Puis globalement les 2 derniers épisodes prennent également des tournures sorties d'un chapeau, par pure lubie de réalisation, qui n'ont en soi que peu de logique au point d'user à nouveau d'un imaginaire burlesque pour créer l'accident libérateur nous catapultant une fin où chacun repart avec ses gains, où même l'un des vilains de l'histoire prend le temps et l'argent d'envoyer un bouquet de fleur en se disant sincère pour la mort du personnage qu'il a souvent martyrisé et qu'il jurait de buter après qu'il lui ait arraché les ongles de pieds...
6 - Finalement, on s'éloigne de ce que la scène post-générique veut faire en brisant le 4ème mur et en voulant espérer, par ce projet, être un chef-d'œuvre en proposant une possible saison 2 car comme je le disais précédemment, dans sa critique sociétale, la volonté étant bien là de créer un deuxième Squid Game. Ainsi, la scène post-générique offre une piste de réflexion quant à la création du jeu et l'objectif, entre argent et divertissement.
Ce que je peux donc conclure, c'est que The 8 Show reste une œuvre complexe et réussit au moins le pari de faire sa satyre sociétale. Il faudrait éventuellement revoir la série et aller dans le détail pour en voir et revoir toute sa teneur. Cependant, beaucoup de défauts persistent dans l'œuvre en elle-même, de l'exploitation des personnages à l'environnement créé, qu'elle devra réellement corriger si elle veut surpasser son maître de rang.