La perspective d'un Star Trek se passant dans un lieu fixe et donc laissant tomber l'exploration ne m'enthousiasmait pas beaucoup. Mais rapidement ça se révèle être un détail sans importance. C'est une série différente, plus adulte, plus politique, avec des personnages bien plus complexes. Le capitaine à la voix de velours, qui n'avait pas vraiment envie d'être coincé là avec son fils, apprend vite et prend de l'ampleur, en douceur. Le major, venant de la planète voisine récemment libérée de ses ennemis cardassiens, est une ancienne résistante/terroriste, qui sera régulièrement confrontée à ses anciens bourreaux, une relation intense qui s'avèrera transcendante; le tailleur est justement un transfuge cardassien, et est soupçonné d'être un ancien assassin reconverti en agent double. Le chef de la sécurité, pourtant incorruptible, suscite la méfiance car il est l'unique spécimen connu d'une race de métamorphes; il prend un plaisir pervers à persécuter le barman, un ferengi sociable bourré d'humour qui ne s'intéresse qu'au profit et trempe dans toutes les magouilles (leur duo fonctionne à merveille). Le docteur, trop parfait pour être honnête, cache en fait un secret inavouable. La belle scientifique, complice du capitaine, est issue d'une espèce vivant en symbiose avec un parasite qui garde les souvenirs d'un hôte à l'autre. A tout cela s'ajoutent des personnages récurrents de haut niveau, comme cette inflexible cheffe religieuse au visage familier (l'infirmière de Vol au dessus d'un nid de coucou !), ou le terrible leader cardassien Gul Dukat, sûrement le méchant le plus ambigu de toute la franchise. A noter un épisode hallucinant où l'équipe rejoint les héros de la série originale aux prises avec les mythiques Tribules, grâce à des trucages bien trouvés. Alors même si comme d'habitude c'est rempli d'imperfections, c'est typiquement le genre de série américaine non manichéenne qu'on n'a plus revu après le 11/9. Et ça rend nostalgique.