https://leschroniquesdecliffhanger.com/2023/04/13/transatlantique-critique-mini-serie-une-histoire-tragiquement-moderne-def/
Au-delà de sortir de l’anonymat ces héros de l’époque, au regard de la résonance internationale de la plateforme noire au N rouge, c’est comme une réconciliation entre Netflix et Marseille, après avoir sorti l’ultra-caricaturale série du même nom, ridiculisant quelque peu la cité phocéenne. A l’inverse, avec Transatlantique, la mise en scène est ici ultra-léchée, particulièrement colorée, entre brillante reconstitution historique d’un moment insuffisamment connu, et une forme de thriller permanent sur les actions sublimes et courageuses pour faire passer les réfugiés. Une petite musique bien mélodieuse accompagne l’action avec une belle élégance. C’est tout un subtil et malin jeu de contrastes avec la dramaturgie historique à l’écran. Une vraie singularité dans le geste sériel.
Il faut ainsi à nos héros des trésors d’ingéniosité pour déjouer les pièges administratifs, pour organiser les évasions et pour ruser en anticipation. Ils le font avec un sens inné du romantisme, souvent également une bonne dose d’humour, voire de certaines loufoqueries et tout ce qu’il faut d’insouciance à l’accomplissement des justes et nobles causes.
C’est aussi le statut d’apatride, les sentiments qui peuvent parcourir un réfugié qui ont attiré Anna Winger, et clairement, la façon de mettre en scène Transatlantique fait volontairement écho à ce que tant de populations vivent aujourd’hui. Le parallèle est autant flagrant que salutaire, car sans comparer les barbaries, il s’appuie sur l’ignominie de devoir quitter sa vie, pour des sombres histoires de religions, de territoires, de pouvoir de dirigeants qui en sont restés au stade anal. L’universalité est partout dans Transatlantique. C’est une histoire tragiquement moderne bien qu’elle se déroule en 1940.
Au final, Transatlantique se démarque par un très plaisant atypisme, avec un croisement permanent des genres, qui ne sombre jamais dans le mélo ni dans la caricature, mais qui retrace un héroïsme d’époque, celui de ceux qui sauvent en chantant, et juste, ça fait du bien.