Une série-documentaire glaçante montrant, s'il le fallait, le laxisme de la justice notamment à l'égard des escrocs.
Tout commence
en 1995 à l’Université Harper Adams en Angleterre où Robert Hendy-Freegard, barman dans une petite ville au nord-est de Birmingham, va se révéler être un escroc hors pair. Prétendant être un agent du MI5 (service de renseignement intérieur du Royaume-Uni), il confie enquêter sur une cellule de l’IRA (Armée Républicaine Irlandaise) au sein même du campus. En effet depuis 1993, les attentats commis par ce groupe se multiplient et hantent la population. La même année, l’arrestation d’un étudiant en tant que trafiquant d’armes pour le groupe radical irlandais fait beaucoup de bruit et permet à Freegard de rendre son histoire crédible. Il va alors convaincre trois étudiants du danger qui les entoure et du besoin d'entrer dans la clandestinité. Rapidement l'imposteur dévoile son mobile : réclamer d’énormes sommes d’argent à ses victimes, profitant de les avoir isolées de leurs proches. Pendant de nombreuses années il va répéter le même mode d’emploi avec de multiples femmes. Afin de leur soutirer de l'argent, il leur fait croire qu’elles vivent « sous couverture » au nom de leur sécurité. En 2002, après des années d'escroquerie, il est enfin arrêté dans un aéroport à l'issue d'une opération d'infiltration organisée conjointement par le FBI et Scotland Yard. Il sera jugé pour enlèvement, vol et escroquerie avec à la clé une condamnation à perpétuité. Cependant, sept ans plus tard, sa condamnation à perpétuité a été révoquée faute de preuve concernant les accusations d'enlèvement. Résultat, l’escroc est libéré en 2009. Aujourd’hui, l’histoire se répète. Les autorités ne savent pas où se trouve Robert, seulement qu’il s’appelle désormais David et a fait une nouvelle victime : Sandra Clifton. C’est en 2012 que le drame commence dans cette famille britannique lorsque la mère rencontre Robert, sous le nom de David Hendy, sur internet. C’est le coup de foudre. L’homme passe de plus en plus de temps dans la maison familiale jusqu'à s’immiscer dans leurs vies personnelles. Ce manipulateur va éloigner les enfants de leur mère en colportant des mensonges sur son fils et en soutirant de l’argent à sa fille. Désormais seul, le couple va quitter la maison familiale deux ans plus tard, sans renseigner leur destination
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Nous avons affaire à une personne très intelligente sachant quels biais psychologiques activer pour aboutir à une emprise totale et manipuler et arnaquer ses victimes et leurs familles sans forcément se mettre hors la loi ou en jouant sur les ambiguïtés. Cette pratique porte un nom : le contrôle coercitif. Il s’agit d’un concept connu dans les violences conjugales où l’agresseur humilie et isole ses victimes pour exercer son pouvoir. Un acte reconnu comme infraction pénale qu’en 2015 en Angleterre, six années après la remise en liberté de Freegard. Le stratagème de ce dernier aurait mérité un traitement encore plus creusé comme sa façon d’entrer en contact avec ses victimes, ses nombreux mensonges inventés et ses techniques de manipulation.
Ce documentaire, très bien monté, est incroyable notamment vis-à-vis de sa finalité. Effarant !