"Oh il a pris cher, Joey !" Non. Ce n'est pas Matt LeBlanc qui a vieilli, ce sont plutôt les autres qui n'ont pas lésiné sur les retouches. On pense même que si l'on place les trois filles dans un musée de cire, on va les perdre de vue, et que si l'on croise Courteney Cox dans un escalier mal éclairé, on fuira les bras en l'air. Mais si vous êtes un vrai fan de Friends, vous passerez l'éponge sur les litres de Botox qui suintent de ces fossettes et mentons, pour vous replonger dans les meilleurs moments de la saga. On a adoré toutes ces anecdotes qui mettent en lumière les coulisses de la série, les scènes que l'on n'avait jamais vues (Matt LeBlanc qui se déboite l'épaule, on en est resté muet), les moments de partage entre ces jeunes acteurs et leurs versions "avec quelques années de plus", mais toujours aussi complices. Enfin, presque tous. On sent que Matthew Perry est un peu le paria du groupe, celui que les autres n'appellent pas au téléphone (la blague est piquée d'une certaine critique), et qu'il découvre en même temps que nous tous ces inédits dans lesquels il apparaît pourtant (il répète souvent ne se rappeler de rien, et dès son regard hagard sur les séquences, on sent que c'est vrai)... Peut-être que sa grande consommation de stupéfiants sur la série, sujet soigneusement évité dans The Reunion, a eu raison de sa mémoire. Nous, on n'a pas oublié certains personnages secondaires qui font leur retour (le voisin qui fait peur, Gunther, Janice...), certains jeux cultes (les questions), les appartements (quelle nostalgie !), et l'on se prend parfois à tomber dans l'émotion quand toute l'assemblée se met à larmoyer (les adieux sont encore douloureux pour nous aussi). On regrette les "nouveaux venus" qui n'apportent finalement rien en passant en coup de vent juste pour leur promo (Justin Bieber, Cara Delevingne), ou qui font des interventions "off" peu intéressantes ("moi j'ai regardé la série au lycée", "moi je suis fan de Rachel"... C'est bien, Kit Harington, c'est passionnant, David Beckham, mais en fait on s'en fiche). Parfois, on a l'impression de délaisser le super documentaire mêlé de belles retrouvailles pour voguer vers l'article de magazine Closer. Dommage, car lorsqu'il s'en tient à nous faire découvrir les débuts de la série, The Reunion est passionnant, quand il nous fait revivre les meilleurs passages de la série, on se sent pris de nostalgie profonde, on aurait même eu un petit bout d'épisode "que sont-ils devenus" (ils auraient pu reprendre leur rôle quelques minutes) que cela ne nous aurait pas déplu...