Il est étonnant que le nom de Richard Ramirez n'ait pas la notoriété sordide qu'on attribuait à Denis Rader ou Ted Bundy, tant le profil et les méfaits du bonhomme glacent le sang. Ce qui choque, au delà de la cruauté de ses crimes, c'est la période relativement courte sur laquelle ils furent perpétrés. En à peine un an et demi, le Traqueur de la nuit (tel qu'il fut surnommé par les médias) ôtera la vie à treize personnes et en violera onze autres. Ajoutons à cela de multiples tentatives avortées ainsi que sa probable implication dans d'autres meurtres commis dans le même laps de temps au même endroit. Si on peut mesurer le trauma qui a saisi la Californie toute entière, alors imaginez l'horreur des policiers engagés dans une course contre un individu tuant à la chaîne et sans logique, sans distinction d'âge, de race ou de genre.
C'est un peu le but du documentaire réalisé par Tiller Russell, qui alterne les voix. Celles des deux inspecteurs traquant Ramirez, celles de plusieurs victimes ou des familles de disparus. L'empathie est immédiate, et la juxtaposition aux images d'archives renforcent l'immersion. En parallèle d'une enquête hors-norme, The Night Stalker a pour lui de révéler les machinations en sous-main opérées par une certaine presse à scandale, prête à saper le travail de la police pour un scoop. On pense immanquablement au film Nightcall réalisé par Dan Gilroy (sorti en 2013), sur le même sujet. On peut également reconnaître une certaine efficacité à la série-documentaire qui bénéficie d'un rythme extrêmement fluide. Les 4 épisodes s'enchaînent aisément, la fascination mêlée à une forme de terreur primaire exercée par ce type de monstre. Les scénaristes James Wong et Glen Morgan s'en soient inspirés même pour créer le terrifiant Eugène Tooms de la série X-Files.
Le constat est plus mitigé en ce qui concerne le dispositif narratif, dont le recours fréquent aux panoramiques en hélicoptère sont lassants. Autre problème et de taille, Tiller Russell se refuse à errer dans la vie et l'esprit dissolus de Ramirez dans sa dernière partie. Le documentaire trébuche en empruntant une voie douteuse qui dépersonnalise l'individu au profit d'une personnification du mal absolu. Moralement, c'est un choix pour le moins problématique puisque ce type de documentaire a normalement pour intérêt de se délester du couplet théologique puis aller sur le terrain du psychologique ou proposer un examen sociologique permettant la réflexion au delà du fait divers. Rien de tout ça ici, et c'est bien le plus gros problème. Malgré un aspect factuel indéniable, The Night Stalker reste malheureusement en surface.