Le 13 juin 1980, l’Amérique s’était réveillée horrifiée quand elle avait appris que dans la petite ville de Wylie au Texas, comprenant une importante communauté méthodiste, une jeune femme au foyer avait tué de 41 coups de hache sa meilleure amie alors qu’elle lui rendait visite à son domicile. Les serial killers frappent aussi durement l’imagination mais le rituel dont ils parent leurs crimes odieux témoigne de troubles psychiques importants qui se dévoilent très vite avant même le procès. Dans le cas de Candy Montgomery, rien de tout cela. Juste une femme normale, parfaitement intégrée et fervente pratiquante. Le cas place donc le spectateur face à ses propres névroses, se demandant s’il ne pourrait pas dans certaines circonstances agir de la même manière. La liaison relativement ancienne entre Candy et le mari de Betty Gore, son amie retrouvée horriblement mutilée, ne parvient pas à expliquer un tel déchaînement de violence chez une femme de surcroît relativement fluette. Le cas jamais résolu, le jury s’étant laissé convaincre par la thèse de la légitime défense, n’en finit pas d’interroger. Pas surprenant dès lors que le cinéma ou la télévision se soient emparés de l’affaire. Ce fut le cas en 1990 avec le téléfilm réalisé par Stephen Gyllenhaal avec Barbara Hershey dans le rôle de Candy Morrison épaulée par Brian Dennhey et Hal Holbrook. L’affaire encore récente avait obligé la production à changer les patronymes. Trente ans plus tard ce sont deux mini-séries télévisées successives qui reviennent plus en longueur sur l’affaire, tentant à travers le contexte dans lequel évoluait chacun des protagonistes et en fouillant plus en profondeur les psychologies de Candy Montgomery et Betty Gore, de comprendre la mécanique du drame. Le procès retentissant constitue aussi une partie importante de chacune des deux mini-séries. La première est née de l’initiative de Universal Content Productions et a été écrite par Robin Veith ayant déjà œuvré comme assistant scénariste sur “Mad Men”. Avec Jessica Biel dans le rôle de Candy, le propos s’oriente autour de la personnalité complexe de la jeune femme décrite comme en représentation permanente avec un besoin de reconnaissance jamais vraiment satisfait. Construit en flashback à partir du meurtre présenté en entame des cinq épisodes, le scénario joue habilement la carte du suspense avec à sa tête une Candy Montgomery se montrant souvent calculatrice. Autour d’elle, son mari (Timothy Simmons) et son amant (Pablo Schreiber) semblent sans consistance autre que de pouvoir jouer les faire-valoir face à une Candy
constamment à la manœuvre lors de chacune des étapes de cet horrible drame. La fin très ambigüe quand juste après son acquittement Candy avec un sourire aux lèvres entendu remonte dans sa voiture, laisse d’évidence le doute sur la culpabilité de la jeune femme
. Jessica Biel porte avec une très belle énergie cette mini-série sur ses épaules fluettes mais solides, très bien secondée par Mélanie Lynskey qui interprète une Betty Gore dont la personnalité paraît indéchiffrable et elle aussi pleine de zones d’ombre. La seconde série “Love & death” développée par HBO et écrite par David E. Kelley propose une tonalité plus réaliste respectant un ordre chronologique en sept épisodes s’attardant plus sur le contexte général de la petite communauté méthodiste de la ville de Wylie ainsi que sur les profils psychologiques des trois autres protagonistes (Jesse Plemons, Lily Rabe et Fugy Patrick) du drame auxquels
s’ajoute l’avocat (Tom Pelphrey) qui très habilement sauve la mise à Candy
. Sans doute une meilleure manière de tenter de cerner le terrible enchaînement ayant conduit aux 41 coups de hache. Elizabeth Olson tout comme sa collègue Jessica Biel livre une excellente performance. Les deux séries complémentaires dans leurs approches respectives peuvent sans ennui être vues à la suite et font chacune ressortir la chape de plomb que fait peser sur ses fidèles la congrégation religieuse de la petite ville obligeant insidieusement les émotions et les pulsionsà s’autocensurer face aux regards désapprobateurs. A noter que le mari et l’époux sont pareillement faibles, velléitaires et atones dans les deux séries. A chaudement recommander.