https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/10/31/marie-antoinette-critique-saison-1-une-petite-merveille/
L’idée ici est de filmer l’intime de la jeune dauphine, dans une famille royale autant hostile que dysfonctionnelle. L’entreprise est audacieuse tant la fantastique Sofia Coppola semblait avoir déjà fait le tour de la question dans son film éponyme de 2006, où il était question de cette transition dans la douleur d’une reine qui d’enfant devient femme, dans un univers où l’artifice est la règle.
Et pourtant, avec cette série, le défi est largement relevé, avec une exquise grâce qui plus est. Tout de suite, "Marie-Antoinette" la série, c’est le choc du contraste entre son innocence, sa candeur juvénile et les desseins politiques très cyniques des adultes. C’est l’apanage de la superficialité. Le drame est esthétiquement installé. Elle est la pièce de l’échiquier entre les Habsbourgs et les Bourbons. Mais à ses débuts, elle sera finalement plus pion que reine. Elle entre au château comme on se rend au bûcher.
Elle jouera pourtant d'un magnétisme animal avec maestria, et pour survivre dans cette guerre de tranchée en costumes. C’est une ingénue face à des carnassiers. Pour l’Autrichienne, dans ce Versailles autant frivole que féroce, c’est toute la vie qui est un piège. La série est comme une extrême allégorie de nos vies épiées et commentées. C’est également puissamment métaphorique. Ou quand à un moment, le déclenchement d'une guerre en Europe tient à une révérence à l'illégitime du roi… Les habits ont changé, pas les instincts.
Sur toute la première partie, l’évolution de la relation entre Marie-Antoinette et Louis est filmée au millimètre et c’est passionnant. On est eu cœur de la petite histoire de cœur qui fonde la grande histoire de France. Les dorures du palais, la rosée du matin dans ses interminables et symétriques jardins, les ombres nocturnes des complots maléfiques sont particulièrement propices à des jeux de lumière pénétrante et une magnificence des couleurs éclatantes, des images brulantes. C’est majestueux formellement.
A mi-chemin, c’est le début du règne sans règles de Marie-Antoinette, avec une première devise « This palace on fire », Versailles en feu, en couleurs et en fêtes. On retrouve là la révolution de palais de la reine, avec les tons hyper glamour, mode d’avant-garde, pop et flashy vu dans le long métrage de Sofia Coppola. C’est le monde rêvé de Marie-Antoinette, liberté totale, pas de contraintes, qu’elle va joyeusement faire exister au petit Trianon.
Les 8 épisodes de 52 minutes de Marie-Antoinette se dégustent très rapidement. C’est une petite merveille qui, souhaitons le très fort, aura une deuxième saison, ce qui semble devoir être le cas, car il s’agit ici des 10 premières années de Marie-Antoinette à Versailles, il reste dont tant à raconter…