Une maladie éradique l’humanité (on meurt dès qu’on atteint l’âge de se reproduire). Histoire glaçante, même si certains de ceux qui vivent encore disent que "si on la vit pleinement, une vie courte vaut autant qu'une longue" —message qui peut et doit être sorti de son contexte ! C’est la série Anna, visible sur Arte. A voir. Quoique. Il est difficile de faire jouer un enfant ou un ado, la réussite venant en général de ce que l’enfant ou l’ado est né avec ce don. Cette série illustre ce constat dans le sens (malheureux) où aucun ne joue bien (c’est surjoué ou sous-joué) —c’est un avis... En revanche, on est frappé, durablement, par les images de ce que le présent est devenu (après un COVID beaucoup plus tragique que le nôtre —noter que la série date d’avant notre COVID), des images d’un présent détruit dont la beauté surprend (signe peut-être que la planète, elle, survivra), et dont l’explication réside quelque part dans les flashbacks sur le passé. Poésie mortelle. L’atmosphère est convaincante, prenante, pesante, jusqu’à déprimer, donner la nausée : ça, c’est une réussite. Sauf pour ceux qui n’aiment pas cette sensation de chaos. Sauf, aussi, pour ceux qui n’aiment pas voir la vérité en face (en l’occurrence sur ce que deviennent des enfants livrés à eux-mêmes —que ce soit dans une dystopie comme ici, ou dans la réalité de notre monde réel —mélange d’animalité, de rêves, de peurs). Cette sensation est comparable à la lecture du roman Sa Majesté des Mouches (Lord of the Flies), même si le tableau élaboré par le réalisateur n’a rien à voir avec la force structurelle du livre de 1954 (la série est une suite de petites touches, de brouillons, de scènes cauchemardesques, mais dont la variété, la pertinence, est suffisante pour créer cette sensation de fin du monde). Il faut attendre toutefois le deuxième épisode sur les six pour avoir cette sensation —le risque est donc d’abandonner la série dès le premier épisode. Pour finir, on ne sait pas trop si ça se finit bien, ou si une nouvelle saison est à venir. A.G.