Le 19e siècle touche à sa fin (qui aura lieu le 31 décembre 1900) - quelques mois de 1899 nous sont ici narrés, entre le 16 février (mort à l'Elysée du président Félix Faure, celui de la célèbre adresse de Zola "J'Accuse", d'une "congestion cérébrale" après ébats amoureux sous aphrodisiaque avec "Meg" Steinheil, sa maîtresse - mort sordide et ridicule, mais qui n'empêchera pas des obsèques nationales !) et le 20 septembre (fin du rocambolesque "Fort-Chabrol", dans le 10e arrondissement de la capitale, en plein deuxième procès Dreyfus à Rennes - on est encore loin de la réhabilitation - affaire qui dura 38 jours, au siège du "Grand Occident de France" de Jules Guérin - appellation formant un contre-écho ironique à l'obédience maçonnique, contre laquelle le patriote, journaliste et ligueur, entendait lutter). La scène de cette série "originale" Canal Plus est presque toute entière dans Paris intra muros - ce qui justifie le "Paris" du titre - mais l'on voit que le "1900" (sans doute mis là pour réveiller chez le téléspectateur le souvenir livresque de la "Belle Epoque") est usurpé...
Quant à la police... Elle est omniprésente - celle de la "Sûreté" parisienne, au premier chef. Et le préfet Lépine, à nouveau nommé à ce poste (après un intermède dans sa brillante carrière préfectorale, comme gouverneur général en Algérie), bien sûr -
que l'on dote d'une épouse morphinomane, et criminelle à l'occasion
. Et Bertillon, et son "bertillonnage" - le créateur de l'anthropométrie judiciaire. Plus tout un petit monde de responsables et d'obscurs - ceux-là dont il est facile de faire des lampistes. Pour le romanesque (entre deux affaires d'Etat), on brodera sur une affaire réelle, celle dite de "la valise sanglante", restée non résolue - ce qui autorise des développements scénaristiques.... audacieux. Résumons : un contexte historique réel, de nombreux personnages ayant existé, mais souvent "revisités" (comme celui de Jeanne Chauvin, qui sera, peu de temps après, la deuxième femme à prêter serment comme avocat en France, mais la première à avoir plaidé - en janvier 1901), et d'autres inventés, comme ceux de la famille "Sabran de Pontevès" (salissant au passage la vraie famille de l'époque, celle du duc de Sabran-Pontevès - après nom relevé par les neveux du dernier Sabran, les Pontevès,
avec une affaire sinistre de meurtre ancillaire de fille-mère, et non "mère célibataire", comme on ne disait pas alors, et d'inceste).
. "Paris Police 1900" (quel vilain titre, au global : on dirait le nom d'un magazine de caniveau) n'est ni une reconstitution historique fidèle, ni une fiction honnête et bien faite (raccourcis, grosses ficelles et autres facilités d'intrigue). Alors, quoi ? Un (plutôt lourd) instrument de propagande, que voilà - à usage contemporain. Il s'agit de faire le parallèle avec 2021, quand le patriotisme est rebaptisé "populisme" pour le discréditer, quand l'antisémitisme fait toujours florès (et tant pis si les judéophobes d'aujourd'hui, quand ils se font terroristes, n'ont plus rien de commun avec les anti-dreyfusards... ). La presse bobo exulte - peut-on s'y tromper ? Cerise sur le gâteau pour icelle : la touche "féministe" assurée par les deux figures féminines de la dame Steinheil, qui fait carrière comme courtisane (pour assurer l'avenir de sa petite fille, trop incertain à s'en remettre au seul talent de portraitiste de papa Adolphe), et de la juriste Jeanne Chauvin.... Peut-on sauver quelque chose ? Pas la mise en scène, ampoulée... Pas la musique, surlignante. Pas l'interprétation, à quelques exceptions près (et encore...). Reste le travail des costumiers, décorateurs, et du chef-op.... C'est déjà ça.