"Dead to me", c'est ce genre de série où on se dit "pourquoi pas !" et sans s'y attendre, on la dévore rapidement, surpris par ses rebondissements, la finesse de ses personnages principaux et son côté double-tranchant, alternant scènes d'humour et d'autres plus dramatiques.
C'est délicat d'en faire le résumé tant son intrigue évolue d'épisode en épisode. En tout cas, cette histoire démarre sur un mystère. Qui a tué le mari de Jen, sorti un soir faire son footing et écrasé par une voiture qui a pris la fuite ? S'ensuit la naissance d'une amitié particulière entre deux veuves qui se rencontrent lors d'un cercle de paroles sur le deuil. Sont abordés au cours des deux saisons les thèmes de l'amitié féminine, de la culpabilité, de la rancoeur, du pardon, du mensonge, du regret, de la famille comme moteur, des relations toxiques... Tout ça contrasté et nuancé par deux personnalités opposées, l'une cynique et froide et l'autre tendrement folle et excentrique.
Très rapidement addictive, "Dead to me" laisse un goût doux-amer et doit sa réussite à ses subtilités et ses contrastes. Le scénario, rudement bien mené et écrit, rempli de quiproquos et de non-dits, démarre sur un mensonge et on a qu'une hâte ; voir comment la vérité va éclater. Au fil des épisodes, l'étau ne fait que se resserrer pour aboutir sur un final réussi et inattendu. Mais toute cette série ne serait rien sans ses deux interprètes qui sont impressionnantes de justesse. C'est selon moi la vraie bonne raison pour mater cette série ! Car si l'intrigue policière ne vous convainc pas, l'authenticité de cette drôle d'amitié a de quoi maintenir votre attention. Christina Applegate (qui a été nommée aux Golden Globes et aux Emmy Awards pour ce rôle) est d'une finesse cynique remarquable tandis que Linda Cardellini, en bisounours coupable, nous emporte par sa force et sa complexité. A elles deux, elles forment un duo yin-yang complémentaire, touchant et atypique, à la fois complice et toxique. Les émotions sont à vif, tout comme leurs névroses qui les rongent de l'intérieur.
Cette série se regarde à la vitesse grand V avec un format court d'une trentaine de minutes réparti en dix épisodes par saison. Bien rythmée et parsemée de nombreuses ellipses, l'histoire laisse de la place à des personnages secondaires utiles et interessants. Cependant, la première saison reste plus croustillante que la seconde qui, certes, fait plaisir à retrouver, mais qui pousse encore plus les curseurs du plausible... Beaucoup plus tirée par les cheveux, et ouvrant plus de portes de sous-intrigues, et souffrant de quelques baisses régimes, on est heureusement rattrapé par ces deux personnages surprenants et profondément investis et par la belle plume des dialogues qui préserve son gout pour les subtilités et les belles émotions. Personnellement, je dira que la qualité est préservée malgré des rebondissements moins palpitants.
"Dead to me" fait figure de petit plaisir qu'on a du mal à lâcher avant son dénouement et qu'on apprécie pour ses moments forts et son ambiance à la fois tendue et relâchée.