Quand le créateur de BoJack Horseman (Netflix) se lance dans une nouvelle série animée, c'est déjà un événement. Mais quand en plus, Raphael Bob-Waksberg s'essaye à la technique fascinante de la rotoscopie, cela donne une oeuvre incontournable. Undone, dont les 8 épisodes sont sortis sur Amazon Prime Vidéo, est un petit bijou dramatique, poétique et fantastique.
L'histoire suit Alma, une jeune femme mal dans sa vie, déprimée par le train-train quotidien, qui survit à un accident de voiture violent. Un traumatisme qui va déclencher chez elle de curieuses hallucinations, qui vont la pousser à enquêter sur la mort de son père, un professeur de Physique Quantique, qui travaillait sur le voyage dans le temps...
Avant toute chose, j'ai envie de parler de la forme. Visuellement, Undone est une série comme on en n'a jamais vue ou presque. Une série animée mais pas vraiment, puisqu'elle utilise de vrais acteurs : Rosa Salazar (Alita) et Bob Odenkirk (Better Caul Saul), recréés via la technique de la rotoscopie. Une technique que le cinéaste Richard Linklater a utilisé pour son film A Scanner Darkly en 2006 et qui consiste à "relever image par image les contours d'une figure filmée en prise de vue réelle pour en transcrire la forme et les actions dans un film d'animation", selon la description officielle. Un procédé qui permet en fait de donner des airs de BD à des sujets filmés ou à faire de l'animation plus vraie que nature.
Undone fait un usage magistral de ce style trop rare, et en explore le potentiel infini, en plaçant ses personnages dans un monde fantastique hallucinant et halluciné. Une peinture luxuriante, qui flirte en permanence avec la fantasmagorie et qui nous emporte totalement.
Mais plus qu'un objet d'art, Undone est aussi une oeuvre profonde, qui nous perd dans un dédale scénaristique où bien malin celui qui pourra trouver la sortie : rêve ou fantasme ou réalité ? Même s'il y a indéniablement un certain malaise à voir Alma se perdre dans la rotoscopie comme Alice chute dans le terrier du lapin blanc, on n'en reste pas moins fasciné, un peu plus à chaque épisode, par l'esthétique brillante et l'expérience sensorielle que procure Undone, autant que par son message mélancolique, qui décrit tellement bien le désarroi existentiel d'une génération.