La série a par principe vocation à créer un tube à audience, à créer une marque sur laquelle économiquement les producteurs espèrent pouvoir vite capitaliser. Elle est le produit d’un processus de création totalement industriel et mercantile. Ces dernières années les équipes marketing ont subtilement opéré un travail de maquillage visant à donner à ces produits une certaine légitimité, une légitimité artistique notamment. En soignant la forme, l’aspect visuel et l’habillage sonore essentiellement. Reste qu’en l’absence d’un showrunner d’exception (comme Rochant chez nous), la série est très vite rattrapée par la vacuité de son concept, son absence de forme et d’objet réels consubstantiel à l’absence d’unité réelle : par UN réalisateur, pas UN auteur, mais un aréopage de prestataires soumis à un guide de réalisation très souvent cyniquement calibré. Globalement la série est un produit très pauvre. L’indigence globale du catalogue du leader Netflix, pour le moment étrangement couvert par les critiques, en témoigne.
Voilà qui tombe bien, Mosaic n’est pas une série. Mais un téléfilm découpé en plusieurs parties (le terme seul de mini-série rend compte du mépris des équipes de marketing pour les spectateurs).
Elle est le produit d’un seul homme dont le savoir faire et la signature n’ont fait que s’affiner avec les années. Un des plus grands et féconds défricheurs de forme pour la production video.
Mosaic ne plaira pas à tous, loin s'en faut. C’est ce qui en fait la force. La rigueur de traitement, Soderbergh n’use d’aucun truc calibré pour flatter son spectateur, le coté clinique, aseptisé de nombreuses scènes, laissera le spectateur biberonné au sucre et compléments divers, ces additifs gagnant jugés indispensables pour garantir un succès, sur le bas coté. Certain. Elle a en revanche clairement le potentiel pour hypnotiser les autres, les plus curieux. Tout Soderbergh est là : le dispositif photo (parfois ce vignettage), les mises au point sélectives, la rigueur statique de certains plans, soit très frontalement cadrés ou subtilement décalés. L’habillage sonore exemplaire, exemplaire aussi pour son économie. Et ce casting « sans éclat » hors norme (Soderbergh est sur ce point une référence, notamment pour sa capacité à intégrer des non professionnels). Tout concours à faire de cette expérience un investissement spectateur fort rentable en terme de plaisir. Un produit télé plus que satisfaisant.