Philharmonia a déchaîné beaucoup de passions mais il est maintenant temps de se calmer et de prendre un temps de recul. En général, lorsqu'on parle d'une série télévisée, il est de bon ton d'attendre la fin pour se prononcer. Mais l'événement était trop gros, car enfin, on faisait une série télé qui se déroulait dans l'univers de la musique classique. Et bien évidemment, chaque personne appartenant à ce monde ou le connaissant de près ou de loin, a eu son mot à dire. D'aucuns fustigeaient le manque de crédibilité, de réalisme. D'autres jetant le bébé avec l'eau du bain dès le premier épisode, sans jamais s'intéresser une seule seconde à l'intrigue.
Mais il y a un scoop majeur que ces personnes n'ont pas appréhendé. La musique classique n'intéresse (presque) personne. Alors les coulisses de la musique classique, encore moins. Pourtant, il est possible que devant cette série, des personnes trouvent l'envie de se rendre à la philharmonie. Car en effet, c'est un lieu où l'on vit quand même de sacrées émotions et de surcroit, quand on pénètre un peu le milieu, on trouve souvent des personnes brillantes, talentueuses, belles. Mais ce n'est pas le fonctionnement régulier d'un orchestre qui fait une intrigue.
Ici cette intrigue est assez simple. Il faut tout d'abord "sauver" l'orchestre qui doit renouveler son public (ça c'est réaliste déjà). Et par conséquent, après le décès du chef, Hélène Barizet débarque de New York pour relever la mission. Mais cette histoire à elle seule n'est pas le sel de Philharmonia. On y a joute des éléments de thriller et surtout, on sonde la psyché de certains personnages. Et là, on se rend compte comment la musique est utilisée comme un palliatif à la folie, à la chute inéluctable mais qu'elle ne peut néanmoins pas l'empêcher.
Aimer la musique pour ne pas devenir fou. Etre dans la quête de la perfection musicale à en devenir fou. Saisir ce que les gens pensent à travers la musique qu'ils jouent. On est sans cesse dans une sorte d'équilibre précaire qui rappelle fortement Black Swan qui se déroulait dans le milieu de la danse. Ajoutons à cela un zeste d'enquête criminelle et on obtient quelque chose d'assez haletant et qui préserve un sacré suspens jusqu'aux derniers instants. Et dans le paysage audiovisuel français actuel pour les séries télévisées, cette série se classe plutôt dans le haut du panier.
Après bien entendu, tout n'est pas parfait. Il y a une certaine paresse dans la réalisation, tous les plans tournés dans la grande salle de la philharmonie se ressemble, on a exactement la même scène au début du pilote et à la fin de l'épisode 3. La photographie n'est pas éblouissante mais cela cadre avec l'atmosphère sinistre qui jalonne ces six épisodes. Un peu plus d'imagination aurait pu faire du bien.
Mais globalement, Philharmonia est un divertissement honnête qui a le mérite de se dérouler à la philharmonie et de nous faire voir quelques comédiennes assez talentueuses avec en tête Marie-Sophie Ferdane et Lina El Arabi.