Philharmonia est donc la nouvelle série que nous propose le service public audiovisuel sur France 2. Evidemment les mélomanes et amateurs de musique "classique" auront à cœur de la suivre mais le but n'est-il pas de toucher un autre public ayant moins d'appétence avec elle afin de les faire rentrer dans l'intime d'une expression artistique qui soufre d'un apriori élitiste ? Pour se faire rien de plus classique (sans jeu de mot !) qu'une approche thriller. Personnellement connaissant ce milieu, je me suis posé la question ; comment les auteurs allaient-ils si prendre ? L'unité perçue pendant un concert d'un orchestre symphonique créée par son chef est une alchimie quelquefois fragile tant les individualités qui le constituent sont différentes à l'instar de l'entreprise ; organisation hiérarchisée, premier, deuxième, troisième rang, cordes, vents, cuivres, percussions, représentant syndical, régisseur etc etc. En fait tout ce petit monde a sociologiquement peut de chance de se rencontrer dans la vraie vie, sauf qu'ils sont musiciens professionnels, qu'ils travaillent ensemble et, en plus, les places sont chères.
Fort de se préambule, la musique n'est qu'un prétexte pour nous entrainer dans des histoires de pouvoirs, d'intérêts personnels mal assumés, de vies antérieures abracadabrantesques mâtinés de secrets de polichinelles et de liaisons amoureuses ou voire sans doute plans culs (sans parler du reste pour rester discret), le tout est rassemblé dans des interactions lourdes voire salaces qui sont dignes des romans photos de mauvaises qualités. Les personnages sont peu attachants et même si au départ imposer une femme comme chef dans ce milieu particulièrement misogyne est une très bonne idée, la réalisation manque de crédibilité. Au fur et mesure, les situations pour faire monter la "pression" deviennent ridicules et le positionnement psychologique des personnages manque de rigueur. Les deux premiers épisodes m'ont affligé, je ne veux pas les décrire par respect pour les futurs auditeurs, mais …. l'emprise autoritaire à l'égard de la jeune fille premier violon porte un nom passible d'emprisonnement, à vous de voir ou de juger. Pour le troisième les choses se compliquent et l'étau se resserre mais le roman photo continue. Pour notre maestro(a) son orgueil qui sied à tout personnage de série commence à peser lourd, mais bon ; c'est la loi du genre qui fait monter l'angoisse du spectateur sans payer trop cher du scénario. Mais qui a tué Jeff ? La question est là, lancinante ! Un peu de répit épisode 4 avec une échappée champêtre. Ensuite les choses se précipitent épisode 5 et 6, mais mon dieu que tout cela est compliqué, vraiment la caractérisation des personnages est changeante et on ne peut pas suivre ni comprendre leurs réactions. Bref pour tout ceux qui veulent aller jusqu'au bout je n'en dirais pas plus. Il s'agit d'une fiction certes et les sentiments sous tendus par des frustrations générés par des traumatismes d'enfances sont louables, mais tout de même, c'est un peu "léger". Malheureusement il est difficile de s'attacher aux personnages médiocrement servis par des dialogues anodins. Une prime tout de même à Lina El Arabi qui dans son rôle de premier violon (qui se fait apprécié miraculeusement, car impossible si vite en réalité !) nous montre des talents de comédienne. Personnellement je suis déçu, rendez-vous manqué, sauf si des personnes découvrent la musique que malheureusement on entant peu, quelques analyses d'interprétations auraient par ailleurs donné du crédit à l'autorité de la "Barizet".
On nous prévoit une saison 2, cela est-il souhaitable ?